Avortement : régression des droits des femmes aux États-Unis
Ainsi donc, en deux décisions, sidérantes jusqu’à la nausée, la Cour suprême américaine a décidé de ne plus garantir le droit à l’avortement comme un droit constitutionnel aux États-Unis. Dans le même temps, avec un culot monstre, elle renforce le droit individuel d’être armé dans un pays qui a vu 45 222 Américains tués par balles en 2020. Ces deux régressions ahurissantes en disent long sur les menaces qui pèsent sur les libertés aux États-Unis, la plus puissante démocratie mondiale : celle de Jefferson, Washington et des pères fondateurs, inspirés des Lumières françaises. Pour la première fois dans l’histoire des États-Unis, des millions de femmes et leurs filles auront moins de droits que leurs mères et grands-mères. La moitié des 50 états américains, à l’instar du Missouri, de la Géorgie ou du Dakota du Sud, vont révoquer très vite le droit à l’avortement, ce qui a provoqué samedi l’indignation d’Élisabeth Badinter : « Les pays religieux, qu’ils soient musulmans ou l’Amérique en l’occurrence, sont un danger pour les libertés féminines. Il n’y a pas de doute, ils se rejoignent sur ce plan » a déclaré la philosophe, qui défend la laïcité à la française et met le doigt sur le vrai sujet. Alors que le bébé a été pendant des millénaires, le meilleur allié de la domination masculine, une poignée de juges conservateurs, flattant l’aigreur revancharde de petits blancs déclassés et électeurs de Trump, ont repris la main sur le droit des femmes à disposer de leur corps et de leur destin. Or, il n’est guère besoin d’être grand juriste, pour comprendre que les anti-avortement ne lâcheront pas l’affaire, tant qu’avorter ne sera pas interdit dans tout le pays. Sans exception.
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