Major Turmoil for a Young Presidency

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De grosses turbulences pour une jeune présidence

« Un malheur n’arrive jamais seul », veut le vieil adage. Ce dernier semble tristement s’appliquer à la présidence de Joe Biden, sur laquelle s’abat une série de tuiles majeures depuis quelques semaines.

Biden avait amorcé l’été avec une majorité stable et nette oscillant entre 52 % et 54 % du pays derrière lui. Son taux d’approbation semble désormais coincé autour de 45 % — s’il ne se redresse pas, son parti sera en danger en vue des élections de mi-mandat de 2022. Dans certains États stratégiques, le constat est carrément brutal : au Michigan, un État remporté par Biden et essentiel au succès des démocrates, son taux d’approbation a chuté sous la barre des 40 %. En Iowa, un État remporté deux fois par Barack Obama, il ne récolte qu’un misérable 31 % ; littéralement le double des électeurs de l’État, 62 %, disent désapprouver le travail de Biden.

Le point clair et définitif de rupture avec la lune de miel du nouveau président a été le retrait catastrophique des États-Unis de l’Afghanistan, à la mi-août. Toutefois, force est de constater que les ennuis de Biden ne se limitent pas à ce seul enjeu — loin de là. Un autre, en particulier, était présent bien avant que l’on parle de l’Afghanistan, et demeure préoccupant : la COVID–19.

L’effritement initial

On pourrait avancer que les choses ont réellement commencé à se gâter pour Biden dans les semaines précédant le retrait américain de l’Afghanistan, sur le front de la pandémie. Ironiquement, cette crise constituait son plus grand atout politique pendant la campagne de 2020 contre Donald Trump, mais aussi au cours des premiers mois de son mandat, alors qu’il pouvait jouer au père Noël en distribuant des doses de vaccin par centaines de millions tout en célébrant « l’indépendance face au virus ».

Or, là se trouve le noyau du problème pour Biden : son administration a pris des engagements qu’elle n’a pas respectés. Dans certains cas, elle ne pouvait tout simplement pas les honorer. Au sommet international sur la pandémie organisé par la Maison-Blanche, le 22 septembre, plus personne n’avait le cœur à la fête.

Seulement dans les dernières semaines, Washington a annoncé une campagne massive d’administration de troisièmes doses de vaccin pour l’ensemble de la population américaine, encerclant même sur le calendrier le 20 septembre comme date de lancement. Le hic ? Elle l’a fait sans même avoir laissé le processus réglementaire suivre son cours — et le 17 septembre, un comité d’experts de la Food and Drug Administration (FDA), tout en autorisant une troisième dose pour la tranche de la population la plus vulnérable face au virus, s’est opposé à 16 voix contre 2 à l’administration d’une dose additionnelle à l’ensemble de la population.

Cela suivait d’énormes tensions internes qui avaient notamment mené à la démission fracassante de deux hauts responsables de la FDA. Manifestement, ceux-ci en avaient contre ce qu’ils voyaient comme de la pression politique indue appliquée par la Maison-Blanche sur le processus d’approbation vaccinale.

Et encore à ce jour, les conseillers les plus importants du président, le Dr Anthony Fauci en tête, ne se limitent pas à présenter la vaccination pour ce qu’elle est — le meilleur outil pour éviter les complications graves de la COVID–19. Ils continuent de soutenir dans les médias nationaux que si une majorité suffisante d’Américains se font vacciner, on pourra « supprimer » le virus. Il s’agit là d’une promesse pour le moins douteuse à la lumière de l’expérience de pays comme Israël, la Norvège et l’Islande, qui ont atteint des taux particulièrement élevés de vaccination sans pour autant avoir « supprimé » le coronavirus.

Il s’agit surtout, politiquement parlant, d’une promesse risquée. Et elle s’inscrit dans une rhétorique utilisée depuis des semaines. Encore en juillet, Biden déclarait faussement aux Américains : « Vous n’aurez pas la COVID si vous avez ces vaccins. » Et en septembre, le Dr Fauci affirmait qu’on ne pourrait être satisfait que si le nombre de cas recensés aux États-Unis demeurait sous la barre des 10 000… sur un peu plus de 330 millions de personnes (ce qui représente un taux d’infection consignée d’environ 0,003 %). Jamais, depuis le printemps 2020, les États-Unis n’ont-ils maintenu un taux aussi bas pendant plus de quelques jours.

Même en présumant que le dépistage se poursuivra, on peut douter qu’un tel objectif soit réaliste à court terme. Cela est particulièrement vrai dans un contexte où les vaccins limitent la transmission, mais ne l’endiguent pas. En outre, l’administration reconnaît elle-même que ces derniers perdent de leur efficacité avec le temps, que les taux de vaccination stagnent… et qu’elle ne peut présentement assurer l’avenir des « doses additionnelles » !

Bref, en continuant à placer la barre trop haut pour eux-mêmes, le président et son équipe se mettent en quelque sorte sur la sellette.

En mars, selon un sondage national Ipsos, 70 % des Américains disaient approuver la façon dont Biden gérait la pandémie. Aujourd’hui, d’après le dernier coup de sonde de The Economist, à peine 46 % sont de cet avis. Et le taux de confiance envers le Dr Fauci, si largement adulé dans les premiers mois de la pandémie, est dorénavant, selon le plus récent sondage NBC News, d’à peine 40 %. Lors du dernier débat présidentiel, en octobre 2020, Biden a déclaré qu’il allait réussir un « shutdown » du virus. Si, après huit mois en exercice, les choses continuent sur cette voie, c’est peut-être davantage le président qui risque de se faire barrer le chemin.

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