At the Olympics, Athletes Torn between China and the US

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Les Jeux olympiques d’hiver de Pékin ont connu leur lot de controverses et de débats. Ils ont été notamment le théâtre d’une nouvelle série d’accrochages verbaux entre la Chine et les États-Unis. Outre les tensions générées à l’échelle mondiale, cet antagonisme entre les deux grandes puissances a des répercussions inusitées pour les Américains et les Américaines d’ascendance chinoise, dont l’identité est mixte.

Les cas de figure varient, ainsi que les situations, mais d’Eileen Gu à Nathan Chen, en passant par Zhu Yi, ces athlètes olympiques font l’objet de beaucoup d’attention et de commentaires qui vont des éloges aux menaces. Voici leurs portraits, pris entre l’aigle américain et le dragon chinois.

Cas médiatisé

Le cas d’Eileen Gu est peut-être le plus médiatisé. La jeune femme, née aux États-Unis il y a 18 ans, a choisi de représenter la Chine, pays d’origine de sa mère, aux Jeux de Pékin. Et elle le fait avec succès, accumulant les médailles en ski acrobatique. Nommée Gu Ailing en Chine, tant le public chinois que les commanditaires l’accueillent à bras ouverts, la propulsant au rang d’icône. Mais, le gouvernement chinois ne reconnaissant pas la double nationalité contrairement au CIO, Gu a dû renoncer à sa citoyenneté américaine. Cette décision a été vivement critiquée aux États-Unis, la sportive ayant même fait l’objet de menaces de mort. On lui reproche sa « trahison » et son appât du gain. Il est vrai que, contrairement aux États-Unis où beaucoup d’athlètes olympiques, même médaillés d’or, vivent dans un certain anonymat, c’est loin d’être le cas pour Eileen Gu. La sportive, qui parle mandarin, accumule les juteux contrats publicitaires, représentant pas moins de 23 marques chinoises. Loin d’être un pont entre les deux pays et les deux cultures, la jeune athlète symbolise malgré elle les tensions entre les deux puissances : adulée en Chine, vilipendée aux États-Unis.

Pourtant, Gu n’est pas la seule athlète née aux États-Unis à avoir pris la décision de représenter la Chine aux Jeux. Mais tous n’ont pas été acceptés avec autant d’enthousiasme par leurs nouveaux compatriotes. Le cas de la patineuse artistique Zhu Yi est particulièrement marquant. Dès son entrée en lice dans ces Jeux de Pékin, la patineuse, née en Californie, est tombée deux fois. Sa performance médiocre lui a valu une avalanche de critiques sur les réseaux sociaux chinois, notamment la plateforme Internet Weibo. Les attaques ont été si nombreuses et violentes que Weibo a décidé d’effacer plus de 71 000 commentaires et de bannir 2000 comptes qui s’en prenaient à la jeune femme. Zhu Yi, dont les résultats sportifs ont déçu, n’a pas bénéficié d’une grande indulgence de la part de ses nouveaux compatriotes et elle est loin d’avoir eu le même accueil que Gu.

Sous drapeau américain

D’un autre côté, certains sportifs sino-américains qui ont choisi de concourir sous le drapeau des États-Unis ont aussi eu à faire face aux critiques et aux commentaires disgracieux. Et ce, même en étant victorieux. Nathan Chen, premier Américain d’origine asiatique à remporter l’or en patinage artistique chez les hommes, en a fait les frais. Si sa victoire a été remarquée, dans des Jeux où les médailles d’or ne sont pas si nombreuses pour les États-Unis, un article du New York Times a néanmoins cru bon à cette occasion de souligner la « surreprésentation » des patineurs américains d’origine asiatique. Violemment critiqué pour sa teneur raciste, l’article n’en illustre pas moins une tendance à considérer les athlètes en fonction de leur identité plutôt que de leurs performances. Si la critique est d’autant plus virulente quand les prouesses déclinent, le cas de Chen révèle une facette insidieuse : malgré sa victoire, son identité est évoquée en termes ambigus et controversés.

En ce moment, les tensions diplomatiques entre la Chine et les États-Unis peuvent expliquer une partie des critiques que ces athlètes subissent. L’attention est particulièrement centrée sur leur héritage mixte du fait de l’actualité. Concourir aux Jeux olympiques, qui ont de tout temps joué sur la promotion apparemment contradictoire entre l’universalisme de l’évènement sportif rassembleur et la glorification du nationalisme avec les hymnes, les drapeaux et le décompte des médailles par pays, ajoute un obstacle supplémentaire : dans cette compétition, il semble préférable de ne pas avoir des origines complexes et métissées. Au risque de se retrouver avec des identités déchirées.

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