Can We Accept the Election Results, Period?

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Maintenant que Trump est condamné au criminel, la grande question est encore plus pertinente : les républicains vont-ils reconnaître l’issue du vote de novembre prochain ?

Rarement dans l’ère moderne a-t-on vu une course à la vice-présidence aussi ouverte et publique que celle qui se déroule depuis quelques semaines au Parti républicain. Gouverneurs, sénateurs et représentants se bousculent pour démontrer la même chose : qu’ils sont la meilleure option de colistier pour Donald Trump.

La façon que tous emploient pour y parvenir est de faire preuve de la qualité première recherchée par Trump en 2024 : la loyauté. Que bon nombre ont tôt fait de démontrer à nouveau dans les minutes et les heures qui ont suivi le jugement historique de jeudi.

Car, encore plus aujourd’hui qu’avant la condamnation pour les 34 chefs d’accusation dont il faisait l’objet, Trump, maintenant criminel confirmé, jouera la carte de l’élection truquée en faveur des démocrates. Quiconque croira le contraire n’aura aucune chance d’être l’heureux appelé à ses côtés.

Quatre ans après sa défaite de 2020, Donald Trump se considère toujours comme une « victime » du manque de loyauté de son ex-vice-président, Mike Pence, qui avait osé lui tenir tête en certifiant les résultats électoraux devant le Congrès le 6 janvier 2021.

Cette dynamique aussi inusitée que toxique pousse aujourd’hui ces aspirants à refuser de dire si eux reconnaîtraient les résultats de l’élection de 2024.

Le cas sans doute le plus flagrant s’est produit au début du mois lorsque le sénateur républicain Tim Scott, que l’on croit sur la liste restreinte de Trump, s’est fait talonner par une animatrice du réseau NBC sur la question. Scott, qui avait voté pour la certification des résultats de 2020, n’avait que cette phrase, apprise par cœur, à répéter : « Donald Trump sera le 47e président des États-Unis. »

Une manœuvre plus politiquement « habile » a été employée par un collègue de Scott et autre plausible candidat vice-présidentiel, le sénateur Marco Rubio, lorsqu’il a eu à s’engager à respecter les résultats du scrutin de novembre. Tout en refusant de le faire, Rubio a rétorqué que ce n’était pas à lui, mais bien aux démocrates, que la question devait être posée.

Le raisonnement de Rubio n’est pas sans fondement, au contraire. Il est bel et bien vrai que plusieurs politiciens démocrates majeurs ont activement miné la confiance dans les élections quand ces dernières n’avaient pas produit le résultat espéré.

Il est vrai, comme Rubio l’a souligné, que Hillary Clinton, après s’être fait pousser par Barack Obama à reconnaître officiellement sa défaite en novembre 2016 face à Trump, a passé les années suivantes à le qualifier publiquement de président « illégitime ».

Tout comme il est vrai qu’après avoir perdu l’élection au poste de gouverneure de la Géorgie en 2018, la démocrate Stacey Abrams a refusé de reconnaître son revers et la légitimité du républicain, Brian Kemp, qui l’avait battue. Résultat : quatre ans plus tard, les démocrates de la Géorgie ont à nouveau choisi Abrams comme candidate au poste de gouverneure. (Abrams a encore perdu, mais elle a cette fois concédé la victoire — la marge de défaite étant environ cinq fois plus grande qu’en 2018.)

Et plusieurs membres démocrates du Congrès, dont certains toujours en poste aujourd’hui, avaient voté contre la reconnaissance des victoires du républicain George W. Bush en 2000 et 2004.

Cette dynamique se trouve au cœur d’un récent échange particulièrement intéressant entre deux personnalités médiatiques majeures aux États-Unis, Bill Maher et Megyn Kelly. Les deux sont à la fois indépendants d’esprit et associés à un côté de l’échiquier politique — Maher à gauche, Kelly à droite.

Maher, disant appuyer Biden d’abord en raison de la menace démocratique que représente Trump, tentait d’obtenir de Kelly un aveu de la gravité du déni électoral de Trump. La réponse de Kelly : elle n’approuve pas les actions de Trump, mais, comme Rubio, elle accorde une crédibilité limitée aux critiques des démocrates.

Lorsqu’elle a à son tour cité les sorties de Clinton sur l’« illégitimité » de Trump, Maher avait l’air de n’en avoir sincèrement jamais eu vent — alors qu’elles ont bel et bien eu lieu.

L’extrême polarisation de l’électorat au cours des 20 dernières années risque de mener tôt ou tard à la difficulté d’accepter la défaite pour le camp perdant, quel qu’il soit et quels que soient les doutes (l’ingérence russe, par exemple, ou les modifications des règles électorales dans certains États à la suite de la pandémie en 2020).

Mais il existe des procédures institutionnelles pour les demandes de recomptage. Une fois que celles-ci ont été mises en œuvre, tout ce qu’il reste à faire est d’accepter les résultats. Point.

De plus, que des républicains se servent aussi cyniquement des exemples de Hillary Clinton ou de Stacey Abrams, notamment pour cacher la singulière menace que représente Trump pour la démocratie, ne devrait pas nous faire perdre de vue cette dernière.

Cela s’applique non seulement aux élus des deux camps respectifs, mais également à leurs électeurs.

Quand le réseau CBS a sondé, à la mi-mai, les électeurs de l’Arizona — l’État avec le plus petit écart entre les deux candidats à la grandeur du pays en 2020 — sur ce qui devrait être fait à la suite de l’annonce des résultats électoraux en novembre 2024, les réponses ont été saisissantes.

Chez les électeurs de Joe Biden, plus de 80 % ont dit que l’on devrait respecter les résultats, peu importe ce qu’ils allaient être. Les électeurs de Trump étaient divisés : 47 % pour l’acceptation des résultats, 47 % pour la contestation de ces derniers.

Prétendre que les démocrates se comportent aussi mal que les républicains en matière de reconnaissance des résultats électoraux est une fausse équivalence. Mais prétendre que les démocrates ont les mains blanches en la matière est un mensonge.

Et dans le contexte d’un tel affront aux normes démocratiques venant d’un acteur aussi influent et puissant qu’un ancien (et peut-être futur) président, les critiques se doivent d’être irréprochables. Elles ne doivent pas pouvoir être décrédibilisées.

L’automne dernier, j’écrivais ici au sujet de « l’anormal qui devenait normal » à l’ère Trump. Sur aucun enjeu n’est-ce aussi dangereux que le plus fondamental qui soit pour la survie de la démocratie : le respect des résultats électoraux et le transfert pacifique des pouvoirs.

Avant Trump, la remise en question de ces concepts aurait été considérée comme une hérésie non seulement antidémocratique, mais profondément antiaméricaine — ce qu’elle est.

En 2024, elle est en voie de se normaliser. Comme l’idée qu’un criminel soit le candidat préféré des républicains.

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