A True Catastrophe

Published in Le Devoir
(Canada) on 24 June 2022
by Marie-Andrée Chouinard (link to originallink to original)
Translated from by Peter Lopatin. Edited by Patricia Simoni.
Incredible but sad and horribly true: Women will no longer be able to control their own bodies as they deem fit in half of the states in the U.S. This country boasts that is among the democracies that most vigorously protect the rights of its citizens, but with an ultraconservative majority ensconced by Donald Trump in the highest court of the land, women’s rights are at half-mast. It is a revolting setback.

The decision was expected and surprised no one, but it is no less catastrophic nevertheless. As soon as the decision came down on Wednesday morning, anti-abortion activists jubilantly celebrated the end of Roe v. Wade in front of the Supreme Court, while the pro-abortion camp, looked with horror at the immediate consequences for the fundamental freedom of women to control their own bodies. In at least half of American states, it is expected that abortion will be limited or prohibited, since the states again have the legal authority to regulate abortion. Some states reacted immediately by threatening legislation limiting or outlawing access to the procedure.

This is a dark day. While advances are noted around the world in women’s reproductive health, and while countries long led by very religious groups are, little by little, loosening barriers in order to restore the choice to women that they deserve, one of the largest nations in the world is turning back 50 years. Democratic President Joe Biden, helplessly watches the erosion of women's rights; and together with his supporters, is relegated to the legacy of his predecessor Donald Trump who gave prominent seats on the Supreme Court to ultraconservatives whose ideologies could continue to destroy what has been achieved.

Six justices –- three of whom were nominated by Trump –- agreed that the 1973 Roe v. Wade decision was “completely erroneous.” The majority wrote that “The authority to regulate abortion is returned to the people and their elected representatives.” The Supreme Court demolished with impunity years of bitter struggle for the protection of the right to abortion. We know, unfortunately, the dark result that awaits women: Clinics will shut down; citizens will have to travel thousands of miles and pay money they do not have in order to find services; illegal and dangerous procedures will take place clandestinely. A real horror show.

This decision slashes rights, but it hides another scandal: a court that does not reflect the will of the American people. According to a recent poll by the Pew Research Center, 61% of Americans believe that abortion should be legal in all or some situations, and on the other side, 37% feel that it should be illegal in all or some situations. Public opinion varies depending on how certain variables are defined — for example, the stage of pregnancy. With this immense social reversal, the Supreme Court thus disputes the will of the people.

Thursday, the court handed down another retrograde opinion that runs contrary to common sense, by invalidating a New York law restricting gun possession — and this, in the midst of a political debate intended to lead to the opposite outcome nationwide; i.e., once again, contrary to the will of the majority of citizens who want concrete measures to reduce firearm deaths. In a 6-3 decision, the court invalidated a law imposing limits on carrying handguns in public spaces. This regressive departure occurred barely a few weeks after the Uvalde and Buffalo killings. On June 21, Democratic and Republican senators, nevertheless, signaled a possible major advance by proposing a bill to better control the sale of weapons.

The legislative, executive, and the judiciary: Three branches of U.S. government dance to different beats against a divide between the Democratic and conservative camps. The judicial branch, led by a conservative fringe, has decided to whittle away at progress, and has just shown how far it can extend its reach, giving back to those states that toe their line the opportunity to impose within their borders a law conforming to their values.

These days, the investigation by the House Select Committee on the January 6th Attack on the Capitol, is allowing us to examine the scale of what Trump orchestrated. He promoted a masquerade of election fraud; he encouraged his supporters to storm the Capitol; he sought to subjugate the judiciary and force it to validate his lie. Such casual and crass impunity is a malodorous legacy whose odor is spreading across the country and weakening the rights of citizens.


Une véritable catastrophe

Incroyable mais triste et horrible vérité, les femmes ne pourront plus disposer de leur corps comme bon leur semble, en tout cas dans la moitié des États américains. Ce pays se targue de compter parmi les démocraties protégeant le plus vigoureusement les droits de ses citoyens, mais avec une majorité ultraconservatrice bien installée par Trump au plus haut tribunal du pays, les droits des femmes sont en berne. Il s’agit d’un recul révoltant.

