Dans l’affaire des documents, la défense de Donald Trump repose sur un tissu de mensonges. Sa seule planche de salut se trouve dans l’arène politique.
Ça y est, Trump devra faire face à la justice criminelle fédérale. Les faits révélés dans l’acte d’accusation sont implacables. Sur le plan juridique, pour citer son ancien ministre de la Justice Bill Barr, Trump est «toast».
Pour s’en tirer, il devra compter sur ses principaux atouts: la polarisation politique, sa capacité de faire avaler ses mensonges à ses partisans et son aptitude pour alimenter le cynisme.
Acte d’accusation bétonné
Trump fait face à 37 chefs d’accusation, notamment pour possession et rétention de documents sensibles pour la sécurité nationale et pour entraves à la justice.
Pratiquement tous les arguments de Trump pour justifier ses actions sont réfutés dans l’acte d’accusation, qui cite les paroles de l’ex-président lui-même, avec enregistrements à la clé.
Trump prétend qu’on le traite injustement parce que Joe Biden et Mike Pence ont aussi été surpris avec des documents classifiés. C’est ridicule. Biden et Pence avaient conservé ces documents par mégarde et ils ont été promptement restitués. Trump a agi sciemment et il a refusé de retourner plusieurs documents après de multiples mises en demeure.
Écouler l’horloge et semer le doute
Une des planches de salut de Trump, si l’affaire s’éternise, est d’être élu président et d’ordonner la fin du procès ou de se gracier lui-même. Il dispose de plusieurs atouts pour étirer la durée du procès ou même le repousser après novembre 2024.
Le hasard a désigné la juge Aileen Cannon pour mener ce procès. Celle-ci a déjà démontré un préjugé manifeste pour Trump pendant l’enquête préliminaire, mais pour les trumpistes, les règles d’éthique ne s’appliquent qu’aux autres.
L’autre pilier de la stratégie de Trump est de marteler ses mensonges en accusant Joe Biden et Hillary Clinton.
Comme les jurés viendront d’une région plutôt favorable à Trump et qu’ils auront été exposés au déluge de désinformation entourant l’affaire, le scénario d’un procès avorté ou d’un acquittement si un juré s’accroche au «doute raisonnable» est envisageable.
Dangereux cirque politique
La polarisation politique donne à Trump un avantage important, alors que de nombreux républicains se rallient à sa défense sous prétexte que Joe Biden tire les ficelles derrière ces accusations.
Certains républicains doutent de la sagesse d’appuyer un candidat aussi lourdement compromis et semblent prêts à se soustraire du culte de la personnalité qu’est devenu leur parti, mais l’ex-président dispose de suffisamment d’appuis pour leur résister. Les démocrates, pour leur part, restent sur la touche pour éviter d’alimenter la perception qu’ils ont eux-mêmes fabriqué cette crise.
Trump déploie ses incontestables talents de showman pour monopoliser l’attention et enterrer ses critiques. Par-dessus tout, son arme secrète est le cynisme qui incite une partie importante de l’électorat à croire que Trump n’est pas pire que les autres politiciens.
Dans ce cirque politique malsain, Trump pourra probablement remporter l’investiture républicaine malgré ses déboires judiciaires. Le cas échéant, la polarisation poussera les partisans républicains à se rallier derrière lui, mais c’est le cynisme – ce cancer de la démocratie – qui lui donnera une chance de conquérir le centre de l’électorat.
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