États-Unis : Face au bulldozer Donald Trump, l’impossible remontada de Kamala Harris ?
TRIBUNE. Malgré le désistement de Joe Biden en faveur de Kamala Harris, il sera difficile pour le camp démocrate de rattraper son retard, analyse le géopolitologue Sébastien Boussois. Aux yeux des électeurs, Donald Trump est le seul qui permette de sauver l’Occident face au « droit-de-l’hommisme ».
Finalement, il n’aura fallu que quelques jours, pour que Joe Biden, l’actuel président des États-Unis cède à la pression non seulement du peuple américain mais également des pontes qui comptent au parti Démocrate, pour retirer sa candidature, Pelosi et Obama en tête. C’eut été, face à ses trébuchements multiples depuis des mois, une erreur d’appréciation et de casting fondamental, pour un parti en peine à concurrencer Donald Trump pour la présidentielle de novembre prochain, que de poursuivre sur ce chemin du Golgotha.
Se représenter eut été une gageure, pire un suicide : celui d’un homme, portant les stigmates, mais aussi celui d’une organisation politique qui a pour tradition de rester jusqu’au dernier moment derrière le dirigeant faisant office. Mais le Covid-19 de Biden a eu raison de son entêtement : tout comme ses ratés depuis des semaines sur la scène internationale, qui finissaient par le ridiculiser. Désormais, ils seront tous derrière l’effacée Kamala Harris, l’actuelle vice-présidente.
Attention : Joe Biden a été un grand homme d’État américain, à la manœuvre depuis des décennies mais il faut savoir à un moment tourner la page et raccrocher les gants. De plus, le bilan de Biden, en particulier économique, est loin d’être une honte pour l’administration actuelle, surtout depuis la fin de la pandémie.
Au contraire, l’économie américaine va plutôt bien dans un contexte mondial morose, d’ailleurs au détriment de ses « partenaires » notamment européens. Mais sur le plan international, c’est beaucoup moins glorieux : ratés multiples en termes d’images lors des derniers barnums internationaux, manque de leadership mondial lié à la fragilité de Biden qui a décomplexé nombre de dirigeants dont Poutine et Jiping, tergiversations sur la situation en Ukraine et l’avenir du soutien occidental, accusations depuis le 7 octobre de n’être jamais assez pro-israélien et plutôt pro-keffieh, accusation enfin de se concentrer sur le monde entier (avec maladresse et inefficience) plutôt que sur l’Amérique elle-même. C’est là, face à la fin de règne de l’ère Obama incarnée par l’administration Biden, que Donald Trump a déjà tout réussi. Il suffit de voir ses derniers meetings : ce n’est plus un show à l’américaine, c’est un véritable péplumsaux relents mystiques !
Élu en 2016, contre tous, contre les médias, contre l’establishment, le nouveau candidat républicain, renaît de ses cendres, à chaque tentative d’en finir avec lui. Qu’elle soit politique, médiatique, juridique ou même humaine, rien n’y fait : Trump, est un warrior, un super-héros Marvel, celui qui dispose à la mode d’Harry Potter, d’une cape d’invisibilité, qui le rend sur-humain. Les Américains rêvent de ça et ils l’ont en personne : Donald Trump, qui a survécu à une première présidence, à des affaires juridiques sans fin dont il vient en partie de sortir, et enfin, comme dans un bon scénario hollywoodien, à une tentative d’assassinat.
Mais il est toujours là, pansement à l’oreille comme ses millions d’aficionados : fort de son bilan, du protectionnisme qu’il affectionne tant, du MAOGA, nouvelle version rose bonbon du « Make America Great Again » (MAGA) qui a fait son succès en 2016, et de ses prétentions en politique étrangère qui ne devraient pas susciter que des ricanements. Qu’on l’aime ou pas, il représente un virage dans les démocraties occidentales : moitié démocrate, moitié autoritaire, moitié homme moitié robot, il a compris qu’il fallait parler d’homme à homme, face aux régimes qui nous menacent, voire à s’arranger avec eux.
Trump, est une menace pour l’Europe, qui s’attend à un renforcement des mesures de protection du marché américain, mais aussi parce qu’il promet la paix au Moyen-Orient et en Ukraine. Il vend en permanence du rêve et les Américains jubilent. Est-ce utopique ? Pas si sûr. Le transactionnalisme, marque de fabrique trumpienne, cherche avant tout à sécuriser l’économie et le business par un aplanissement des tensions mondiales. Il peut demain pousser Ukrainiens et Russes à la table des négociations, comme en Israël et en Palestine. De toute façon, il a toujours fait fi du droit international, principale épine dans le pied des démocraties occidentales, qui aujourd’hui hélas ne parviennent à résoudre aucun conflit. Trump est la solution à tout et à tous : aux fanatiques de sa personne aux États-Unis, comme aux fanatiques pro-israéliens radicaux, comme à tous ceux qui pensent que l’Amérique doit représenter un contre-poids diplomatique et géopolitique majeur face au Sud -Global, plutôt incarné par l’ordre et l’autorité.
En résumé : Trump est le seul qui permette de parler d’homme à homme et de sauver l’Occident face au « droit-de-l’hommisme » qui finit d’achever son déclin, et nous bouffe jour après jour.
Désormais, Joe Biden deviendra le grand-père qu’on rêve tous d’avoir : de l’affect mais surtout zéro pouvoir. Il remontera dans les sondages, pour sa sagesse, et pour son soutien immédiat à sa vice-présidente Kamala Harris, mais a priori rien n’y fera : Donald Trump est un bulldozer qui a bravé toutes les tempêtes, a plusieurs points d’avance dans les sondages sur le camp démocrate, et a toujours surfé sur le mensonge et la vengeance pour parvenir à ses fins.
Il est le meilleur pour ça : l’Amérique de la côte qui n’a plus la cote, c’est une minorité d’Américains. Les Américains du fin fond du pays sont touchés par la grâce de l’ancien Président, désormais quasi affublé d’une aura christique depuis qu’il a survécu aux balles. Et qui s’achemine jour après jour vers le Bureau ovale en novembre prochain avec un nombre record de voix.
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