Discours sur l’état de l’Union: premier discours de la campagne 2024 pour Biden
Si Joe Biden laisse planer le suspense en n’annonçant pas immédiatement sa candidature pour la présidentielle 2024, son discours ne laissait planer aucun doute sur son désir d’en découdre.
Au-delà des attentes
Depuis 2008, année où il affronte Barack Obama avant de devenir son colistier, je ne compte plus le nombre de ses discours ou de ses conférences de presse pour lesquelles j’ai eu à commenter dans les médias. Sa performance d’hier figure avantageusement dans la liste.
Alors que ses adversaires ne ratent aucune occasion d’insister sur son âge, ses capacités physiques ou l’acuité de ses fonctions cognitives, le président est demeuré concentré, déterminé et vigoureux.
À de nombreuses reprises, il a alterné entre l’humour, la compassion, l’autorité et le défi. À la limite un brin «baveux», il a piqué les éléments extrêmes parmi les élus républicains. Devant les insultes, il a affiché son sourire le plus confiant, l’air de dire «bring it on», amenez-vous!
Sur le fond, il est intervenu là où on l’attendait. Une portion généreuse de son discours fut réservée à l’économie. Ses réalisations sont bien réelles et il se doit de marteler le message.
Au sujet du débat entourant le relèvement du plafond de la dette, il s’est assuré de placer les républicains sur la défensive, les défiant de ne pas toucher au programme Medicare ainsi qu’à la sécurité sociale.
Autre moment fort du discours et possible piège, le sujet de la brutalité policière. Habile, Biden a souligné le travail difficile des policiers américains qui constituent le dernier rempart d’une société qui peine à régler bien des problèmes menant à des interventions policières. Si une réforme de la formation est souhaitable, on doit réfléchir à la violence qui sévit trop souvent au pays.
S’il a réservé moins de temps aux questions internationales, Joe Biden s’est assuré de présenter les États-Unis comme un soutien indéfectible aux démocraties, soulignant ici aussi les efforts positifs de son administration dans le dossier de l’invasion ukrainienne.
Ce ne sera peut-être pas assez
Même si son discours d’hier était un sans fautes, on peut se demander si ce sera suffisant pour relancer les espoirs et modifier durablement les perceptions. L’opinion publique évolue peu depuis des mois.
Si le contexte de la dernière campagne lui a été favorable, il ne pourra cette fois se contenter de prononcer des discours assis confortablement dans le sous-sol de sa résidence du Delaware.
Je l’imagine difficilement multiplier les apparitions dans de multiples États à l’intérieur d’une même journée. Hier soir, il avait eu le temps de maîtriser le contenu et la forme du discours, la brutalité et la rapidité d’une campagne électorale ne lui offriront pas ce luxe.
Malgré une performance louable depuis janvier 2023, comme plusieurs de ses concitoyens et des membres de sa formation politique, je ne crois pas qu’il soit apte à terminer le travail, «finish the job» comme il l’a constamment répété hier soir.
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