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La candidate démocrate hérite de l’impopularité de Joe Biden mais elle est déjà parvenue à lever 81 millions de dollars en vingt-quatre heures. Décryptage de son ascension avec Alexis Buisson, auteur d’une biographie consacrée à Kamala Harris.
En se retirant, Joe Biden a fini par tenir une vieille promesse : ne faire qu’un seul mandat avant de passer le relais à sa colistière. Et permettre à Kamala Harris de, peut-être, devenir la première femme, noire, présidente des Etats-Unis. Une femme dont les faiblesses pourraient bien se révéler être des atouts, comme l’analyse Alexis Buisson, auteur d’une biographie* consacrée à la candidate démocrate.
Assumer et se démarquer
Par ricochet, Kamala Harris souffre de l’impopularité de Joe Biden. « En tant que vice-présidente, elle doit assumer le bilan du président, explique Alexis Buisson. Quand on sonde les Américains, ils sont inquiets quant à la direction du pays, avec une inflation importante qui malmène vraiment une grande partie des ménages. »
Mais son entrée dans le jeu déstabilise la stratégie des Républicains, qui exploitaient l’âge du président. Kamala Harris a 59 ans, face à un Donald Trump de 78 ans : le handicap de l’âge s’inverse et le charisme de l’ancienne procureur refait surface face à un candidat condamné, comme elle prend un malin plaisir à le rappeler : « Dans mon parcours, j’ai affronté des criminels en tout genre. Alors, croyez-moi quand je dis que je connais le genre de gars qu’est Donald Trump. »
Invisibilisée
Contrairement à ses engagements de 2020, Biden n’a rien fait pour la mettre en avant. « Le vice-président, historiquement, c’est quelqu’un qui reste dans l’ombre, qui s’efface face au président », nuance Alexis Buisson. Invisibilisée, elle n’apparaissait plus qu’empêtrée dans des dossiers ingérables comme le contrôle migratoire à la frontière mexicaine. « Je pense qu’elle va avoir du mal à faire ce numéro d’équilibriste, entre assumer et se distinguer de Joe Biden », estime l’auteur.
Kamala Harris est tout de même déjà parvenue à regagner une certaine notoriété en prenant fait et cause pour la défense du droit à l’avortement : « C’est un sujet qui est très porteur pour les démocrates mais qui est aussi transpartisan. Il y a des Républicains qui sont inquiets des positions extrêmes de leur parti sur cette question. Cette thématique est susceptible de mobiliser une base vraiment importante. »
Crédibilité internationale
Les plus fortes critiques contre Kamala Harris portent sur sa méconnaissance supposée des enjeux internationaux. « Je ne suis pas certain que ce soit aussi vrai qu’avant. Finalement, elle a quand même multiplié les rencontres avec des chefs d’Etat ou de gouvernement. Elle a porté la voix des Etats-Unis dans des arènes internationales », rappelle Alexis Buisson.
Elle va se retrouver confronter au dossier sensible du conflit au Moyen-Orient avec, selon un récent sondage, seulement 23 % des électeurs démocrates qui soutiennent les opérations de Tsahal à Gaza : « Elle fait bloc avec un Biden qui a lui-même évolué ces derniers mois mais on sent que sur certains points, elle marque sa différence. Déjà, elle n’a pas été là pour la visite de Netanyahou au Congrès alors qu’en tant que vice-présidente, elle est présidente du Sénat, et il était attendu qu’elle soit là. »
Kamala Harris a su faire entendre, discrètement, sa différence avec Joe Biden. Même si elle n’appartient pas vraiment à la « gauche radicale », son identité peut séduire l’aile progressiste des démocrates : « Femme métisse, à la tête d’une famille recomposée, avec son ascension politique et sociale, elle incarne des évolutions de la société américaine. »
Faiblesses ou atouts, reste la question à laquelle il appartient maintenant aux Américains de répondre en novembre prochain : « Est-ce que les murs du racisme et du sexisme se sont abaissés au point où les Américains sont prêts à voter pour une femme noire à la présidence ? », se demande Alexis Buisson. Elle a déjà accompli l’exploit de lever 81 millions de dollars en vingt-quatre heures, un record dans l’histoire du pays.
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