9/11: 20 Years Later, a New World

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11 Septembre : vingt ans après, un nouveau monde

Le 11 septembre 2001 est une cassure, un moment suspendu de l’histoire, un instant zéro. Il a signé la fin d’une certaine insouciance et l’avènement de sociétés plus sécuritaires. Mais le plus triste est le regard de ces Afghans, désespérés par le retour prochain de la violence.

Ils sont rares ces instants. Ceux où le monde se synchronise soudain, où l’attention se porte sur un seul point, très précis, au même moment. Ces quelques minutes où le temps, l’histoire basculent dans une autre dimension. On pense au premier pas sur la Lune, le 21 juillet 1969, pour les chanceux qui possédaient alors une télévision ou une radio.

A New York, à Paris, Londres, Kaboul, Bagdad, Moscou ou Pékin, ce 11 septembre 2001 fut un de ces instants. Quelles que soient leurs convictions, leurs attentes ou leurs circonstances, tous ont compris que sous leurs yeux se déroulait un moment inédit. Qui les dépassait mais dont aucun ne mesurait alors l’ampleur et les conséquences. Au-delà de l’effroi, de la sidération, la conscience engourdie par l’énormité des images et ce qu’elles signifiaient – des milliers de morts «en direct» devant nos écrans de télévision –, tous ont su que rien ne serait plus comme avant. Que le cours de la vie allait changer. Celui de New York, cette mégapole vibrante, phare et symbole d’un rêve américain fantasmé dans le monde entier. Celui des Américains bien sûr, brutalement confrontés au fait que leur sol ne représentait plus le refuge ultime. Celui de ses alliés aussi, et des Afghans, des Irakiens ensuite et de la planète entière.

Au-delà de l’émotion brute, ce 11 septembre 2001 est une cassure, un moment suspendu de l’histoire, un instant zéro. La fin d’un avant et le début d’un après. Même si, à l’époque, nos inconscients pressentaient déjà une bascule, celle-ci fut brutale, avec les armes et les guerres, en Afghanistan puis en Irak, mais aussi plus subtile, voire sournoise. Nos sociétés ont radicalement changé. Plus sécuritaires, plus surveillées, plus tendues, plus méfiantes.

Le 11 septembre 2001 a signé la fin d’une certaine insouciance, la fin d’un monde où un paquet abandonné dans une gare signifiait juste qu’un étourdi avait couru comme un dératé vers son train en oubliant le cadeau pour sa grand-mère. Où monter dans un avion sans s’être presque déshabillé et en emportant à bord une boule magique remplie de neige artificielle était possible. Celui aussi où nos goûts et nos couleurs, nos contacts et relations n’étaient pas connus de tous, sans filtres aucun. Où cette surveillance et cette méfiance accrues n’entraînaient pas systématiquement un déchaînement de fausses thèses complotistes, de soupçons plus ou moins déments.

Le plus triste est ailleurs. Il est dans le regard de ces Afghans désespérés par le retour prochain, promis, presque inévitable de la violence. Dans celui de ces vétérans marqués, blessés et dont la mission, qui a brisé leurs vies, paraît soudain sans objet. Il est aussi dans le regard de cette jeunesse, celle qui venait de naître ou est née après ce 11 septembre 2001. Pour elle, ce monde façonné par ce jour est la normalité.

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