The Disastrous Legacy of George W. Bush

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Le legs désastreux de George W. Bush

Les soucis géopolitiques et économiques actuels des États-Unis ne sont la faute ni à Biden, ni à Trump, ni à Obama. Ils sont l’héritage empoisonné de l’administration Bush fils/Cheney.

« Ils écrivent encore des livres sur le premier George W. », se plaisait à dire George W. Bush au sujet du premier président américain, George Washington. Dans ce contexte, « le 43e n’a pas besoin de s’inquiéter du jugement de l’histoire », fallait-il valoir quand il logeait à la Maison-Blanche.

Il le devrait. En observant l’état des relations internationales des États-Unis aujourd’hui, l’histoire est peut-être déjà en train de le juger sévèrement. Avec le recul d’un peu plus d’une décennie depuis la fin de sa présidence, le constat semble clair : Bush et son vice-président Dick Cheney auront causé à leur pays des dommages hors du commun, dont les effets se font encore sentir fortement et persisteront pendant des années.

Parmi les conséquences du désastre Bush-Cheney, il y a la menace à la paix en Europe, la plus importante depuis la guerre froide, que constitue la crise actuelle entre la Russie et l’Ukraine.

Après les attentats du 11 septembre 2001, le président Bush, qui avait initialement fait campagne en 2000 sur la promesse de mener une politique étrangère « humble », est devenu porteur d’une vision quasi messianique du rôle des États-Unis, soit celui de « libérer » les peuples aux prises avec des régimes autocratiques.

Il y a d’abord eu l’invasion de l’Afghanistan — qui a abouti à une guerre de 20 ans qui s’est soldée par une catastrophe monumentale, avec bien peu de gains durables.

Et on se rappelle, bien sûr, celle de l’Irak. La décision la plus marquante et la plus controversée de la Maison-Blanche Bush-Cheney — qui a conduit à un autre bourbier, duquel a fini par jaillir non pas « l’ordre libéral »… mais l’État islamique. Le motif — éliminer la menace terroriste que représentait le régime de Saddam Hussein — était faux.

Ce dont on se souvient un peu moins, c’est que l’Afghanistan et l’Irak n’étaient que les deux premiers morceaux d’un plan plus vaste. Alors que les États-Unis s’enlisaient en Irak après la chute de Saddam Hussein, la Maison-Blanche planchait aussi sur une invasion de l’Iran.

Une fois cette idée écartée en raison des déboires évidents dans les deux autres théâtres des opérations, Bush a tourné son attention vers le nord… et la Russie.

Les conséquences de cette approche hantent le monde aujourd’hui.

Après avoir complètement fait fi des objections clairement énoncées par la Russie quant à une invasion de l’Irak (Vladimir Poutine avait offert sa collaboration à Bush après le 11 Septembre), les États-Unis ont appuyé activement l’expansion de l’OTAN, ainsi que la « révolution orange » en Ukraine au milieu des années 2000. Le Kremlin a été convaincu de la volonté américaine de soutenir des « révolutions de couleur » jusqu’à Moscou. La situation était si menaçante pour la sécurité du régime russe qu’un conseiller de Poutine en parlait comme de « [leur] propre 11 Septembre ».

Puis, en avril 2008, à sa dernière année à la Maison-Blanche, Bush a utilisé le sommet de l’OTAN tenu à Bucarest pour pousser l’alliance militaire à accueillir la Géorgie… et l’Ukraine, malgré l’avis défavorable des services de renseignements américains. Ces deux anciens territoires soviétiques étaient chers à Moscou… et de surcroît partageaient leur frontière avec la Russie. Et l’OTAN, doit-on le rappeler, est la plus importante coalition internationale formée avec une vocation fondamentale : l’opposition à l’Union soviétique (donc aujourd’hui la Russie).

Quatre mois plus tard, en août 2008, la Russie a envahi la Géorgie. Il s’agissait de la première guerre du XXIe siècle en Europe. Le risque d’une seconde apparaît maintenant, au sujet de l’admission au sein de l’OTAN… de l’Ukraine.

Pendant ce temps, en Extrême-Orient

Ces aventures militaires au Moyen-Orient ont tôt fait de dilapider les importants surplus budgétaires accumulés sous Bill Clinton, puis d’entraîner le pays dans une spirale de surendettement public sans précédent dans l’histoire américaine, dont les répercussions constituent une des sources importantes des problèmes d’inflation d’aujourd’hui.

Et en parallèle, l’administration Bush ouvrait les portes de l’économie des États-Unis… à la Chine, persuadée qu’en permettant à l’empire du Milieu de participer à l’économie mondiale, il adopterait les mœurs et les valeurs démocratiques occidentales. Le tout basé sur le principe que les démocraties qui font des affaires les unes avec les autres ne s’attaquent pas entre elles, ce qui allait renforcer du coup la sécurité de l’Amérique.

Dès sa première année en fonction, Bush a appuyé l’admission de la Chine dans l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et la « régularisation » des échanges avec les États-Unis. Par le fait même, les Américains subventionnaient alors, directement ou non, consciemment ou non, la construction de la plus importante menace à leur sécurité — et à l’ordre démocratique libéral occidental — depuis la chute de l’Union soviétique.

Et à force d’écarter la Russie, la présidence de Bush fils a poussé la Russie dans les bras de cette menace.

Dans les mois suivant le départ de Bush, Donald Trump, alors simple citoyen songeant à lancer sa propre campagne présidentielle, a déclaré que les Chinois « croient qu’on est les enfants de chienne les plus stupides » au monde. C’est un thème qu’il n’allait pas lâcher.

Cela ne sonne pas tout à fait comme les paroles distinguées d’un grand historien… mais il s’agit quand même d’un constat qu’on ne devrait pas prendre deux siècles à reconnaître.

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