Ça ne lui arrive pas si souvent, alors il faut le noter : le président Joe Biden a eu un très bon mois de mars. Peut-être pas assez pour renverser la vapeur, mais suffisant pour que plusieurs sondages nationaux indiquent qu’il pourrait remporter une victoire serrée contre Donald Trump.
Il n’y a pas de quoi aller parier toutes ses économies, et l’élection du 5 novembre est encore loin, mais il est certain que M. Biden est aujourd’hui en bien meilleure posture qu’il y a encore un mois.
Tout a commencé avec le discours sur l’état de l’Union du 7 mars. Avec son discours énergique et vigoureux, le président Biden en a surpris plus d’un. Cette figure imposée de la politique américaine est rarement un moment déterminant, même en année électorale.
Mais c’était tout de même une étape importante pour M. Biden afin de rassurer son propre parti. Alors que ses adversaires le décrivent souvent comme un vieillard presque sénile et incapable d’assumer les fonctions de président, il s’est montré sous un bien meilleur jour, si bien que plus personne, chez les démocrates, ne s’inquiète de sa capacité à mener une campagne présidentielle.
Il a également réussi à se distinguer de Donald Trump en parlant des valeurs essentielles de l’Amérique qui sont l’honnêteté, la décence, la dignité et l’égalité, ce qui donne le ton de sa campagne en vue de l’élection de novembre. Rien de très nouveau, mais un angle d’attaque qui plaît aux troupes démocrates.
Rien de bien spectaculaire, donc, mais on peut dire que Joe Biden s’est bien remis en selle.
Pendant ce temps, Donald Trump jouait à « qui perd gagne » devant les tribunaux. Il a réussi à faire remettre, probablement après l’élection, trois des quatre causes criminelles dont il est l’accusé. La plus sérieuse, la tentative d’ingérence électorale en Géorgie, ne sera sans doute pas entendue avant l’élection de novembre.
Mais un procès criminel devra avoir lieu pour une infraction plutôt gênante : soit d’avoir falsifié les livres comptables d’une de ses sociétés afin de masquer le versement d’une somme de 130 000 $ à une actrice porno pour qu’elle garde le silence à propos d’une liaison qu’il aurait eue avec elle en 2006, alors qu’il était marié avec Melania Trump. M. Trump a toujours nié les faits.
Mais ce genre d’histoire, qui fait les délices des journaux qu’on vend dans les supermarchés, n’est quand même pas très bon pour la réputation de celui qui veut être le candidat préféré de la droite religieuse, très puissante au Parti républicain.
Il deviendra donc, le 15 avril, le premier ex-président de l’histoire des États-Unis à avoir un procès criminel. Dans cette affaire, il est tout de même passible de jusqu’à quatre ans de prison s’il est reconnu coupable.
Ses autres causes judiciaires ne devraient pas être entendues avant l’élection de novembre, mais elles pourraient quand même nuire à l’ex-président pendant la campagne électorale.
Ainsi, M. Trump a été sauvé in extremis par la Cour d’appel de l’État de New York, qui a réduit la caution qu’il devait verser de près d’un demi-milliard de dollars à 175 millions, une garantie en attendant une décision finale des tribunaux dans une affaire civile de fraude présumée. L’ancien président est accusé d’avoir gonflé la valeur de ses propriétés, notamment pour obtenir des prêts plus favorables.
Mais M. Trump n’était pas en mesure de verser la caution de 464 millions, même s’il a frappé à la porte de toutes les institutions financières spécialisées en garanties. Il devra réunir les 175 millions d’ici la fin de la semaine prochaine.
Cela montre, à tout le moins, qu’il n’est pas aussi riche qu’il le prétend, une richesse pourtant au cœur même de son mythe fondateur. L’ancien président a même affirmé qu’on essayait de l’empêcher d’utiliser son propre argent pour sa campagne électorale, ce qu’il s’était toujours refusé à faire jusqu’à présent.
Bref, quelle que soit la décision finale des tribunaux dans cette affaire, il y a eu un dommage réel à la réputation de M. Trump par le simple fait qu’il se retrouve dans le rôle de l’accusé devant les tribunaux. Ce qui fait qu’il n’a pas eu un bon mois de mars.
Les sondages reflètent cela. La moyenne des sondages du site web Real Clear Politics1 donnait l’avance à M. Trump depuis l’automne dernier. Or, l’avantage en faveur de M. Trump n’est plus aujourd’hui que de 1,6 %, après avoir atteint jusqu’à 4 % au cours des derniers mois.
Cela peut sembler une bien faible marge, mais les élections américaines se décident presque toujours par une faible marge. La dernière victoire « facile » d’un candidat a été celle de George H. W. Bush en 1988, avec 53,5 % des voix contre 45,7 % pour son adversaire.
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