11-Septembre 2001-2021 : le dérèglement du monde
Des attentats contre les tours jumelles à la récente débâcle en Afghanistan, vingt années d’impasse dans la guerre contre terrorisme ont permis à la mouvance djihadiste de tirer profit des erreurs de la politique américaine.
Le 11 septembre 2001, nous étions tous américains. Vingt ans après, les Etats-Unis n’ont jamais paru aussi seuls. La débâcle en Afghanistan – la précipitation du retrait américain, l’effondrement de l’armée afghane face à l’accélération brutale de l’avancée des talibans et, pour finir, l’attentat meurtrier du 26 août perpétré par l’organisation Etat islamique à l’aéroport de Kaboul – met un terme tragique à deux décennies d’impasse dans la « guerre contre le terrorisme ». En à peine six mois, Joe Biden a ruiné ses efforts pour réparer le lien avec ses alliés, endommagé par quatre années d’administration Trump.
Le nouveau locataire de la Maison Blanche avait annoncé, dès sa campagne présidentielle, sa volonté de clore cette « guerre sans fin ». Le retrait, promis avant la date symbolique du 11 septembre, devait marquer l’ouverture d’un nouveau chapitre américain. Ce projet déjà engagé par Donald Trump, qui avait signé un accord avec les talibans, aurait pu faire consensus. Mais les images de la débandade de l’armée, du chaos à l’aéroport et du ballet des hélicoptères au-dessus de la capitale afghane ont cruellement rappelé Saïgon et la défaite du Vietnam, en 1975. Une nouvelle humiliation pour Washington, après l’effondrement des tours jumelles de Manhattan.
Les pays musulmans touchés de plein fouet
Les attaques du 11-Septembre avaient d’abord entraîné – comme Pearl Harbor en 1941 – une déclaration de guerre des Américains, qui ont pris la tête d’une coalition contre le terrorisme. Mais, alors que la victoire contre les talibans était sans appel et Ben Laden en fuite, les Etats-Unis se sont ensuite lancés dans une croisade contre l’Irak de Saddam Hussein, justifiée par un mensonge : l’existence d’armes de destruction massive. Le recours à la torture des prisonniers de guerre et à une surveillance planétaire au nom de l’antiterrorisme a affaibli les démocraties et des organisations internationales comme les Nations unies et l’OTAN. Et le monde a changé, pour le plus grand bonheur de Pékin, Moscou, Téhéran et Ankara, qui tentent désormais de récupérer les positions abandonnées par l’Occident.
Tandis que les attentats islamistes se sont éloignés du sol américain, ils ont touché de plein fouet l’Europe, et plus encore les pays musulmans au Proche-Orient, en Afrique et, bien sûr en Afghanistan. C’est là que les djihadistes ont fait l’essentiel de leurs 180 000 victimes en vingt ans, parfois en dépit de la présence de forces internationales. C’est sur ces terrains qu’ils se régénèrent, capitalisant sur ce grand dérèglement du monde.
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