Entre crise ukrainienne et diplomatie en Océanie, pourquoi les États-Unis doivent avoir deux fers au feu
Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a passé une semaine en Océanie alors même qu’il devait gérer la crise ukrainienne.
Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken , vient de passer la moitié de la semaine en Australie, aux îles Fidji et à Hawaii. En pleine crise avec la Russie, ce ¬périple peut paraître étonnant. Dans l’avion qui l’emmenait à Melbourne, mardi, le ministre américain s’est justifié : « Le monde est vaste, nos intérêts sont globaux et vous savez à quel point nous sommes tournés vers l’Asie et l’Indo-Pacifique. » En Australie, où les autorités viennent de débusquer une nouvelle tentative d’ingérence chinoise dans les élections générales du printemps prochain, Blinken a rencontré longuement ses partenaires du Dialogue de sécurité quadri¬latéral (Quad), les ministres des Affaires étrangères d’Inde, d’Australie et du Japon.
Pas seulement pour renforcer avec eux une coopération sur les enjeux globaux de la santé et de l’environnement, mais surtout pour montrer qu’au-delà de Moscou, les États-Unis surveillent aussi de très près Pékin. Alors que Vladimir Poutine et Xi Jinping, la semaine dernière, ont dit vouloir défendre le concept de « l’indivisibilité de la sécurité », afin de lutter contre tous ceux qui voudraient s’en prendre à leurs zones d’influence, le Quad, dans son communiqué ministériel final, entend « soutenir les pays de la zone Indo-Pacifique qui veulent protéger les intérêts de leur peuple de la coercition ». En clair, les aider, y compris militairement, à se prémunir de l’hégémonie chinoise.
Contrer la stratégie chinoise du collier de perles
Aux Fidji, dont on sait que les paradis locaux et sous-marins sont menacés d’être engloutis du fait du réchauffement planétaire, Antony Blinken est venu démontrer que le Quad peut aider les petites îles du Pacifique à résister à la stratégie du collier de perles chinois qui les oblige parfois à s’endetter auprès de leur immense voisin, avide d’investissement et de contrôle. Le tout, dans un décor de vente aux enchères lorsque les îles Marshall demandent bruyamment au même moment combien les États-Unis sont prêts à payer pour y maintenir ou agrandir leurs bases militaires.
À Honolulu, enfin, où le souvenir de Pearl Harbor est si présent, le chef de la diplomatie américaine accueillait hier ses partenaires japonais et sud-coréens. Cette fois, c’est la menace nucléaire et balistique de la Corée du Nord dont on discute après de nouveaux tests toujours plus audacieux et rendus publics par l’héritier des Kim. Si loin de la vieille Europe atlantique confrontée aux démons du révisionnisme et du repartage, Blinken se prépare donc également à défendre les horizons lointains de sa côte pacifique.
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