Crimes contre la démocratie
« Menteur ! » « Bandit ! » « Tu prends du Viagra ? » « Va te faire exorciser ! » Voici résumé, en quelques diatribes, le dernier débat télévisé entre Lula et Jair Bolsonaro, les deux finalistes de l’élection présidentielle brésilienne. Caricature ? Malheureusement non : la huitième puissance économique mondiale s’apprête à élire aujourd’hui son chef de l’État et il n’a quasiment jamais été question, au cours de la campagne, de projets, d’idées, d’options économiques ou géopolitiques.
Violence des mots au Brésil, violence des actes aux États-Unis. À dix jours des élections de mi-mandat qui verront le renouvellement complet de la Chambre des représentants, la présidente de cette assemblée, Nancy Pelosi, a été visée par une attaque au marteau à son domicile de San Francisco. L’élue démocrate était absente, c’est son mari, Paul, âgé de 82 ans, qui a été grièvement blessé. Son agresseur se réclame de la mouvance complotiste Qanon, celle-là même qui avait initié, avec la bénédiction de Donald Trump, l’invasion du Congrès.
Le Brésil, comme les États-Unis, demeurent, sur le plan institutionnel, d’authentiques démocraties. Pour combien de temps encore ? À ce stade de dégénérescence des mœurs politiques, ce ne sont pas les idées de Bolsonaro et Trump qui posent problème mais leur conception amorale de la conquête et de l’exercice du pouvoir. Avec eux, l’insulte, le mensonge et la désinformation tendent à se banaliser, à devenir des normes qui, peu à peu, empoisonnent les esprits. Ces hommes sont coupables de crimes répétés contre la démocratie. C’est pourquoi, même si pour eux une élection perdue est forcément truquée, ils doivent impérativement être battus lors des deux scrutins qui s’annoncent.
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