Nous vivons dans le monde que nous avons et non pas celui que nous souhaiterions avoir. Nous préférons être entourés de gens corrects, mais il y a toujours un croche ici et là. C’est la même chose à grande échelle. Il faut vivre, à l’ONU, notamment, avec la canaille qui s’y terre.
Joe Biden s’y connaît en affaires internationales. Il s’est fait les dents à la Commission des affaires étrangères, qu’il a présidée à deux reprises au cours de ses trente-six années au Sénat. Puis, durant huit années de vice-présidence, il a parcouru le monde au nom de Barack Obama.
C’est aussi un homme de l’interne, Joe Biden. Un homme qui croit aux discussions de corridor, au chipotage avec ses adversaires et aux compromis douloureux. C’est ce qu’un demi-siècle en politique lui a appris et c’est ce qui, aujourd’hui encore, lui permet d’espérer faire adopter ses grands projets d’investissements de plusieurs milliers de milliards de dollars.
Cet enchevêtrement d’intérêts pour le monde et de tractations de coulisse l’a poussé à solliciter et obtenir pour les États-Unis une place sur le controversé Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. « Controversé » ne convient pas tout à fait quand on note qui siège à ce conseil ; grotesque serait plus pertinent.
« UN MARÉCAGE DE PRÉJUGÉS POLITIQUES »
C’est un retour qu’effectue Washington au sein de cet organe intergouvernemental. Donald Trump en était sorti avec fracas en 2018, son ambassadrice à l’ONU y dénonçant un parti pris anti-Israël et une liste de membres parsemée d’abuseurs réputés des droits de la personne.
La partialité contre Israël est incontestable, presque gênante : plus de résolutions ont été adoptées contre l’État hébreu pour son traitement des Palestiniens que contre tous les autres violeurs de droits sur la planète… réunis.
Le sort des Palestiniens sous occupation israélienne mérite une condamnation sans équivoque et la communauté internationale – les États-Unis et le Canada en avant-plan – doit continuer de s’investir dans la création d’un État palestinien existant pacifiquement aux côtés d’Israël.
LES PIRES DES PIRES
Cela dit, il est douteux qu’autant d’attention soit continuellement accordée à ce conflit au détriment d’exactions aussi graves sinon pires ailleurs dans le monde.
La stérilisation forcée des Ouïghours en Chine ? La persécution des homosexuels, comparés à des animaux, au Nigeria ? Les camps de travail et les exécutions sommaires en Corée du Nord ?
Dès son entrée à la Maison-Blanche, Joe Biden s’est engagé à placer le respect des droits de la personne au cœur de sa politique étrangère, d’où ce retour au sein du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Il devra, à la fois, se pincer le nez et jouer du coude pour faire progresser ses idéaux.
Les États-Unis siégeront notamment aux côtés du Cameroun, où les forces gouvernementales sont accusées de tortures et de meurtres, de l’Érythrée qui, en plus des violations incessantes des droits individuels, a récemment perpétré d’autres abus dans le Tigré éthiopien, et des Émirats arabes unis dont Human Rights Watch a égratigné, au début du mois, la « fausse image de tolérance ».
Bref, un autre défi pour un président qui n’en manque pas.
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