The competition between the West and China is of a different kind than the one the former experienced with the Soviet Union. This confrontation, still peaceful, comes with an almost unprecedented economic interdependence, Philippe Crevel explains in an op-ed.
With the descent of the Iron Curtain in 1947, two worlds faced each other; the West against the East, liberal democracies against communist regimes, market economy against state planning. In this last area, there wasn’t really a contest. The Western victory was quickly established thanks to the Marshall Plan, something the Soviet Union refused to participate with.
The competition between both systems lasted a little over 40 years. Despite several hot spots, particularly during the missile crisis in Cuba and the Berlin blockade, nuclear deterrence acted as a lifesaver, preventing the Cold War from tipping over into total war.
New Confrontation
Thirty years after the collapse of the Soviet Union, a new confrontation is taking shape between the two great powers of the 21st century, the United States and China. It resembles the previous conflict, in part. It still involves democracies and a communist regime, even if the communist regime is not as messianic as its former Russian cousin.
Two visions of society — and of humanity — are nevertheless in conflict. On the one hand, we have a liberal and individualistic society; on the other, a socially cohesive society based on Marxist and Confucian foundations. Democracies always claim to uphold universal values, while China doesn’t intend to impose its system beyond its borders, although this doesn’t prevent it from wanting to extend its sphere of influence, particularly to secure supplies.
2 Interdependent Giants
In contrast to the previous Cold War, economic globalization has made the two worlds totally interdependent. The West depends on China for many products, including computers that, thanks to the internet, allow the West to promote how it values freedom. China needs export revenue from wealthy Organization for Economic Cooperation and Development countries to ensure its development.
This interdependence is rooted in the decision during the 1970s by the Americans, Henry Kissinger in particular, to support China by integrating it into global commerce in order to create a possible front against the Soviet Union.
Thus, China, which had doggedly pursued an isolationist trade policy since the 16th century, opened up to the world, thanks to the United States. In 40 years, Chinese exports grew from 2% to 18% of global trade.
This interdependence, which didn’t exist with the Soviet Union, is similar in some respects to that which prevailed just before World War I, a period marked by a strong increase in international trade. Germany, a rising power, was considered to be increasingly dominant, especially by the British, particularly in warship construction. The British imposed production quotas to contain German power.
A Temporary Balance of Power
For several years, the Middle Kingdom (China) has proclaimed that it intends to become the first world power in all fields and overtake the West by 2049. With the “new Silk Roads” replicating the British and American models, China is weaving its web around the world. For now, economic interdependence and nuclear deterrence prevent China from taking any extreme positions as long as the balance of power in this area is maintained.
By developing new weapons, including hypersonic missiles, China hopes to gain an advantage over the United States. A technological and military slowdown in the West could drive the Chinese regime to choose a perilous path, especially as it pertains to Taiwan, a small island of about 14,000 square miles, but the world's second largest producer of microprocessors.
Beyond that, the two conceptions of the world appear incompatible unless one believes synthesis is possible. The COVID-19 outbreak revealed that both worlds are driven by radically different visions, even if, in reaction to events, Westerners did reluctantly accept implementing measures that temporarily restrict personal freedom. Beyond the current crises, history teaches us that, as in the case of the Trojan horse or the Munich Agreement, a defensive position rarely wins.
Philippe Crevel is an expert in macroeconomics. Founder of Lorello Ecodata, a company focusing on economic studies and strategies, he also manages the Cercle de l’Epargne, a study and information center dedicated to savings and retirement.
La guerre des deux mondes aura-t-elle lieu ?
La compétition entre l'Occident et la Chine est d'une tout autre nature que celle qui le premier a connu avec l'URSS. Cette confrontation, encore pacifique, s'accompagne d'une interdépendance économique quasi inédite, explique Philippe Crevel dans une tribune.
En 1947, à la tombée du «rideau de fer», deux mondes se firent face, l’Ouest contre l’Est, les démocraties libérales contre les régimes communistes, l’économie de marché contre la planification d’État. Sur ce dernier terrain, il n’y eut pas vraiment de combat. La victoire de l’Occident se dessina rapidement grâce au Plan Marshall auquel l’URSS refusa de participer.
