Afghanistan. En pleine offensive des talibans, Joe Biden sous le feu des critiques aux États-Unis
Alors que les talibans se rapprochent à grands pas de Kaboul, des journaux outre-Atlantique font le parallèle avec l’échec de la guerre au Vietnam et la chute de Saïgon, en 1975. Ils reprochent au président américain Joe Biden une sortie d’Afghanistan mal préparée.
Six mois, trois mois, un mois… En moins d’une semaine, à mesure que les villes afghanes tombaient aux mains des talibans, les experts américains de la sécurité nationale, civils et militaires, ont révisé plusieurs fois leurs scénarios. La chute de Kaboul, la capitale, était envisagée comme une hypothèse parmi d’autres. Elle paraît désormais presque inéluctable et n’est plus, dans certaines bouches, qu’une question de jours.
Comme une confirmation, le Pentagone a annoncé, jeudi 12 août, le retour à Kaboul de 3 000 soldats en renfort des 650 encore présents. Non pour défendre la capitale afghane et le gouvernement du président Ashraf Ghani, issu des urnes, mais bien pour organiser le départ de leurs ressortissants dans le pays, d’une partie de leur personnel diplomatique (1 400 Américains rien qu’à l’ambassade) et de familles de collaborateurs locaux.
Selon le New York Times, des émissaires américains négocient avec les islamistes afghans pour qu’ils épargnent l’ambassade américaine lorsqu’ils investiront la capitale.
Le spectre de Saïgon
Inévitablement, les journaux outre-Atlantique convoquent le spectre de la chute de Saïgon aux mains des communistes vietnamiens, en 1975, et l’évacuation des Américains dans un chaos absolu. Ces mêmes journaux n’épargnent pas Joe Biden, cible des critiques les plus acerbes depuis son entrée à la Maison-Blanche.
Le président américain n’a pas voulu remettre en cause l’accord conclu en février 2020 entre l’administration Trump et les talibans : il permettait aux États-Unis d’entamer le retrait de leurs soldats après vingt ans de guerre – leur plus longue guerre – sans subir les embuscades islamistes.
En fixant la date du 31 août, pour le départ du dernier soldat américain, Biden a de facto donné le signal de l’offensive des talibans. Face à la débandade de l’armée afghane et à la résistance en ordre dispersé des seigneurs de guerre, il appelait mardi 10 août les dirigeants afghans à « se rassembler » face aux fondamentalistes : « Ils doivent se battre eux-mêmes, se battre pour leur nation. »
« La vérité est qu’ils se battent, mais que les États-Unis les ont entraînés à le faire avec l’aide de conseillers et de contractants américains. Et que soudain, ce soutien leur a été retiré », objectait, jeudi 12 août, l’éditorial du Washington Post, sous un titre cinglant : « Les vies afghanes détruites ou perdues feront partie de l’héritage laissé par Biden. »
« Un immense désastre »
Même sévérité, dans une tribune du New York Times signée Frederick Kagan, de l’American Enterprise Institute : « Il aurait fallu plus de temps et plus de préparatifs […] Biden aurait pu stopper les talibans. Il a choisi de ne pas le faire. »
Au Congrès, le chef de la minorité républicaine du Sénat, Mitch McConnell, enfonce le clou : « L’Afghanistan fonce vers un immense désastre, prévisible et qui aurait pu être évité », a-t-il déclaré, s’affranchissant un peu facilement, alors qu’il vient de diriger la Haute assemblée, temple de la politique étrangère, pendant une décennie. L’échec de Biden est celui, avant lui, des administrations Bush, Obama et Trump.
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