Trump a perdu, mais il peut encore gagner
Donald Trump a nettement perdu ce qui devrait être le seul et unique débat de cette campagne présidentielle. Mais il peut encore gagner l’élection. En fait, il y a une route qu’il a déjà empruntée et qu’il peut encore utiliser. Celle qui lui avait permis de gagner contre Hillary Clinton en 2016.
Mme Clinton avait gagné le vote populaire par plus de 2 millions de voix. Mais elle a perdu de façon décisive là où cela compte, au collège électoral, où Trump l’a emporté avec 306 grands électeurs contre seulement 232 pour Mme Clinton.
En 2016, M. Trump avait gagné trois États clés, normalement démocrates, par moins de 30 000 voix. On parle ici de la Pennsylvanie, du Wisconsin et du Michigan, où la course est tout aussi serrée cette année. À eux trois, ils totalisaient 46 grands électeurs qui faisaient la différence.
Le collège électoral a été créé pour éviter que les plus grands États aient trop de pouvoir. C’est ainsi qu’un petit État ne peut avoir moins de trois grands électeurs – c’est aussi la taille de la délégation minimale par État au Congrès à Washington.
Ainsi, le Wyoming, avec un peu moins de 600 000 habitants, a trois grands électeurs, le même nombre que le Delaware, qui en a plus de 1 million. Le même Wyoming a un grand électeur pour 192 000 habitants, contre un pour plus de 700 000 habitants dans des États comme la Californie ou le Texas.
Comme une majorité d’États moins peuplés votent traditionnellement pour les républicains, cela donne à M. Trump un avantage mathématique certain.
Cette possibilité est encore d’actualité et elle reste ouverte pour M. Trump, surtout quand on voit que dans les six ou sept États clés, les résultats des sondages restent dans la marge d’erreur.
Mais il y a d’autres facteurs qui pourraient favoriser encore plus le candidat républicain. En 2016, il n’y avait pas un aussi imposant écosystème de médias franchement campés à droite qui appuyaient ouvertement M. Trump.
Bien sûr, la chaîne d’information continue Fox News existait déjà, mais si des chaînes encore plus conservatrices comme One America ou Newsmax existaient aussi, elles étaient loin d’avoir l’auditoire qu’elles ont aujourd’hui.
Elles sont importantes puisqu’elles poussent tous les médias conservateurs encore plus à droite. Par exemple, lors de l’interminable comptage des voix après la dernière élection présidentielle, la chaîne Fox avait tout d’abord été assez tiède à relayer les accusations de fraude électorale de Donald Trump. Elle s’est vite ravisée quand elle a constaté que ses auditeurs préféraient la version trumpiste de l’histoire et avaient déserté Fox au profit des deux chaînes conservatrices rivales.
Dès mardi soir et mercredi, les trois chaînes conservatrices relayaient à l’unisson les accusations du camp Trump contre la chaîne ABC qui présentait le débat des candidats à la présidence parce que les journalistes ont osé contredire l’ancien président sur certaines des fausses informations qu’il a véhiculées, dont celle qui a fait le tour du monde à propos d’immigrants illégaux qui auraient tué des chats et des chiens pour les manger.
En fait, les autorités municipales de Springfield, en Ohio, affirment que rien de tel ne s’est produit. Et la communauté immigrante dans cette ville est surtout composée d’Haïtiens qui sont entrés et résident en toute légalité aux États-Unis.
Ce qui est relativement nouveau, c’est qu’il existe maintenant une vaste galaxie MAGA (« Make America Great Again ») qui se déploie sur l’internet. Avec nombre de listes de distribution où l’on peut chaque jour s’abreuver aux nouvelles du jour du mouvement.
D’ailleurs, j’aimerais ici remercier le lecteur anonyme qui m’a abonné – sans mon consentement, il va sans dire – à l’une de ces lettres quotidiennes appelée « American Greatness ». Oui, comme « Make America Great Again ». C’est une source intarissable de campagnes de peur et de fake news souvent très divertissantes.
C’est ainsi que, chaque jour, on peut y lire des articles comme ceux de mercredi matin : « Taylor Swift appuie Kamala après un débat biaisé ». Ou Kamala Harris se retrouvera sous peu sur la une du magazine Vogue, « une publication d’extrême gauche ».
Mais ce qui est le plus intrigant sur ces sites, c’est la campagne de peur que l’on fait sur les risques inhérents à avoir ses économies en dollars américains.
On n’y compte plus les publicités pour les cryptomonnaies. Sur American Greatness, on peut voir la publicité d’un marchand de métaux précieux qui reprend une déclaration de 1966 de l’ancien président de la Réserve fédérale Alan Greenspan selon laquelle « le déficit est comme un moyen de confisquer la richesse ».
Conclusion : le gouvernement fédéral américain doit se préparer à faire main basse sur vos épargnes à la banque et vous seriez bien plus avisés d’acheter des lingots d’or. Et, ça tombe bien, on en vend, de l’or !
Toute une infrastructure MAGA, hors des médias traditionnels, propage la bonne nouvelle de Donald Trump. Autant de relais très utiles qui n’existaient pas en 2016 et qui sont à sa disposition aujourd’hui.
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