Too Implausible for Hollywood

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Il y a peu, le président Biden invitait des historiens réputés à la Maison-Blanche. Soucieux de replacer la période actuelle dans une perspective plus large, il a donc sondé des sommités comme Jon Meacham, Sean Wilentz, Allida Black et Michael Beschloss.

Les historiens sont inquiets

Le verdict des experts ? Jamais depuis la veille de la guerre de Sécession, la démocratie américaine n’a été aussi vacillante. S’ils n’ont pas manqué de souligner les oppositions entre les régions et les courants idéologiques aux États-Unis, leur plus grande source d’inquiétude réside dans le leurre séduisant de l’autoritarisme.

Sean Wilentz, spécialiste du développement de la démocratie américaine avant 1860, n’a pas hésité à mentionner qu’on approchait dangereusement de ce qu’Alexander Hamilton appelait le gouvernement par la force brute.

Pourquoi ce détour par les avis d’un conseil de sages ? Parce que depuis l’arrivée sur la scène politique de Donald Trump et de son entourage, on a galvanisé les critiques de la classe politique et dédouané des extrémistes qui évoluaient dans la marge.

Canaliser le ressentiment pour le mettre au service d’un homme dont le comportement peut être associé à celui d’un parrain de la mafia, n’est pas sans risques. Le remède devient ainsi pire que le mal qu’on dénonce, et c’est pourquoi Trump et ses sbires doivent répondre de leurs actions devant les tribunaux.

La saisie historique du FBI à Mar-a-Lago n’est que le plus récent épisode d’une série qui fait rougir d’envie les scénaristes d’Hollywood. Jamais ils n’auraient osé aller aussi loin dans le crime, la turpitude et le mépris des institutions.

Nous ne savons pas encore sur quoi débouchera cette saisie, mais une chose est sûre : en conservant des documents classés secret-défense à Mar-a-Lago, le 45e président est déjà dans l’illégalité. Reste à voir la nature des documents retenus et leurs possibles liens avec une des autres enquêtes — ou procès — impliquant Trump.

Les partisans de l’ancien président ne manquent aucune occasion d’évoquer un complot politique ou l’intervention d’un État profond pour expliquer les déboires de leur gourou, mais c’est un raccourci trop facile ainsi qu’une vue de l’esprit.

Une présidence à nulle autre pareille

Aucun autre président ou aucune autre administration n’ont été aussi malhonnêtes ou mafieux. Au 20e siècle, seuls les noms de William Harding (1921-1923) et Richard Nixon (1969-1974) peuvent être mentionnés dans la même discussion et ils sont bien loin du compte.

Combien d’autres présidents ont évité de dénoncer les suprémacistes blancs, ont vu six membres de leur équipe être condamnés, ont exercé des pressions pour qu’on leur trouve des votes, ont demandé à ce qu’on saisisse des machines pour voter, ont tenté d’empêcher la certification des résultats d’une élection avant d’inciter leurs partisans à marcher sur le Capitole ?

Pour notre propre stabilité et sécurité, il faut espérer que les tribunaux américains continuent à exiger des redditions de compte. Si Trump n’est pas le premier président qui ait triché, il est sans conteste le pire. Vivement qu’on l’accuse et qu’on l’empêche de revenir.

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