Facebook, Its Excesses and Our Data

Published in Le Devoir
(Canada) on 12 October 2021
by Pierre Trudel (link to originallink to original)
Translated from by Mia Combeau. Edited by Elizabeth Cosgriff.
From time to time — and more and more often — warnings are raised about the distress caused by social networks or the polarization stirred up by the algorithms that direct information to users. Former Facebook executive Frances Haugen’s recent revelations confirmed that the social network had analyses of the distress caused by abusive behavior on its platform, but chose not to do anything that might harm the company's performance. Facebook is a large public square with the instincts of a commercial company.

In crisis after crisis, companies such as Facebook, Google or Amazon react by brandishing a few actions to protect their corporate image. But what sustains the persistence of these threats related to social networks and other connected spaces is the lack of relevant and effective state laws.

Social networks depend on a crucial resource; their profitability is indeed linked to their ability to provide value to the billions of pieces of data that each of us produces simply due to our activity in the connected world. The processes by which Facebook creates value are based on compiling the countless traces that everyone leaves simply by being online. By optimizing its algorithms to maximize the time that users spend on its platforms, a social network like Facebook can maximize its revenue from targeted advertising.

The Laws

In both Europe and the United States, the need to put frameworks in place to regulate the practices of major internet platforms has now been recognized. Canadian legislators can no longer justify their inaction on the basis of American or European inertia.

There have long been laws requiring companies to ask for our consent when collecting and using our personal data. The main effect of these laws is the requirement to present us with lengthy documents that explain what we are consenting to. Everyone clicks on "I accept" when asked to subscribe to the terms of use, most often buried in hyperlinks on which only a few curious people ever bother to click. This is insufficient to regulate a collective resource like big data.

The social network and online sales markets have a strong tendency to let the dominant company swallow virtually all competition. These findings lead some to advocate the dismantling of corporate giants like Facebook. But it would be wrong to think that dismembering these corporate giants would be enough to create a framework that would appropriately meet the multiple challenges of the connected world.

The European Union is establishing a digital services law to review the responsibilities of users, platforms and public authorities. The aim is to better protect consumers and their fundamental rights while demanding more transparency from platforms. Clarifying the responsibilities of the big players is also addressed.

In the United States, the executive and legislative branches of government are now favorably aligned to make the U.S. into “a global leader in developing rules of the road for the digital economy.”

Today, the excesses observed in social networks motivate politicians to act. But most activities based in whole or in part on digital technologies, whether autonomous objects, e-commerce or so-called "smart" communication systems, work by compiling the massive data generated by the movements of connected people and objects. The implementation of fair and effective laws requires the recognition of the crucial role that the valuation of big data plays in the digital economy.

Algorithmic Transparency

As with any complex environment, social networks are the best and the worst of spaces. It has long been known that this is the case with all public spaces. We have learned to develop laws to regulate what happens in our asphalt and concrete public places. The challenge is to design and enforce laws for digital public spaces made of networks and massive data processing. We cannot hope to regulate this with old tools. States must also innovate!

In her book “The Age of Surveillance Capitalism: The Fight for a Human Future,” Shoshana Zuboff explains that the dominant internet companies’ business models are based on capturing the value of the big data generated by the movements of all those who participate in the connected world. National laws must therefore impose guidelines and transparency at the level of the economic interests associated with these processes.

Like any potentially dangerous object, online platforms must be held to standards commensurate with the risks they pose to populations. States must equip themselves with the tools to regulate processes based on the processing of big data. Laws need to impose more transparency and accountability from those who generate value by mobilizing algorithmic processes. Expecting large web companies to regulate themselves is naïve. It is up to states to create a playing field that is consistent with the characteristics of digital environments. This adjustment has become urgent.


Facebook, ses dérives et nos données

De temps à autre — et de plus en plus souvent —, on alerte sur la détresse engendrée par les réseaux sociaux ou sur la polarisation attisée par les algorithmes qui aiguillent les informations vers les usagers. Les révélations de l’ancienne dirigeante de Facebook Frances Haugen ont récemment permis de confirmer que le réseau social disposait d’analyses sur la détresse de ceux qui souffrent des comportements abusifs sévissant sur ses plateformes, mais a choisi de ne rien faire qui pourrait nuire au rendement de l’entreprise. Facebook est une grande place publique, mais avec des réflexes de société commerciale.

Au fil des crises, les entreprises comme Facebook, Google ou Amazon réagissent en brandissant quelques actions afin de protéger leur image d’entreprise. Mais c’est l’absence de lois étatiques pertinentes et efficaces qui entretient la persistance de ces menaces associées aux réseaux sociaux et aux autres espaces connectés.

