The Error of Biden – and of bin Laden!

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Bien sûr que ce qui se passe en Afghanistan est la faute de Joe Biden.

Publié le 29 août 2021 à 5h00 Partager

Bien sûr qu’il est responsable du chaos actuel. Il a bâclé le retrait des forces américaines et négligé d’en assumer les impacts.

Mais à la veille du 20e anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, une mise en contexte s’impose afin de nous permettre de comprendre que la crise actuelle est le résultat de changements importants dans la façon dont les Américains conçoivent leur rôle dans le monde.

Comprendre que ce qui se passe en Afghanistan, c’est aussi la faute d’Oussama ben Laden.

Et comprendre que le monde fait face, malgré la retraite prématurée de Donald Trump de la vie politique, à une Amérique bien différente de celle d’avant septembre 2001.

Récapitulons, si vous le voulez bien.

George W. Bush était président lorsque son pays a été frappé en plein cœur par les terroristes d’Al-Qaïda, alors dirigée par Oussama ben Laden.

L’ennemi public numéro un des États-Unis et ses fidèles avaient trouvé refuge en Afghanistan. Il allait de soi que les Américains allaient attaquer ce pays. Une coalition internationale fut formée et la guerre déclenchée en octobre 2001.

Mais le président républicain ne s’est pas arrêté là !

Inexpérimenté, manipulé par une équipe de faucons, il s’en est ensuite pris à l’Irak. Ce fut l’une des pires décisions de l’histoire des États-Unis en matière de politique étrangère.

Un véritable fiasco.

La guerre en Irak a montré les limites de la puissance américaine, en plus de donner un élan aux groupes djihadistes.

Le groupe État islamique – qui vient de s’en prendre à l’aéroport de Kaboul – n’existerait vraisemblablement pas aujourd’hui, n’eût été le conflit irakien.

George W. Bush s’était dit convaincu que « le meilleur espoir de paix pour notre monde, c’est d’étendre la liberté partout ». C’était, à ses yeux, la mission des États-Unis. Cette idée fut notamment au cœur de son deuxième discours d’investiture, en 2005.

Or, l’échec en Irak a convaincu les Américains du contraire.

C’est d’ailleurs en partie grâce à son opposition à la guerre en Irak que Barack Obama a pu devenir président, en 2009.

Il a gagné en crédibilité sur les questions internationales parce qu’il avait été l’un des premiers à dénoncer l’intervention américaine, contrairement à la quasi-totalité des personnalités politiques du pays. Y compris sa rivale lors de la course au leadership du Parti démocrate, Hillary Clinton.

Par contre, il affirmait que la guerre en Afghanistan était juste et qu’il fallait y expédier des renforts (pour la petite histoire : son bras droit d’alors, le vice-président Joe Biden, ne voyait pas cette idée d’un bon œil).

Mais dans l’opinion publique, le mal était fait. Les opérations militaires à l’étranger n’avaient plus la faveur de la majorité des Américains.

On en a eu la preuve une fois de plus en 2016. Donald Trump a fait campagne en promettant de faire passer « l’Amérique d’abord ». Selon lui, même le maintien des troupes en Corée du Sud pour assurer la protection de ce pays et de la région était un non-sens si Washington n’était pas payé pour ça !

Faut-il le rappeler : il a été élu avec un tel programme.

Après sa victoire contre Donald Trump, Joe Biden a affirmé que son pays était de retour. Mais ce n’est pas entièrement vrai.

Si les États-Unis ont renoué avec le multilatéralisme – et il faut s’en féliciter, ça changera énormément la donne, tout particulièrement dans le dossier des changements climatiques –, ils n’ont plus du tout envie de jouer les gendarmes aux quatre coins du monde.

Sauf si leur sécurité nationale était directement menacée, on voit mal comment les Américains pourraient être convaincus de se lancer dans une intervention militaire d’envergure à l’extérieur de leurs frontières à court ou à moyen terme.

C’était vrai avant la fin chaotique de l’opération en Afghanistan.

C’est d’autant plus vrai depuis.

Selon un sondage effectué récemment pour le réseau CBS, 63 % des Américains sont d’accord avec le retrait de l’Afghanistan. Ils déplorent la façon dont ça s’est déroulé, bien évidemment, mais sur le fond, ils soutiennent les fondements de l’opération.

Désormais, pour les Américains, la promotion de la démocratie à l’étranger a ses limites.

En somme, la nature fondamentale de la relation des États-Unis avec le reste du monde a été altérée par les évènements mis en branle par les attentats du 11 septembre 2001.

Le retrait des forces américaines d’Afghanistan en est le reflet.

À l’extérieur des États-Unis, on ne mesure pas encore complètement les implications de ce changement de paradigme.

Mieux vaut pourtant s’y faire et s’y adapter.

Cela ne changera pas de sitôt.

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