Les «midterms», un test crucial pour le futur des Etats-Unis
ÉDITORIAL. Les élections de «midterm» n’auront pas seulement un impact sur la seconde moitié du mandat de Joe Biden, mais aussi sur la présidentielle de 2024, l’avenir du pays ainsi que la guerre en Ukraine
Avec la guerre en Ukraine, la démission abrupte de Liz Truss en Grande-Bretagne ou les craintes énergétiques en tête des préoccupations des Européens, les «midterms» ont tendance à être reléguées au second plan. Et pourtant, les élections de mi-mandat sont cruciales pour l’avenir des Etats-Unis. Voici pourquoi.
Il ne s’agit pas uniquement de constater comment démocrates et républicains se livrent des batailles parfois féroces dans les Etats pivots, comme en Pennsylvanie, pour rester ou devenir majoritaires à Washington.
Que les républicains parviennent à remporter une majorité au Congrès serait d’ailleurs logique: historiquement, le parti au pouvoir à la Maison-Blanche est sanctionné lors des «midterms». En 2010, sous Barack Obama, les démocrates avaient perdu 63 sièges à la Chambre des représentants et 6 au Sénat. Et deux ans après l’élection de Donald Trump, les républicains ont dû faire le deuil de 41 sièges à la Chambre basse.
Les interrogations se situent plutôt à un autre niveau: quel sera le pedigree des républicains qui feront leur entrée sous le Capitole ou accéderont au rang de gouverneur? Voilà qui revient à évoquer l’emprise de Donald Trump sur son parti, qui reste puissante malgré ses ennuis judiciaires multiples et son obstination à contester les résultats de la présidentielle de 2020.
Depuis 2021, des adeptes de mouvements complotistes, qui se répandent en théories les plus insensées et brandissent la menace d’une nouvelle guerre civile, ont fait leur entrée au Congrès. Le profil de certains candidats, ces républicains MAGA (Make America Great Again) que Joe Biden qualifie de «dangers pour la démocratie», a de quoi inquiéter. Des individus qui cautionnent l’attaque du Capitole pourraient bien se faire élire.
L’enjeu véritable de ces élections se concentre donc sur les répercussions qu’elles auront sur la présidentielle de 2024. Prenons Doug Mastriano par exemple. Ce trumpiste qui vise le poste de gouverneur en Pennsylvanie a déjà assuré une chose: s’il était élu, il pourrait nommer des grands électeurs républicains même si la majorité de l’Etat votait démocrate en 2024. En clair: il menace ouvertement de ne pas respecter la volonté populaire et de bafouer l’intégrité du processus électoral.
Ces «midterms» sont donc bien davantage qu’un référendum sur Joe Biden, dont la fin de mandat s’avérera forcément compliquée si les républicains gagnent en importance au Congrès. Elles ont aussi valeur de référendum sur Trump, et surtout de test pour la démocratie. Ses résultats auront des répercussions significatives: ils façonneront l’Amérique de demain et sa relation au monde, notamment la question du soutien à l’Ukraine victime de l’impérialisme russe.
Leave a Reply
You must be logged in to post a comment.