Etats-Unis : Joe Biden rassemble autour de l’Ukraine
Le président américain a dénoncé l’offensive de Vladimir Poutine contre l’Ukraine, mardi lors de son discours annuel devant le Congrès sur l’état de l’Union. Joe Biden a aussi cherché un nouvel élan sur le front intérieur, à huit mois d’élections législatives qui s’annoncent difficiles.
Par Véronique Le Billon
Quelques minutes d’union nationale, autour d’une Ukraine martyrisée par la Russie à 8.000 kilomètres de Washington. « Dans la bataille entre la démocratie et l’autocratie, les démocraties se montrent à la hauteur, et le monde choisit clairement le camp de la paix et de la sécurité », a salué Joe Biden mardi soir, devant un Congrès réuni pour le discours annuel sur l’état de l’Union, « avec la détermination inébranlable que la liberté triomphera toujours sur la tyrannie ».
Quelques parlementaires étaient habillés aux couleurs de l’Ukraine – jaune et bleu vif – et les élus des deux partis ont fait une ovation debout au peuple ukrainien, représenté par l’ambassadrice aux Etats-Unis, Oksana Markarova. « Quand l’histoire de cette période sera écrite, la guerre de Poutine sur l’Ukraine aura laissé la Russie plus faible et le reste du monde plus fort », a promis Joe Biden.
Ne pas enflammer
Dénoncer, participer mais ne pas enflammer : depuis l’offensive des troupes russes en Ukraine la semaine dernière, Joe Biden a pris soin de ne pas toujours monter en première ligne pour annoncer les sanctions. Une manière de ne pas donner prise aux accusations russes d’une riposte télécommandée par les Etats-Unis.
« La guerre de Poutine était préméditée et totalement non provoquée. Il a rejeté les efforts de diplomatie. Il pensait que l’Occident et l’Otan ne répondraient pas. Et il pensait qu’il pouvait nous diviser, ici, chez nous. Poutine avait tort. Nous étions prêts », a seulement salué Joe Biden, après avoir été le premier à alerter les Européens et ses alliés de l’Otan sur les intentions russes. Il a au passage annoncé la fermeture de l’espace aérien américain aux avions russes.
La Maison-Blanche a aussi veillé à ne pas alimenter l’escalade, à la suite des propos de Vladimir Poutine sur la mise en alerte de ses forces nucléaires . « Ni les Etats-Unis ni l’Otan n’ont le désir ou l’intention d’entrer en conflit avec la Russie. Et nous pensons qu’une rhétorique provocatrice concernant les armes nucléaires est dangereuse, qu’elle ajoute au risque d’erreur et qu’elle doit être évitée », avait expliqué lundi la porte-parole de la Maison-Blanche, Jen Psaki.
Etat des lieux de la société américaine
L’essentiel du discours de Joe Biden a malgré tout été consacré à sa politique intérieure, à huit mois d’élections législatives déjà promises comme difficiles. Dans un paysage politique toujours clivé, Joe Biden a cherché des points de consensus en assumant quelques phrases fortes sur des thèmes chers aux républicains. « Nos enfants ont besoin d’être à l’école », a-t-il d’abord dit, actant au passage une nouvelle étape de la pandémie . Le Covid « ne doit plus contrôler nos vies », a ainsi jugé Joe Biden devant une assemblée pour la première fois sans masque, appelant les Américains à retourner dans les centres-villes et au bureau.
Face à la poussée de violence dans le pays, « la réponse n’est pas de définancer la police », a-t-il aussi lancé en référence au mouvement progressiste « Defund the police », un passage applaudi debout par les républicains. « La réponse est de financer la police, avec les ressources et l’entraînement dont ils ont besoin pour protéger nos communautés », a cadré Joe Biden. « Si nous voulons faire avancer la liberté et la justice, nous avons besoin de sécuriser la frontière [avec le Mexique, NDLR] et de réparer le système d’immigration », a-t-il enfin plaidé, alors qu’il est accusé de laxisme par les républicains.
Sur le fond, Joe Biden n’a toutefois pas renoncé au programme qu’il s’était fixé en début de mandat, de la baisse du prix des médicaments à l’amélioration de la garde d’enfant, en passant par la hausse du salaire minimum ou le contrôle des armes à feu . Des projets qui ont surtout rappelé que la majorité démocrate est toujours trop courte et les divisions politiques trop fortes pour espérer les faire adopter.
Regonfler le moral des démocrates
Sans proposer de nouvelle méthode, l’objectif était surtout de s’adresser directement aux Américains, et de regonfler le moral de troupes démocrates déprimées par des sondages au plancher (40 % d’opinions favorables, selon RealClear Politics). La liste des projets démocrates a en revanche laissé de marbre les républicains, qui ont fait de l’inflation galopante (+7,5 % sur un an) leur argument phare pour critiquer l’action démocrate.
Pour réduire un rythme de hausse des prix inédit depuis quarante ans, Joe Biden a assuré avoir un « plan » : « baisser les coûts, pas les salaires », dénonçant la concentration des acteurs sur plusieurs marchés, notamment le transport maritime dont les profits ont flambé. Un plan qui passe aussi par « fabriquer plus de voitures et de semi-conducteurs en Amérique », a lancé le président sous le regard de Pat Gelsinger, le patron d’Intel, rare invité de la soirée avec la lanceuse d’alerte Frances Haugen . Il n’est toutefois pas certain qu’une telle politique réduise les prix.
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