When 2 Americas Face Off in Debate

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Quand deux Amérique s’affrontent dans un débat

Les gouverneurs Ron DeSantis et Gavin Newsom ont eu l’étrange idée de vouloir débattre pour défendre leurs visions politiques des deux États qui n’ont pas grand-chose en commun, la Floride et la Californie.

Fox News les a pris au mot et le résultat de jeudi soir a été représentatif de la politique américaine à moins d’un an de l’élection présidentielle.

Sur le papier, ce débat entre deux gouverneurs si opposés sur le spectre politique, et représentants d’États diamétralement opposés sur tous les plans, allait offrir une collision de deux visions différentes des États-Unis. La différence principale entre les deux hommes? L’un est candidat pour l’investiture présidentielle de 2024, l’autre pas. Enfin, en principe.

Le premier peine à démontrer qu’il peut durer dans une course à la Maison-Blanche presque pipée puisque sa victoire semble illusoire, et le deuxième peine à faire taire les soupçons de défi face à Joe Biden. Malgré le fait que le premier a 45 ans et le second 56 ans, bien plus jeunes que les candidats présumés républicain et démocrate de 2024, âgés respectivement de 81 et de 77 ans.

À droite, le gouverneur de l’État rouge trumpiste, Ron DeSantis, et à gauche le symbole que la droite adore détester, le gouverneur de l’État bleu par excellence, Gavin Newsom. Même sur la carte géographique américaine, il n’y a pas deux États plus différents que la Floride et la Californie. Le seul point commun entre les deux demeure le fait d’être bordé par un océan.

Des États plus désunis que jamais

En pratique, arbitré sans surprise par Sean Hannity, l’animateur de Fox News, un conservateur qui n’a jamais caché son soutien à Donald Trump, ce débat que certains rêvaient de voir pour la véritable élection présidentielle de 2024 a vraiment donné lieu à quelques réflexions intéressantes sur l’état de la politique américaine à un peu moins d’un an de la course à la Maison-Blanche.

D’abord, cette joute politique a vite tourné à la cacophonie, vraiment à l’image de la politique américaine ultra polarisée où chacun livre son message comme une cassette avec les trois ou quatre points que chacun veut répéter à satiété, peu importe qu’ils soient vérifiés, vérifiables ou pas.

Deuxièmement, ces deux États sont loin de représenter vraiment la quintessence des États-Unis. À devoir choisir entre la Californie bleue et la Floride rouge, les électeurs du Midwest, du sud du pays ou même des États du nord ont probablement trouvé peu de choses inspirantes dans ce débat spectacle de Fox News.

Taux de criminalité, gestion de la crise des migrants ou de la pandémie, nombre de victimes de fusillades, droits des parents dans le milieu de l’éducation, accès à l’avortement, tout y est passé. Autant DeSantis que Newsom ont énuméré des statistiques pour prouver qu’ils avaient une meilleure façon de régler les problèmes dans leur État. Sur tous ces sujets, les spectateurs n’auront pas appris grand-chose susceptible de changer leur affiliation politique.

Le chant du cygne de DeSantis?

S’il y avait une personne qui avait tout à perdre dans cet événement médiatique, c’est bien Ron DeSantis. Providentiel sérieux adversaire de Donald Trump il y a un an, le gouverneur de la Floride se présentait comme un candidat potentiel capable de fédérer la foule de partisans MAGA (Make America Great Again) et obtenir l’investiture du Parti républicain. Une sorte de Trump sans les casseroles et les poursuites devant les tribunaux qui pourrait battre facilement Joe Biden ou tout autre candidat démocrate.

Ayant remporté facilement et haut la main un deuxième mandat comme homme fort de la Floride, DeSantis s’est révélé plutôt faible depuis son lancement de campagne chaotique sur X en compagnie d’Elon Musk. Très vite dépassé par les attaques fulgurantes de celui qui l’avait soutenu en 2018 dans sa course au poste de gouverneur de son État, le Floridien n’en finit pas de chuter dans les sondages et est incapable de se faire valoir contre l’ex-président Trump.

Peu habile dans ce qu’on appelle aux États-Unis, la retail politics, cette capacité de communiquer et d’agir avec empathie avec les électeurs, Ron DeSantis a offert dans ce débat un peu surréaliste, encore une fois, une prestation qui ne changera pas grand-chose dans cette course républicaine à la Maison-Blanche. Surtout qu’il n’arrive pas à détrôner le champion toute catégorie des républicains qui ne daigne même pas débattre avec ses concurrents, Donald Trump.

Que veut Gavin Newsom?

La grande question demeure : que cherche Gavin Newsom en participant à ce genre de spectacle? Veut-il prouver qu’il serait bien meilleur qu’un Joe Biden hésitant, parfois confus face à un DeSantis plus vigoureux, pas forcément bon débatteur, mais plus vif sur les réponses et invectives. Ou démontrer qu’il serait plus pugnace face à un Donald Trump revanchard qui veut reprendre son fauteuil de président qu’il a perdu en 2020?

Sa participation à ce débat de Fox ne peut faire abstraction des sondages récents qui ont montré que les électeurs craignent que Joe Biden soit trop vieux pour le poste et qu’ils désapprouvent sa vice-présidente, Kamala Harris.

Peu de démocrates pensent que le Californien Newsom se présentera en 2024. Le calendrier des primaires est d’ailleurs bouclé un peu partout pour éviter des surprises. À moins d’un événement imprévu qui obligerait Joe Biden à se retirer de la course.

Quelles que soient les spéculations entourant les ambitions de Newsom, les démocrates insistent sur le fait que sa défense vigoureuse du président démocrate actuel et des valeurs du parti a fait de lui un atout pour la Maison-Blanche et les efforts de réélection du président. Après tout, le gouverneur californien est l’un des coprésidents officiels du comité de campagne de la réélection de Joe Biden.

N’empêche, le flamboyant Californien s’est bâti un profil national, en grande partie en portant son message progressiste directement dans des États rouges comme la Floride. Questionné sur ses ambitions pour 2024 par l’animateur de Fox News, Newsom n’a fait que répéter ce qu’il dit depuis le début : Joe Biden sera réélu face à Donald Trump.

Était-ce donc un débat insignifiant politiquement entre deux candidats qui ne seront pas de la course de 2024? L’avenir nous le dira.

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