The End of the Honeymoon between Biden and African American Voters

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Etats-Unis : la fin de la lune de miel entre Biden et l’électorat afro-américain

La chute de popularité du président américain est la plus importante chez les Afro-Américains. Un électorat crucial pour les démocrates.

Par Paul Véronique

Après quelques mois, la magie des débuts commence souvent à s’estomper. Un adage particulièrement vrai pour Joe Biden ces dernières semaines, alors que sa cote de popularité ne cesse de décliner. Selon le site de synthèse statistique FiveThirtyEight, la part d’Américains approuvant son action est tombée à 44% mi-octobre, contre 52% fin juillet. Pire, cette baisse est encore plus marquée au sein de la communauté afro-américaine, un électorat crucial pour le parti démocrate.

D’après une étude du Pew Research Center, la popularité du locataire de la Maison-Blanche a chuté de 18 points entre juillet et septembre auprès des électeurs noirs, passant de 85% d’approbation à 67%. Soit le groupe où elle a le plus diminué au sein de la population américaine. “Même s’il bénéficie toujours d’un socle solide, c’est un phénomène significatif qui montre que la lune de miel est terminée”, commente pour L’Express Nicole Bacharan, historienne spécialiste des Etats-Unis et auteure du livre Les Grands Jours qui ont changé l’Amérique (Perrin, 2021).

Déception

Alors comment expliquer une telle chute ? Pour Omar Wasow, professeur assistant au département de politique du Pomona College en Californie, elle résulte avant tout d’une “déception grandissante” à l’égard du nouveau locataire de la Maison-Blanche. “La communauté afro-américaine avait de grandes attentes vis-à-vis de Joe Biden, mais les difficultés qu’il rencontre pour faire avancer son agenda politique, notamment au Sénat, génèrent du même coup une frustration d’autant plus grande”, souligne-t-il auprès de L’Express.

En cause notamment, la division du camp démocrate concernant le volet social du programme économique de Biden, avec un plan d’investissement de 3500 milliards de dollars. Ce projet particulièrement attendu dans cette frange de l’électorat prévoit entre autres un renforcement de l’accès à l’éducation, aux soins ou encore à la garde d’enfants. Pour ne rien arranger, la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi a suggéré cette semaine de sabrer des pans entiers de ce plan afin d’apaiser la grogne des centristes hostiles à de trop grosses dépenses.

De la même manière, un projet de loi soutenu par le président démocrate visant à renforcer le droit de vote – notamment des minorités – bute toujours sur l’opposition des républicains au Sénat. “Là encore, c’est une demande très importante de la communauté afro-américaine qui se retrouve sans réponse. Même si Joe Biden n’a pas la main sur le travail du Sénat, la communauté noire aurait voulu qu’il puisse faire davantage”, glisse Omar Wasow. Dans un parallélisme saisissant, les négociations autour d’un projet de loi encadrant les pratiques des forces de l’ordre n’ont pas abouti non plus à la chambre haute, malgré les vastes manifestations de l’été dernier.

Covid

Mais ces espoirs déçus ne sont pas le seul facteur d’explication à en croire une étude Morning Consult, qui pointe également l’impact du durcissement de Biden sur la question de la vaccination. Près de deux semaines après avoir annoncé, le 9 septembre, une obligation vaccinale pour tous les fonctionnaires fédéraux et les salariés de certaines entreprises, le locataire de la Maison-Blanche perdait 12 points de popularité auprès de l’électorat afro-américain, et 17 points chez ceux qui ne sont pas vaccinés.

“Pour des raisons aussi bien historiques, qu’économiques et sociales, il s’agit de la communauté la moins vaccinée aux Etats-Unis. Et le fait d’imposer la vaccination dans certains cadres a suscité la méfiance”, dresse Nicole Bacharan. La nécessité d’être vacciné pour prendre un repas à l’intérieur d’un restaurant, décidée à New York et soutenue par les démocrates, avait par exemple été dénoncée comme “discriminatoire” par certains dirigeants du mouvement Black Lives Matter dans la ville, en raison du plus faible taux de vaccination de la communauté afro-américaine.

Quoi qu’il en soit, cette désaffection croissante de l’électorat noir a tout lieu d’inquiéter le locataire de la Maison-Blanche, à qui il doit en partie son élection. En 2020, 92% des électeurs afro-américains avaient voté en sa faveur. “Si le soutien de la communauté afro-américaine continue à diminuer, et qu’elle se mobilise moins lors des élections de mi-mandat en 2022, cela peut coûter très cher au parti démocrate qui serait alors presque certain de perdre le contrôle du Congrès”, juge Omar Wasow. “S’il veut rebondir, Joe Biden n’a donc d’autres choix que de parvenir à faire voter les réformes qu’il leur a promises”. Au risque, dans le cas contraire, d’hypothéquer la suite de sa présidence.

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