How Joe Biden Confronts Benjamin Netanyahu with His Paradoxes

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A la fois chef d’Etat et candidat d’une campagne permanente visant à lui permettre d’échapper à des procédures judiciaires, le premier ministre israélien doit aujourd’hui décider comment se positionner face au plan de trêve présenté par Joe Biden

Depuis des années, Israël est mené par un homme qui est un premier ministre en exercice tout en agissant comme un politicien en campagne permanente. Benyamin Netanyahou n’a reculé devant aucune alliance, avec les ultra-orthodoxes ou la droite nationaliste, pour rester au pouvoir et maintenir son immunité alors qu’il est poursuivi par la justice dans diverses affaires de corruption. Aujourd’hui, sa gouvernance est d’autant plus contestée que de très nombreux Israéliens le tiennent pour responsable de l’échec sécuritaire du 7 octobre. Si le premier ministre louvoie depuis des mois sur les concessions que son pays est prêt à faire pour conclure la guerre, ce n’est donc pas qu’en raison de la complexité des négociations avec le Hamas ou des objectifs militaires. C’est aussi parce qu’il cherche à faire reculer le moment d’élections qui pourraient lui être défavorables.

Mais vendredi, Netanyahou a été mis au pied du mur par le seul homme capable de mettre fin à l’offensive israélienne: Joe Biden. Le président américain a proposé pour la première fois une feuille de route en trois étapes, qui a reçu un accueil favorable du Hamas. Inspirée du plan israélien, insistait Biden vendredi, elle prévoit une pause de deux fois six semaines prolongeable, lors de laquelle les 84 captifs israéliens vivants, civils et militaires, seraient progressivement libérés en échange du retour des déplacés de Gaza, puis du retrait total de l’armée israélienne et du relâchement de prisonniers palestiniens. S’ensuivrait la restitution des dépouilles des 37 Israéliens décédés en captivité avant que ne commence la reconstruction de la bande de Gaza.

Une coalition au bord de l’implosion

Que va faire Netanyahou alors que les enjeux se multiplient? L’offensive dans Gaza n’a permis ni de libérer les otages, ni de capturer le chef du Hamas à Gaza, Yahya Sinwar, ou d’anéantir le Hamas, comme espéré. Le front nord du Liban menace de s’embraser. La réputation internationale d’Israël est en chute libre. Et la normalisation des relations avec l’Arabie saoudite, sur laquelle la Maison-Blanche a travaillé des années, se trouve aujourd’hui en péril, comme le rappellent les Américains avec insistance ces dernières semaines. Enfin, un refus détériorerait encore la relation avec un Joe Biden sous pression, alors qu’il est accusé d’inaction par son propre camp et attaqué par les défenseurs acharnés d’Israël à cinq mois des élections du 5 novembre.

En même temps, la coalition formée avec peine par Netanyahou menace d’imploser: deux ministres d’extrême droite qui l’ont intégrée, Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir, ont menacé de quitter le gouvernement si Netanyahou donnait suite à la proposition américaine. Le premier ministre israélien, qui pourrait être tenté de dissoudre lui-même le parlement pour garder l’initiative, choisira-t-il d’agir en chef d’Etat ou en politicien? De cette question qui agite ses compatriotes dépend la vie de milliers de civils de Gaza.

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