Ruptures: Much has been said about how Jeff Bezos, the world's richest man, has passed the baton to his successor, Amazon CEO Andy Jassy. The media paid almost as much attention to Facebook founder Mark Zuckerberg's surfboard outing and display of the American flag on July 4. And a few months ago, there was an unprecedented media barrage over history's most expensive divorce involving Microsoft founder, Bill Gates, and his wife, Melinda. With all eyes riveted on the COVID-19 crisis or trivial stories, are we covering up up a profound economic shift?
How can we capture the height and the depth of a period whose dimensions were curtailed in an unprecedented way, reducing our attention at best to a few weeks, or even a few hours, while the COVID-19 pandemic took over?
This is probably one of the questions that economist Jan Eeckhout attempts to answer in his much discussed and well researched analysis, published by Project Syndicate on June 25. The Barcelona professor and author of "The Profit Paradox: How Thriving Firms Threaten the Future of Work" argues in favor of a thesis which is counterintuitive, to say the least, that aside from the benefits of escaping endless debates over vaccines and restrictions, there is an immense advantage from imposing a regulatory code on the fearsome influence of the tech giants.
Winner Takes All
One indisputable factor must be noted at the outset: The new market laws of the digital age are similar to a poker game in which the winner takes all. Companies used to compete for a market share; now they try to control the whole thing. All efforts to prevent abuse of market dominance, whether made by the European Union or other bodies, have been reduced to failure caused by friendly deals that barely affect the tech giants' massive funds. Eeckhout claims this phenomenon is completely understandable because it is consistent with consumer behavior, consumers who naturally prefer to remain with a platform that offers them the widest range of choices. Clearly then, Google, Apple, Facebook and Amazon, known as GAFA, derive their strength from the unlimited confidence of the consumers they have ensnared.
Unlimited Market Power?
The second aspect of this growing economic distortion is the outsized value of these companies on the stock exchanges. They have taken off over the past 40 years, increasing pressure on large enterprises to continually raise their product prices to keep pace with the market's demand for profits. This pursuit produces an infernal spiral that paradoxically results in products whose prices would naturally have fallen drastically with technological advances, but have instead become more expensive. For instance, less than 15 years ago, the price of the most advanced mobile phones did not exceed 500 euros (currently about $590), yet now they are often more than 1,000 euros (currently about $1180) and consumer demand for them is undiminished. As a consequence, all of the market share accrues to a handful of giant companies whose influence and power to wipe out anything in their path is far beyond anything we previously knew.
New Capital Is Uninterested in Labor
The third aspect is probably the most troubling. Despite exploding unemployment levels during the pandemic that increase the momentum of the oldest dynamic of the Fourth Industrial Revolution, the stock markets have seen a rebound and new stability. There are two reasons for this. On one hand, the big tech companies have implemented cost-cutting strategies to increase their profit margins; on the other, consumers have vastly increased their screen time during confinement, thus raising GAFA profits, too. In sum, the rules of the new market are finishing what the digital revolution started, namely the complete separation of new capital from labor.
Technocratic Temptation?
A troubling cross trend is also apparent in the tempting appeal to technocracy for a resolution to fundamentally political problems. To appease the waves of populism, there is the random practice of calling in "economic technicians" to take the controls from executives. Italy first tried this strategy in 2013 with Mario Monti, and then with Mario Draghi in February 2021. Meanwhile, we see the emergence of more and more people from public service, banking and finance who declare themselves ready to "serve" in whatever small capacity they are asked to do so. Perhaps this is about a bigger error than the one allowing the market to "devour" the economy.
Rupture(s). Beaucoup de choses ont été dites sur la succession de Jeff Bezos, l’homme le plus riche du monde, qui a passé il y a trois jours le relais de la direction exécutive d’Amazon à Andy Jessy. Presque autant de couverture média a été accordée à la virée en surf du fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, arborant le drapeau américain à l’occasion du 4 Juillet. Il y a quelques mois, un battage médiatique sans précédent entourait le divorce le plus cher de l’histoire entre Bill Gates, fondateur de Microsoft, et son épouse Melinda. Les yeux rivés sur la pandémie ou sur des informations qui relèveraient presque de l’anecdote, sommes-nous en train d’occulter un changement économique profond ?
Comment retrouver de la hauteur de vue et de la profondeur à une époque où les horizons de temps se sont raccourcis d'une manière inédite, réduisant nos perspectives au mieux à quelques semaines, voire quelques heures dès lors que la situation épidémique s'emballe ?
