The American Giant’s Feet of Clay

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Alors que le leadership international des États-Unis est plus essentiel que jamais, la course à la présidence pour 2024 risque fort de gâter la sauce.

Dans ses déclarations récentes, le gouverneur républicain de la Floride et candidat pressenti à la présidence, Ron DeSantis, n’a pas hésité à remettre en cause la politique bipartisane d’appui à l’Ukraine pour séduire la base isolationniste de son parti.

En cette période marquée par une partisanerie de plus en plus toxique aux États-Unis, le consensus nécessaire à une politique étrangère solide et fiable sera difficile à maintenir.

Les républicains divisés

Pour le moment, la plupart des républicains du Congrès suivent la ligne traditionnelle de leur parti qui considère les États-Unis comme un pilier inébranlable de l’Alliance atlantique et du système économique international libéral.

Aujourd’hui, les candidats républicains doivent toutefois composer avec la nouvelle base isolationniste du parti, rendue incontournable par l’ascension de Donald Trump. C’est cette base trumpiste, hostile à tout engagement des États-Unis envers l’Europe et envers l’ordre international libéral, qu’il faut désormais séduire pour devenir candidat républicain.

En plus, Vladimir Poutine s’est immiscé dans la « guerre culturelle » américaine en s’autoproclamant défenseur des valeurs chrétiennes traditionnelles contre la déchéance libérale. Il y a définitivement une audience réceptive au Parti républicain pour une politique je-m’en-foutiste face à l’Ukraine ou même sympathique à Poutine.

L’ennemi, c’est Biden

Les déclarations de Ron DeSantis sur l’Ukraine détonnent avec les prises de position antérieures de l’ex-représentant au Congrès, qui prônait jadis la fermeté contre la menace russe en Europe.

DeSantis qualifie la politique de Biden de « chèque en blanc » en faveur de l’Ukraine, indiquant qu’il serait enclin à fermer le robinet de l’aide militaire. Il nie que la Russie représente une menace aux alliés européens de l’OTAN et il jette carrément le blâme sur Biden pour l’invasion russe. Il n’hésite pas non plus à mélanger l’engagement envers l’Ukraine avec les points chauds de la politique américaine, dont la sécurité aux frontières et la soi-disant inaction de l’administration Biden après le déraillement en Ohio.

Mauvais augure

Comme l’ennemi c’est Biden et que tout est la faute de Biden, l’appui des républicains à une politique d’engagement ferme pour l’Ukraine va nécessairement en souffrir, puisque c’est la politique de Biden.

Les candidats à l’investiture républicaine auront naturellement tendance à prendre leurs distances par rapport au président. Il deviendra donc difficile pour les États-Unis de continuer à exercer le remarquable leadership que Joe Biden a su démontrer depuis l’invasion de l’Ukraine. Ça n’aidera pas ses vis-à-vis européens à vaincre les résistances de leurs publics respectifs face à la poursuite de leur engagement.

Ce recul du leadership américain se fera aussi sentir sur le front économique, car les républicains n’hésiteront pas à faire de la petite politique avec le rehaussement du plafond de la dette. En immigration, la partisanerie continuera à envenimer un dossier qui a de profondes répercussions chez nous.

Dans la bataille pour la survie de l’Ukraine et la pérennité de la démocratie en Europe – et aussi dans bien d’autres domaines – l’affaiblissement du leadership américain en raison de la partisanerie toxique est un risque réel pour tous les partenaires des États-Unis.

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