Trump sauvé par son amateurisme?
LUC LALIBERTÉ
Mercredi, 13 juillet 2022 12:00
Nouvelles audiences publiques mardi et nouvelles informations qu’on dirait sorties tout droit de la tête d’un réalisateur dont la consommation de substances illicites serait hors de contrôle.
Une fois de plus, on constatait que le président et son entourage affichaient un profond mépris pour les faits et les institutions. Nous avons également pu constater que toute la «nébuleuse Trump» était à l’œuvre avant, pendant et après l’assaut sur le Capitole.
Une mafia dysfonctionnelle
Ainsi se sont succédé des extraits de tristes clowns ou d’agitateurs professionnels comme Rudy Giuliani, Sidney Powell, Alex Jones ou Roger Stone. Ce dernier était d’ailleurs acoquiné avec les Oath Keepers depuis un bon moment. Que du bon monde.
Non seulement les principaux acteurs du drame de janvier 2021 sont-ils presque tous des gens peu fréquentables, mais ils savaient pertinemment que ce qu’ils fomentaient était parfaitement illégal.
Il suffisait d’écouter les témoignages de l’ancien procureur général Barr ou ceux de l’ancien conseiller juridique de la Maison-Blanche Pat Cipollone pour s’en convaincre. Cipollone a répété à moult reprises qu’il n’y avait aucune évidence de fraude avant d’apprendre aux membres de la commission qu’il avait dû déconseiller à Trump de saisir des boîtes de scrutin!
Barr, Cipollone ou Eric Herschmann sont des républicains. Tous très conservateurs, ils savaient très bien que le président et ses sbires s’apprêtaient à franchir une ligne qu’aucune autre administration n’avait approchée.
Il y a déjà plusieurs semaines que nous savons que le 45e président et ses proches ont tenté de modifier le cours normal des choses. Pressions exercées sur des législatures d’État, multiplication de recours maladroits devant les tribunaux, désinformation à la puissance dix, plan d’obstruction élaboré avec des élus de la Chambre et tentative de forcer le vice-président à outrepasser ses pouvoirs.
Est-ce à dire que tout l’entourage présidentiel et Trump lui-même seront forcément accusés par la justice américaine? Non. Je le souhaite, mais, lorsqu’on songe à s’attaquer de la sorte au représentant du pouvoir exécutif, la barre est haute.
S’il est plus clair que jamais que Trump savait ce qu’il faisait, il faut maintenant démontrer que toute la séquence des événements résulte d’un complot ourdi par le président. De manière paradoxale, c’est peut-être l’amateurisme évident de l’impulsif populiste qui lui permettra d’éviter le tribunal.
Un complot?
Trump a souvent agi impulsivement, roulant les dés, grappillant ici et là des théories foireuses ou des manœuvres improvisées. Parviendra-t-on à dégager une structure de complot là où régnaient le chaos et l’improvisation?
Il y a peut-être une autre prise contre Trump, et c’est Liz Cheney qui s’est chargée de la présenter mardi. Donald Trump a tenté de joindre un témoin que nous n’avons pas encore vu ou entendu lors des audiences. Il pourrait s’être rendu coupable de manipulation de témoin. La commission a relayé cette information directement au département de la Justice.
Je ne manquerai pas les prochaines audiences publiques. Et vous?
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