L’économie et l’emploi sont en forte croissance et la politique étrangère est sur la bonne voie, mais l’opinion publique boude le président. Pourquoi?
Depuis l’été dernier, le taux d’approbation de Joe Biden oscille entre 40 et 42%. C’est très mauvais. C’est aussi mauvais que pour son prédécesseur immédiat lorsqu’il était presque à son meilleur, ce qui n’est pas peu dire.
Deux autres présidents ont subi une dégringolade semblable dans l’opinion. Jimmy Carter ne s’en est jamais remis. Ronald Reagan était au même niveau à son deuxième printemps, mais il a remonté la pente. Biden peut se permettre d’espérer, mais rien n’est garanti.
Biden fait son boulot
Les défenseurs de Biden n’ont pas tort de souligner ses bons coups. Il a restauré la dignité de la présidence, ce qui n’est pas rien. La croissance du PIB et la croissance de l’emploi ont été spectaculaires depuis son arrivée. Biden a réussi à démarrer un programme d’infrastructures historique là où son prédécesseur avait lamentablement échoué. Son bilan de nominations judiciaires est impressionnant, y compris celle d’une première femme afro-américaine à la Cour suprême.
Le départ de l’Afghanistan a été coûteux pour lui, mais un retrait sans heurts était impossible. Depuis, Biden a réussi à rétablir le leadership international des États-Unis amoché par Trump, notamment dans l’Alliance atlantique. (À propos, il est risible et intellectuellement malhonnête de prétendre que Vladimir Poutine n’aurait pas envahi l’Ukraine si Trump était en poste.)
Pourtant, le taux d’approbation de Biden ne décolle pas.
Des inquiétudes réelles
Évidemment, les quelque 30% d’électeurs qui sont convertis au trumpisme ou accros à Fox News ou Newsmax n’appuieraient pas Biden si leur vie en dépendait. Pour les autres, l’inflation sans précédent dans l’histoire récente est la principale préoccupation. Même si Biden n’y est pas pour grand-chose, il écope.
Ce n’est pas tout. L’électorat s’inquiète aussi de la détérioration du climat social, de la hausse de la criminalité et du gâchis permanent qu’est la politique américaine d’immigration, des conditions préexistantes que les républicains savent récupérer à leur avantage. Et, malgré les efforts louables de l’administration pour aider l’Ukraine à surmonter l’invasion russe sans entraîner les États-Unis dans l’engrenage d’un conflit mondial, l’insécurité globale alimentée par cette crise n’aide pas Biden.
En même temps, les républicains et leurs réseaux de désinformation mobilisent encore l’électorat conservateur en agitant l’épouvantail du wokisme et en pesant sur tous les boutons des guerres de culture. Fidèles à leurs habitudes, les démocrates s’entre-déchirent et blâment Biden pour l’immobilisme d’un Congrès où les républicains forment un bloc solide d’opposition à tout.
La tempête avant l’éclaircie
D’ici novembre, Washington sera paralysé. Puisque les démocrates centristes au Congrès ne prendront pas de risques pour aider un président impopulaire, Biden et son parti auront du mal à garnir davantage leur bilan législatif. À moins d’un virage imprévu, le Congrès semble perdu d’avance pour eux.
Pour Biden, les choses vont empirer tant qu’on le comparera à un idéal inatteignable au lieu de le comparer à la catastrophe appréhendée de l’option trumpiste. À plus long terme, toutefois, le durcissement attendu des républicains et la nomination probable de Trump à leur tête devraient faciliter une remontée de Biden, sauf si l’économie pique du nez.
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