Summit of the Americas Highlights Erosion of US Influence over the Continent

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Alors que s’est ouvert le Sommet des Amériques aux États-Unis lundi 6 juin, Washington espérait relancer et renforcer la coopération panaméricaine. Mais le boycott du président mexicain de la réunion suite à l’exclusion de trois pays a mis en lumière la perte de vitesse du leadership étasunien sur le reste du continent.

MARION FONTAINE Publié le 07/06/2022 à 15h58 – Mis à jour le 07/06/2022

“Je ne vais pas au sommet parce qu’on n’invite pas tous les pays de l’Amérique. Je crois en la nécessité de changer la politique qui a été imposée depuis des siècles : l’exclusion”, fustige le président du Mexique, Andrés Manuel Lopez Obrador, lors d’une conférence de presse lundi 6 juin alors que s’ouvre le jour même le Sommet des Amériques à Los Angeles. Ce sommet, organisé tous les quatre ans depuis 1994, regroupe habituellement les chefs d’États du continent américain.

Mais cette année, les États-Unis, pays organisateur, a rayé de la liste des invités Cuba, le Venezuela et le Nicaragua. Une décision motivée par les violations des principes démocratiques et des droits humains dans ces trois pays.

Mexico, ainsi que d’autres pays latino-américains comme la Bolivie et le Honduras, menaçaient depuis plusieurs semaines de ne pas se rendre à Los Angeles si Washington persistait dans cette volonté d’exclusion. “Je regrette beaucoup cette situation, mais je n’accepte pas que quiconque se place au-dessus des autres pays. Je n’accepte pas l’hégémonie, ni de la Chine, ni de la Russie, ni d’aucun pays”, ajoute le président mexicain, l’un des dirigeants les plus éminents de la région – et principal partenaire des États-Unis en Amérique latine.

Un camouflet à l’influence américaine en Amérique latine

Le boycott du président mexicain, s’il n’est pas une surprise, porte néanmoins un coup aux efforts de Joe Biden d’affirmer son leadership régional, analyse The Washington Post. À l’origine, le sommet devait se pencher sur la lutte contre l’immigration – alors que de plus en plus de personnes fuient la pauvreté et les violences vers les États-Unis, mais aussi sur le changement climatique et la pandémie de Covid-19. Il met surtout en exergue la perte de vitesse de l’influence américaine dans la région alors que la politique étrangère de Joe Biden s’est surtout concentrée ces derniers temps sur l’Europe, avec la guerre en Ukraine, et l’Asie, où Washington tente de montrer les muscles face à la Chine. La Chine qui, au même moment, gagne du terrain et investit lourdement en Amérique du Sud.

Les Etats-Unis “ont encore beaucoup de ‘soft power'”, constate à l’AFP Michael Shifter, chercheur à l’organisme Inter-American Dialogue. Mais leur “influence politique et diplomatique décline chaque jour”. Joe Biden s’est engagé dans une politique d’ouverture avec Cuba, en rupture avec son prédécesseur Donald Trump, et a même levé plusieurs sanctions visant l’île des Caraïbes en mai. Alors, “le sommet de Los Angeles était censé mettre en avant cette nouvelle ambition de Biden pour l’Amérique latine. Il a surtout mis en avant sa paralysie”, note au journal Le Monde Gaspard Estrada, directeur exécutif de l’Observatoire politique de l’Amérique latine et des Caraïbes.

L’exclusion des trois pays “n’est pas la bonne voie”

Dans une conférence de presse commune avec le Premier ministre canadien Justin Trudeau, le président chilien Gabriel Boric a qualifié “d’erreur” l’exclusion de Cuba, du Venezuela et du Nicaragua du Sommet des Amériques, rapporte Reuters. “Ce n’est pas la bonne voie, et nous allons le dire lors du sommet”, continue-t-il. Il est “extrêmement important que nous ayons l’occasion de nous engager avec nos partenaires hémisphériques – certains partageant les mêmes idées, d’autres moins”, a ajouté de son côté Justin Trudeau.

“Ce conflit sur les participations au sommet montre que le discours de Washington sur la démocratie est devenu inaudible en Amérique latine”, ajoute Le Monde. Comment justifier l’exclusion de Cuba, du Venezuela et du Nicaragua alors que les États-Unis continuent de traiter avec l’Arabie Saoudite ? Pourquoi ne pas avoir exclu d’autres pays du Sommet des Amériques, comme le Brésil ? Interrogé sur cette question, un responsable de la Maison blanche a éludé : c’est “un peu comme comparer des pommes avec des oranges”. Le gouvernement cubain, lui, a dénoncé une décision “anti-démocratique et arbitraire”.

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