The Sorcerer’s Apprentice

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Après la panne en ligne, une tourmente en tribune : Facebook est accablé de critiques par le Congrès américain. Le groupe est accusé d’utiliser les haines, les infox et le mal-être afin de gonfler son audience, donc le tiroir-caisse. Au moins le monde de la tech ne déroge-t-il pas à cette règle-là : pour les géants, la blessure est d’autant plus douloureuse qu’elle vient de l’intérieur. Ici, elle est infligée par une ex-salariée. Cette spécialiste des règles de dissémination des contenus a quitté Facebook avec ses dossiers, pour mieux les déballer devant les élus.

Mark Zuckerberg, patron naguère vénéré, ne cliquera pas « J’aime » à cette séquence de partage de fiel. Il y a des parallèles qui font mal, aux États-Unis surtout. Facebook et ses réseaux pas si sociaux y sont comparés à l’industrie du tabac, une experte en procédés d’addiction chez les jeunes et en enfumage sur les études de toxicité.

Facebook, avec ses vidéos de chatons, serait donc un monstre aux mains de son inventeur ? La créature économique, à tout le moins, ne répond plus à certains critères de la responsabilité civique. Il lui est tentant de se gaver d’argent en surfant sur les travers des utilisateurs. N’importe quoi sur la Toile pourvu que ça rapporte, dénoncent les élus américains, pressés de mettre fin aux lois de la jungle virtuelle.

Quand il n’est pas complice du siphonnage en masse des éléments d’identité, le groupe aux 3,5 milliards de « cliqueurs » passe ainsi pour un outil de fracturation de la société, préférant les chiffres de fréquentation aux théorèmes de la protection des individus.

Depuis des années, les excuses se succèdent. Mais les démentis sont parfois plus désastreux que les attaques : les non-inscrits ont été invités par Facebook à ouvrir quand même un compte si d’aventure ils voulaient contrôler leur profil sur le cyberespace…

Après bien des plaintes sur bien des fronts, et désormais un réquisitoire contre ses algorithmes, le groupe californien jure à nouveau qu’il s’amendera, en apprenti sorcier confus d’avoir brisé ses fioles magiques. Comme s’il était encore crédible, lui qui cherche à peaufiner ses potions numériques pour en prolonger les effets.

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