US: Surprising Resumption of Dialogue with Venezuela

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Une délégation américaine de haut niveau s’est entretenue le week-end dernier à Caracas avec les autorités vénézuéliennes, une première depuis la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays en 2019. Cette volte-face de Washington s’inscrit dans les efforts menés par la Maison-Blanche pour assurer son approvisionnement en pétrole et isoler Moscou de ses alliés.

Après plusieurs années de vives tensions diplomatiques avec le Venezuela, les États-Unis sont-ils prêts à tourner la page ? La visite ce week-end à Caracas de hauts responsables américains, dont Juan Gonzalez, le conseiller Amérique latine de Joe Biden, a surpris, alors que les deux pays se regardent en chiens de faïence depuis 2019. Mais l’invasion de l’Ukraine par la Russie pourrait changer la donne.

Lundi 7 mars, le président vénézuélien, Nicolás Maduro, a confirmé ce que la presse américaine avait déjà rapporté : une réunion avec une délégation américaine de haut niveau a bel et bien eu lieu le week-end précédent à Caracas. Une réunion qualifiée de « respectueuse, cordiale et diplomatique » par le chef d’État sud-américain.

« Les deux beaux drapeaux étaient là, unis comme doivent l’être les drapeaux des États-Unis et du Venezuela, et nous avons parlé pendant près de deux heures », a déclaré le successeur de Hugo Chavez lors d’une allocution télévisée.

Ton inédit de Nicolas Maduro

Une visite surprise, et un ton tout à fait inédit de la part de Nicolás Maduro, au moins depuis 2018, quand une grande partie de la communauté internationale – États-Unis et Union européenne en tête – a décidé de ne pas reconnaître sa réélection, au terme d’une campagne boycottée par l’opposition. En avril 2019, Washington prenait de nouvelles sanctions, visant en particulier la ressource nationale vénézuélienne : le pétrole.

Pour de nombreux observateurs, l’origine de cette volte-face diplomatique se trouve loin du continent américain : en Europe. Depuis que les chars russes roulent en terre ukrainienne, Caracas et Washington auraient un intérêt commun : la levée des sanctions américaines.

Car si l’embargo américain sur l’or noir fait très mal au portefeuille de Caracas, contraint de brader son pétrole où il le peut, il prive également le marché mondial d’une ressource très demandée, alors même que la reprise économique et la guerre en Ukraine font flamber les cours. Le prix de l’essence à la pompe se rapproche aux États-Unis de ses sommets historiques (2008), ce qui n’est pas bon pour Joe Biden à quelques mois des élections de mi-mandat.

En outre, alors que l’administration américaine est sur le point d’interdire les importations de pétrole russe, les barils vénézuéliens pourraient être fort utiles. Certes, le Venezuela, faute d’investissements, a vu sa production s’effondrer – de 3 millions de barils par jour sous Hugo Chavez (1999-2013) à 700 000 aujourd’hui. Mais sa production pourrait repartir assez rapidement : « On peut imaginer un doublement sur douze mois », estime un homme d’affaires familier du dossier.

Signe que les deux parties pourraient trouver un terrain d’entente, Nicolás Maduro a annoncé sans tarder une reprise du dialogue avec l’opposition, suspendu il y a cinq mois par Caracas. Cette reprise, à condition d’être accompagnée de véritables avancées, est l’un des préalables à la levée des sanctions américaines.

Affaiblir Moscou en Amérique latine

Plus largement, en relançant des discussions avec Caracas, Washington poursuit ses efforts visant à isoler Moscou. La crise diplomatique entre les États-Unis et le Venezuela a en effet été mise à profit ces dernières années par la Russie. « Début 2021, Moscou et Caracas ont signé 12 accords qui concernent l’économie, l’énergie, la santé et le militaire, poursuit l’homme d’affaires. Les opérations militaires conjointes commencent même à incommoder son voisin, la Colombie, qui dénonce une ingérence militaire russe à sa frontière. »

Or l’invasion de l’Ukraine semble avoir jeté un froid en Amérique latine. Pour preuve, le fort soutien des pays de la région à la résolution de l’ONU condamnant l’offensive russe. Alors que le Venezuela, Cuba, le Nicaragua et la Bolivie avaient soutenu Moscou en 2014 lors de l’annexion de la Crimée, ces États se sont abstenus cette année (le Venezuela n’a pas pu prendre part au vote, en raison de retard de paiement envers l’ONU). Et des pays importants, comme l’Argentine ou le Brésil, abstentionnistes en 2014, ont approuvé la résolution.

Politiquement, ce rapprochement est néanmoins délicat pour le président américain. « Que Biden organise des réunions secrètes avec le narcoterroriste Maduro sans même en informer les Vénézuéliens qui ont souffert et tout risqué en s’opposant à Maduro est une trahison ignoble », a aussitôt réagi sur Twitter le sénateur républicain de Floride, Marco Rubio.

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