The 9/11 Attacks: The Declassification of Documents, between Hope and Disillusion

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Attentats du 11 septembre 2001 : la déclassification de documents, entre espoir et risque de désillusion

Analyse Joe Biden a signé un décret le 3 septembre permettant la déclassification d’ici six mois d’une partie des éléments classés jusqu’à présent secret d’État.

À deux jours de la commémoration du vingtième anniversaire des attentats du 11 septembre, le président des États-Unis Joe Biden veut remplir sa promesse de campagne portant sur la déclassification de certains documents liés aux destructions des tours du World Trade Center. Le contenu des enquêtes menées par le FBI – il a mobilisé plus de 4 000 agents fédéraux –, devrait donc être révélé sous six mois après la signature le 3 septembre du décret présidentiel.

« Il est essentiel de veiller à ce que le gouvernement des États-Unis maximise la transparence, en ne recourant à la classification que lorsqu’elle est étroitement adaptée et nécessaire », stipule le document signé par Joe Biden.

« Ainsi, les informations collectées et générées dans le cadre de l’enquête sur les attaques terroristes du 11 septembre 2001 devraient désormais être divulguées, sauf si les raisons les plus fortes possibles conseillent le contraire. » L’hypothèse d’une déclassification partielle au nom de la sécurité nationale reste donc envisageable, ce qui limiterait la portée de l’annonce du président américain.

L’Arabie saoudite pointée du doigt

« Comme toujours, le diable se cache dans les détails », estime Jean-Éric Branaa, maître de conférences à l’université de Paris II Assas et spécialiste des États-Unis. « Le fait de ne pas tout déclassifier pour certaines victimes cela va signifier qu’il y a un loup. » Or, les quelque 1 800 proches des victimes des attentats avaient adressé, début août, une lettre à Joe Biden exigeant un respect de sa promesse électorale. Sans quoi, il n’aurait pas été le bienvenu le jour des commémorations à Ground Zero.

Le collectif des familles de victimes s’active depuis plusieurs années pour une reconnaissance du rôle de l’Arabie saoudite, persuadé de son implication dans les attaques qui ont fait près de 3 000 morts. Ils réclament à Joe Biden « d’autoriser la divulgation de tous les documents et informations à la communauté du 11 septembre que notre gouvernement a accumulé dans son enquête sur le Royaume d’Arabie saoudite ». Ainsi que de « mettre en œuvre une politique envers le Royaume qui indique clairement qu’il doit reconnaître son rôle dans les attaques terroristes ».

« Chacun a besoin de l’autre »

Parmi les dix-neuf pirates de l’air responsables des attentats, quinze d’entre eux avaient la nationalité saoudienne. Ils étaient connus des services de renseignements saoudiens, soupçonnés d’avoir couvert leurs opérations avec la duplicité du pouvoir wahhabite. D’après Jean-Éric Branaa, aucun élément ne permet de mettre en cause à cette heure les dirigeants de l’un des principaux alliés des États-Unis au Moyen-Orient. À l’inverse, les défaillances du FBI et de la CIA sur leur prise en compte de la menace djihadiste ont été soulignées dès le départ.

« Peut-être que des documents montreront l’implication de l’État saoudien, mais à cette heure, ce n’est pas le cas. Énormément de personnalités saoudiennes ont été mises en cause pour avoir financé l’opération sur leur fortune personnelle, mais ça ne va pas plus loin », rappelle le chercheur de l’Iris. Depuis 2001, aucun président, ni George W. Bush, ni Barack Obama, ni Donald Trump, ne s’est aventuré à déclassifier l’enquête du FBI. En 2016, le président démocrate avait même imposé son veto à un projet de loi demandant à la justice de réclamer des comptes au royaume saoudien.

« Chacun a besoin de l’autre : je ne pense pas que cela va changer quoi que ce soit dans les relations États-Unis-Arabie Saoudite », résume Jean-Éric Branaa. Les enjeux financiers sont conséquents : l’Arabie saoudite, qui a toujours nié toute implication dans les attentats, est le premier importateur d’armes américaines. Pour Washington, Riyad représente l’un des principaux alliés contre l’ennemi commun iranien à l’heure de tensions croissantes dans le Golfe arabo-persique et de la reprise du programme nucléaire de la République islamique.

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