Les réseaux sociaux dépendent d’une ressource cruciale ; leur profitabilité est en effet liée à leur capacité de valoriser les milliards de données que chacun d’entre nous produit du seul fait de son activité dans le monde connecté. Les processus par lesquels Facebook crée de la valeur reposent sur la compilation des innombrables traces que tout un chacun laisse du seul fait de son activité en ligne. C’est en optimisant ses algorithmes afin de maximiser le temps que les usagers passent sur ses plateformes qu’un réseau social comme Facebook peut maximiser ses revenus tirés de la publicité ciblée.

Les lois

Tant en Europe qu’aux États-Unis, on reconnaît désormais la nécessité de mettre en place des encadrements afin de réglementer les pratiques des grandes plateformes d’Internet. Les législateurs canadiens ne peuvent plus justifier leur inaction en s’appuyant sur l’immobilisme des Américains ou des Européens.

Il y a depuis longtemps les lois qui obligent les entreprises à demander notre consentement lorsqu’elles collectent et utilisent nos données personnelles. L’effet principal de ces lois est de requérir qu’on nous gratifie de longs documents dans lesquels on nous explique ce à quoi nous consentons. Tout le monde clique sur « j’accepte » lorsqu’on nous demande de souscrire aux conditions d’utilisation, le plus souvent enfouies dans des hyperliens sur lesquels de rares curieux prennent la peine de cliquer. C’est insuffisant pour réguler une ressource collective comme les données massives.

Le marché des réseaux sociaux ou de la vente en ligne présente une forte tendance à faire en sorte que l’entreprise dominante gobe pratiquement toute concurrence. Ces constats portent certains à préconiser le démantèlement des mégaentreprises comme Facebook. Mais on aurait tort de penser qu’il suffirait de démembrer ces mégaentreprises pour disposer d’un encadrement qui répondrait vraiment aux multiples enjeux du monde connecté.

Quant à l’Union européenne, elle met en place une législation sur les services numériques pour revoir les responsabilités des utilisateurs, des plateformes et des pouvoirs publics. On vise à mieux protéger les consommateurs et leurs droits fondamentaux tout en exigeant plus de transparence des plateformes. Il est aussi question de préciser les responsabilités des grands joueurs.

Du côté américain, il y a désormais un alignement favorable des branches exécutives et législatives de l’État américain, pour faire des États-Unis « le leader mondial dans l’élaboration de règles de conduite pour l’économie numérique ».

Aujourd’hui, ce sont les dérives observées dans les réseaux sociaux qui motivent les politiques à agir. Mais la plupart des activités fondées en tout ou en partie sur les technologies numériques, qu’il s’agisse des objets autonomes, du commerce en ligne ou des systèmes de communication dits « intelligents », fonctionnent en compilant les données massives générées par les mouvements des personnes et des objets connectés. La mise en place de lois équitables et efficaces passe par la reconnaissance du rôle crucial que tient la valorisation des données massives dans l’économie numérique.

Transparence des algorithmes

Comme tout environnement complexe, les réseaux sociaux sont des espaces du meilleur et du pire. Il y a longtemps que l’on sait qu’il en va ainsi de tous les espaces publics. Nous avons appris à développer des lois pour encadrer ce qui se passe sur nos places publiques en bitume et en béton. Le défi est de concevoir et d’appliquer des lois pour des espaces publics qui sont constitués par des réseaux et des processus de traitements massifs de données. Il ne peut être question de tenter de réguler cela avec les outils anciens. Les États aussi doivent innover !

Dans son livre L’âge du capitalisme de surveillance, Shoshana Zuboff explique que les modèles d’affaires des entreprises dominantes d’Internet reposent sur la captation de la valeur des données massives générées par les mouvements de tous ceux qui agissent dans le monde connecté. C’est donc au niveau des logiques économiques associées à ces processus que les lois nationales doivent imposer des balises et de la transparence.

Comme tout objet potentiellement dangereux, les plateformes en ligne doivent être tenues à des exigences à la mesure des risques qu’elles font courir aux populations. Les États doivent se doter des outils pour réguler les procédés reposant sur le traitement des données massives. Il faut que les lois imposent plus de transparence et de responsabilisation de la part de ceux qui génèrent de la valeur en mobilisant des processus algorithmiques. Il est naïf d’attendre des grandes entreprises du Web qu’elles se régulent toutes seules. C’est aux États qu’incombe la tâche de mettre en place des règles du jeu conséquentes avec les caractéristiques des environnements numériques. Le rattrapage est devenu urgent.
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