Debt Ceiling: Joe Biden Dramatizes the Issues

<--

Plafond de la dette : Joe Biden dramatise les enjeux

Le président américain a jugé ce lundi qu’il ne pouvait « pas garantir » que les Etats-Unis ne seraient pas prochainement en défaut de paiement, alors que le Congrès peine à relever le plafond de la dette. Engagés dans un bras de fer, les républicains tentent d’affaiblir les démocrates en vue des élections de mi-mandat en novembre 2022.

Par

Véronique Le Billon

Publié le 4 oct. 2021 à 19:38Mis à jour le 5 oct. 2021 à 9:11

Le ton est désormais offensif et dramatique. Joe Biden a jugé ce lundi qu’il ne pouvait « pas garantir » que les Etats-Unis éviteront un défaut de paiement. « Je ne peux pas croire que ce sera le résultat final parce que les conséquences sont si terribles… Mais est-ce que je peux le garantir ? Si je pouvais, je le ferais, mais je ne peux pas », a-t-il répondu à une journaliste lundi à la Maison-Blanche.

Pour éviter un défaut de paiement qui pourrait intervenir dès le 18 octobre selon la secrétaire au Trésor Janet Yellen, le Congrès doit relever ou suspendre le plafond de la dette autorisée, aujourd’hui fixé autour de 28.000 milliards de dollars. Une procédure habituelle, et adoptée le plus souvent par les deux partis sans remous majeurs. Les Etats-Unis « sont une Nation qui paie ses factures », a rappelé le président.

Les deux partis ont abandonné depuis des années le débat sur la maîtrise des déficits publics, mais les républicains font aujourd’hui de l’obligation législative un outil politique, destiné à pointer les « dépenses effrénées » des démocrates. Rappelant que le plafond doit être relevé pour acter les dépenses passées et non en prévision des dépenses futures, Joe Biden a, lui, pointé des positions républicaines « irresponsables » et « dangereuses ».

Plafond relevé près de 80 fois en 60 ans

Chaque camp est allé puiser dans ses archives pour étayer sa position. Les démocrates rappellent qu’un accord bipartisan a permis de relever le plafond de la dette près de 80 fois depuis les années soixante. Et, surtout, qu’ils l’ont fait à trois reprises pendant le mandat de Donald Trump, un président qui a creusé la dette publique américaine « d’environ 8.000 milliards de dollars », a rappelé Joe Biden.

Le chef de file de la minorité républicaine au Sénat et porte-drapeau de l’offensive, Mitch McConnell, a rappelé de son côté que les démocrates – et Joe Biden – avaient refusé de voter le relèvement de la dette à trois reprises dans les années 2000.

Les deux hommes se connaissent depuis quarante ans et ont bataillé l’un contre l’autre à de multiples reprises. Habile stratège, le sénateur du Kentucky tente surtout d’affaiblir ses homologues démocrates du Congrès, Nancy Pelosi et Chuck Schumer, en vue des élections de mi-mandat en novembre 2022. Mitch McConnell espère ainsi que les républicains pourront reprendre facilement les courtes majorités démocrates, tant à la Chambre qu’au Sénat.

La dramatisation des enjeux par Joe Biden replace en outre le sénateur au centre du jeu, alors qu’il est critiqué par Donald Trump pour avoir pris ses distances après l’invasion du Congrès le 6 janvier dernier.

Menaces d’obstruction

Les démocrates, qui voulaient d’abord passer la mesure de relèvement du plafond de la dette de manière bipartisane, se sont résolus à la passer seuls au Congrès. Mais ils dénoncent maintenant des menaces d’obstruction des républicains pour pouvoir le faire dans les temps.

Alors que la Maison-Blanche peine aussi à faire adopter ses projets d’investissements par son propre camp , Joe Biden a tenté lundi de faire pression en prenant les Américains à témoin, pointant le risque d’une perte de confiance des marchés financiers. « A partir de cette semaine, vos économies pourraient être touchées par la prise de position des républicains », a-t-il ainsi prévenu.

Véronique Le Billon (Bureau de New York)

About this publication