La décision était attendue et n’a surpris personne, mais elle n’en est pas moins catastrophique. Sitôt la décision rendue vendredi matin, des militants anti-choix ont célébré en liesse devant la Cour suprême la fin de l’arrêt Roe v. Wade, pendant que, dans le camp des pro-choix, on mesurait avec effroi les conséquences immédiates pour la liberté fondamentale des femmes de disposer de leur corps comme elles l’entendent : dans au moins la moitié des États américains, il est entendu que l’avortement sera limité ou interdit, puisque le jugement leur en retourne la responsabilité législative. Des États ont immédiatement réagi en brandissant des législations limitant ou interdisant l’accès à l’avortement.

C’est un jour sombre. Alors que des avancées sont notées partout dans le monde eu égard à la santé reproductive des femmes, alors même que des pays longtemps menés par des lobbys très religieux relâchent peu à peu leurs verrous pour redonner aux femmes le choix qui leur revient, l’une des plus grandes nations du monde retourne 50 ans en arrière. Le président démocrate, Joe Biden, assiste, impuissant, à l’effritement des droits des femmes ; il subit avec son peuple l’héritage de son prédécesseur, Donald Trump, qui a semé aux premières loges de la Cour suprême des ultraconservateurs dont les idéologies pourraient continuer à démolir des acquis.

Six juges — dont les trois nommés par l’ex-président Trump — ont souscrit à l’idée selon laquelle l’interprétation juridique de 1973 était « complètement erronée ». « Le pouvoir de réglementer les avortements est donc retourné au peuple et à ses représentants élus », écrit la majorité. La Cour suprême démolit impunément des années d’âpres luttes pour protéger le droit à l’avortement. On sait malheureusement la sombre suite qui s’écrira pour les femmes : des cliniques fermeront, des citoyennes devront parcourir des milliers de kilomètres et payer des sommes — qu’elles n’auront pas — pour trouver un service, des manoeuvres illégales et dangereuses s’opéreront dans la clandestinité. Un véritable scénario d’horreur.

Ce jugement balafre des droits, mais il abrite un autre scandale, et c’est celui de ne pas s’accorder à la volonté des citoyens américains. Selon un récent sondage effectué par le Pew Research Center, 61 % des Américains croient que l’avortement devrait être légal dans toutes ou quelques situations ; à l’inverse, 37 % estiment que ça devrait être illégal dans toutes ou quelques situations. L’opinion des citoyens varie selon qu’on modifie quelques variables, comme le nombre de semaines de grossesse, par exemple. Avec ce recul sociétal immense, la Cour suprême s’inscrit donc en faux contre la volonté du peuple.

Jeudi, elle avait exprimé un autre jugement rétrograde et contraire au bon sens, en invalidant une loi new-yorkaise encadrant le port des armes, le tout en plein coeur d’un débat politique destiné pourtant à mener à l’issue contraire à l’échelle du pays. Et cela, à nouveau à l’encontre de la volonté de la majorité des citoyens, qui veulent des gestes concrets pour que diminue le nombre de décès par balle. À six juges contre trois, la Cour a déclaré non valide une loi qui venait imposer des limites au port d’une arme de poing dans l’espace public. Cette sortie rétrograde survient quelques semaines à peine après les tueries d’Uvalde et de Buffalo. Le 21 juin, des sénateurs démocrates et républicains avaient pourtant donné le signal d’une possible grande avancée en proposant un projet de loi, adopté vendredi, pour mieux baliser la vente d’armes.

Législatif, exécutif, judiciaire : trois pouvoirs valsent aux États-Unis dans des cadences distinctes et sur un fond de schisme entre le camp des démocrates et celui des conservateurs. Le pouvoir judiciaire, mené par une frange conservatrice décidée à rogner les progrès, vient de montrer jusqu’où il peut étendre son bras, redonnant aux États qui suivent sa gamme le loisir d’imposer en leurs frontières une loi conforme à leurs valeurs.

Ces jours-ci, la commission d’enquête sur le 6 janvier permet d’ausculter l’ampleur des dérives orchestrées par Donald Trump : il a inventé une mascarade aux allures de fraude électorale ; il a encouragé ses partisans à prendre d’assaut le Capitole ; il a tenté d’inféoder le pouvoir judiciaire en voulant le forcer à valider son mensonge. Cette impunité désinvolte et crasse constitue un legs bien malodorant dont les effluves s’étendent sur le pays et fragilisent les droits des citoyens.
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