Afghanistan: After the Mistakes, Painful Questions Remain

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Si la décision du président des Etats-Unis de retirer ses troupes du pays peut paraître légitime, des craintes demeurent concernant le sort des Afghans et la proximité des talibans avec Al-Qaida.

Il y a près de vingt ans, en réponse aux attaques du 11-Septembre perpétrées par Al-Qaida, les Etats-Unis ont soutenu des rebelles afghans afin qu’ils renversent le pouvoir taliban de l’époque. La légitimité de cette politique était que les talibans, bien qu’ils n’aient pas été complices des offensives à New York et à Washington, refusaient de livrer Oussama Ben Laden et ses combattants. Cette guerre afghane dura du 7 octobre au 17 décembre 2001, se concluant par une victoire des forces antitalibanes. L’autre aspect, primordial, de l’engagement en Afghanistan était évidemment la traque des hommes d’Al-Qaida. Or, après la fuite, le 16 décembre 2001, de Ben Laden vers le Pakistan – où il fut tué dix ans plus tard –, aucun djihadiste ne subsistait en Afghanistan.

Le président américain Joe Biden, en décrétant un retrait militaire d’Afghanistan avant le vingtième anniversaire du 11-Septembre, met ainsi fin à une double erreur. D’une part, les Occidentaux n’avaient aucune raison de se déployer en Afghanistan en 2002, l’année suivant la victoire des forces antitalibanes : on n’occupe pas militairement un pays où il n’y a plus d’ennemi à combattre. D’autre part, leur présence même a servi d’aimant aux talibans pour reprendre le combat, alimentant une guerre civile afghane qui n’existait plus fin 2001.

Horreur absolue pour les Afghans

La décision de M. Biden est donc difficilement contestable. Il est, depuis que George W. Bush a lancé les guerres d’Afghanistan et d’Irak, le troisième président américain élu sur une promesse de mettre un terme aux « guerres sans fin » de l’Amérique. Il accomplit ce que Barack Obama puis Donald Trump avaient entamé sans aller au bout du processus. Il entérine non seulement le fait que cette guerre était ingagnable, comme les Britanniques et les Russes l’ont eux aussi constaté ces deux derniers siècles, mais surtout qu’une présence militaire étrangère ne se justifie en rien dans ce conflit entre Afghans.

Maintenant que les talibans ont reconquis Kaboul et vont exercer le pouvoir, il ne reste que des questions, douloureuses… L’interrogation principale porte évidemment sur le sort des Afghans, qui vont vivre pour la seconde fois sous le règne des islamistes radicaux. On peut craindre le pire pour les civils, les femmes, les fonctionnaires, qui ont cru, depuis deux décennies, en un pays différent. Le précédent règne taliban, de 1996 à 2001, fut une horreur absolue pour les Afghans.

Une autre interrogation porte sur la raison qui fut au cœur de l’engagement international de 2001 : les talibans vont-ils redevenir des hôtes pour Al-Qaida ? Ils se sont engagés, lors des négociations avec l’administration Trump sur un retrait militaire américain, à ce que ce ne soit plus le cas, mais, à ce jour, leur lien avec le mouvement djihadiste demeure.

Même si la décision américaine peut être considérée comme légitime, un parallèle est donc à craindre, que M. Biden a vécu comme vice-président de M. Obama. Après le retrait américain d’Irak en 2011, le mouvement djihadiste irakien a regagné une telle vigueur qu’il a fallu réengager des troupes quelques années plus tard pour combattre l’organisation Etat islamique. Nul doute que M. Biden a ce précédent à l’esprit et que, au-delà de la déroute spectaculaire des alliés afghans de Washington, il doit prier pour ne pas avoir à renvoyer des soldats en Afghanistan, dans quelques mois ou quelques années, pour y combattre une nouvelle génération de djihadistes internationaux.

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