La compétition entre les deux systèmes dura un peu plus de quarante ans. Malgré plusieurs points chauds, en particulier lors de la crise des missiles à Cuba ou du blocus de Berlin, la dissuasion nucléaire joua le rôle d’une corde de rappel empêchant le basculement de la guerre froide vers la guerre totale.
Nouvelle confrontation
Trente ans après la disparition de l’URSS, une nouvelle confrontation prend forme autour des deux grandes puissances du XXIe siècle, les États-Unis et la Chine. Elle reprend certains atours de la précédente. Elle met en présence toujours les démocraties et un régime communiste, même si ce dernier se veut moins messianique que son ancien cousin russe.
Deux visions de la société - voire de l’humain - s’opposent malgré tout. D’un côté, une société libérale et individualiste, de l’autre une société holistique reposant sur des fondations marxistes et confucianistes. Les démocraties affirment toujours porter des valeurs universelles quand la Chine n’entend pas imposer son système à l’extérieur, ce qui ne lui interdit pas de vouloir étendre sa sphère d’influence pour sécuriser notamment ses approvisionnements.
Deux géants interdépendants
À la différence du conflit précédent, avec la globalisation de l’économie, l’interdépendance de ces deux mondes est totale. L’Occident dépend de la Chine pour de nombreux produits dont les ordinateurs qui lui permettent, grâce à Internet, de mettre en avant sa valeur de liberté. La seconde a besoin des recettes d’exportations issues des pays riches de l’OCDE pour assurer son développement.
Cette interdépendance trouve sa source dans la décision des Américains et, en particulier d’Henry Kissinger, dans les années 1970, de soutenir la Chine en l’intégrant au commerce mondial afin de créer un éventuel front contre l’URSS.
Grâce aux États-Unis, la Chine qui depuis le XVIe siècle avait opté pour un isolationnisme commercial forcené s’est ainsi ouverte au monde. En quarante ans, les exportations chinoises sont passées de 2 à 18 % du total mondial.
Cette interdépendance qui n’existait pas avec l’URSS ressemble sous certains traits à celle qui prédominait juste avant la Première Guerre mondiale, période marquée par une forte internationalisation des échanges. L’Allemagne, puissance montante, était considérée, notamment par les Britanniques, de plus en plus hégémonique en particulier en matière de construction de navires de guerre. Afin de limiter la puissance allemande, les Britanniques imposèrent des quotas de production.
Equilibre temporaire
Depuis plusieurs années, l’Empire du Milieu proclame sa volonté, de devenir, d’ici 2049, dans tous les domaines, la première puissance mondiale, et de supplanter l’Occident. Avec les «nouvelles routes de la soie», reproduisant les modèles britannique et américain, il tisse sa toile tout autour de la planète. L’interdépendance économique et l’arme nucléaire empêchent, pour le moment, une montée aux extrêmes tant que l’équilibre des forces en la matière se maintient.
En développant de nouvelles armes dont les missiles hypersoniques, la Chine souhaite prendre un ascendant sur les Etats-Unis. Un décrochage technologique et militaire de l’Occident pourrait inciter le régime chinois à opter pour un dangereux aventurisme, en particulier à l’encontre de Taïwan, petite île de 36.000 kilomètres carrés, mais deuxième producteur mondial de microprocesseurs.
Au-delà, les deux conceptions du monde apparaissent incompatibles sauf à croire une synthèse possible. L’épidémie de Covid-19 a révélé au grand jour que les deux mondes étaient mus par des visions radicalement différentes même si, face aux évènements, les Occidentaux ont accepté, à leur corps défendant, de mettre en place des mesures réduisant de manière temporaire les libertés. Au-delà des crises actuelles, l’Histoire nous enseigne, avec le Cheval de Troie ou les accords de Munich, que la position défensive est rarement gagnante.
Philippe Crevel est spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite.
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