C'est probablement l'une des questions à laquelle tente de répondre l'économiste Jan Eeckhout, dans une analyse très remarquée et étayée publiée par Project Syndicate le 25 Juin 2021. Dans sa contribution, ce professeur à l'université de Barcelone, par ailleurs auteur du livre à succès « Le paradoxe du profit » , avance une thèse pour le moins contre-intuitive, qui a - outre le mérite de nous sortir des sempiternels débats sur les vaccins et les restrictions- l'immense avantage de poser un cadre concret sur la dynamique mortifère portée par les géants de la technologie.
« Le gagnant ramasse tout »
Un premier constat ne souffre aucune contradiction. Les nouvelles lois de marché de la société numérique ont favorisé un mouvement similaire à une partie de Poker, où le « gagnant ramasse tout ». Avant l'ère digitale, les entreprises se battaient pour une part de marché. Désormais, elles se battent pour en avoir l'ensemble. Toutes les tentatives pour tenter d'enrayer les abus de position dominante, qu'elles émanent de l'Union Européenne ou autre instance, se sont soldées soit par des échecs, soit par des accords amiables qui ont à peine émoussé la formidable trésorerie des géants du net. Ce phénomène est parfaitement compréhensible, selon Eeckhout, car il est consubstantiel du comportement du consommateur, qui préfère naturellement évoluer sur une plateforme qui lui offre le plus de choix possible. En clair, les GAFA tirent leur force de la confiance sans limite que leur accorde un consommateur pris au piège.
Un pouvoir du marché sans limites ?
Le deuxième élément d'appréciation de cette distorsion croissante de l'économie est le niveau de valorisation des entreprises par les places boursières. Depuis quarante ans, les bourses se sont envolées, augmentant d'autant la pression sur les très grandes entreprises pour fixer des prix de produits de plus en plus élevés afin de répondre à la nécessité de rentabilité dictée par le marché. Chemin faisant, une spirale infernale s'est mise en route, qui a produit un effet paradoxal. Certains produits, qui auraient du raisonnablement voir leurs prix baisser de manière drastique grâce à l'évolution technologique, ont au contraire augmenté. Il y a moins de quinze ans, les téléphones portables les plus évolués ne dépassaient pas les 500€. Aujourd'hui, il n'est pas rare que les appareils hauts de gammes franchissent la barre des 1000€, sans que la demande des consommateurs ne faiblisse. Résultat : le pouvoir du marché s'est accru et concentré au sein de quelques entreprises géantes, dont l'influence et la capacité à tout écraser sur leur passage est devenue sans aucune commune mesure avec ce que nous avons pu constater par le passé.
Le nouveau capital se désintéresse du travail
Le troisième constat est probablement le plus inquiétant. Malgré des taux de chômage qui ont explosé lors de la pandémie, accélérant de fait une dynamique plus ancienne issue de la quatrième révolution industrielle, les places de marché ont connu un rebond et se sont stabilisés à nouveau. La raison à cela est double. D'un côté, les grandes entreprises technologiques ont mis en place une stratégie de réduction des coûts qui leur a permis d'augmenter leurs marges. De l'autre, les consommateurs ont augmenté considérablement leurs temps d'écran durant les périodes de confinement, augmentant mécaniquement les revenus des GAFA. In fine, les nouvelles règles de marché sont en passe d'achever ce que la révolution technologique avait entamé : la rupture totale entre le « Nouveau Capital » et le travail.
La tentation technocrate ?
De manière transversale, une autre tendance inquiétante est également à surveiller, celle de la tentation de faire appel au « technocratisme » triomphant pour tenter de résoudre un problème qui est éminemment politique. Ici et là, pour contrer les vagues populistes, l'on voit émerger la tentation de faire appel aux « techniciens » de l'économie pour prendre les manettes des exécutifs. En Italie, cette stratégie est quasiment assumée depuis 2013 avec d'abord Mario Monti, puis Mario Draghi en Février 2021. Ailleurs, l'on voit émerger de plus en plus de profils émanant de la haute fonction publique, de la banque, ou de la finance, qui se disent prêts à « servir », pour peu qu'on les sollicite. Peut-être s'agirait-il alors d'une erreur encore plus grande que celle qui a consisté à laisser le marché « dévorer » l'économie...
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