Trump’s Tariffs and the Illusion of Strength

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Les tarifs de Trump et l’illusion de la force

Donald Trump est un président faible. Ses menaces commerciales et autres actions récentes affaiblissent les États-Unis plus qu’elles les renforcent.

Lundi, la une du Journal résumait en un mot la politique actuelle du président américain: «stupide». Dur, mais juste. La stupidité consiste à agir sans égard aux conséquences de ses gestes.

Les actions irréfléchies de celui que ses partisans et apologistes voient comme un maître stratège risquent d’affaiblir les États-Unis, qu’il mette ou non ses menaces à exécution.

Un président faible

Quoi qu’en dise Trump, ses menaces de tarifs sont illégales. L’autorité en matière de politique tarifaire appartient au Congrès et Trump a fabriqué de toutes pièces une crise sécuritaire pour justifier son action unilatérale.

Pour un président américain, la vraie force vient de la capacité de mobiliser les appuis de majorités solides au Congrès pour avaliser ses orientations politiques. L’actuel locataire de la Maison-Blanche n’a pas cette force.

Trump demeure historiquement impopulaire pour un président nouvellement assermenté et serait incapable de mobiliser les deux chambres derrière la plupart des initiatives qu’il a arbitrairement décrétées depuis le 20 janvier.

Il cherche à se concocter une image de dur en multipliant les menaces – surtout contre des alliés assez inoffensifs –, mais, ce faisant, il affaiblit son pays.

Les États-Unis affaiblis

Comme les fondateurs l’ont inscrit dans la Constitution (Full Faith and Credit Clause), le maintien du statut des États-Unis dans le monde dépend largement de la confiance que leurs partenaires peuvent accorder à leurs engagements.

En attaquant de front ses deux principaux partenaires commerciaux à peine quelques années après une renégociation de leurs accords commerciaux, Trump signale que les accords conclus par les États-Unis valent à peine plus que le papier sur lequel ils sont imprimés.

La suspension de la menace quand Justin Trudeau et son homologue mexicaine lui ont rappelé des mesures déjà en place ne fait rien pour améliorer la crédibilité de ce tigre de papier.

Le retrait cavalier de l’Accord de Paris et de l’Organisation mondiale de la santé tout comme la volonté de Trump de déchirer le traité du canal de Panama ou de s’emparer du Groenland ne font qu’ajouter à cette impression que les États-Unis ne sont pas un partenaire fiable.

Les abolitions décrétées à l’Agence pour le développement international (USAID) – illégales parce que non approuvées par le Congrès – auront le même effet. Si ces projets sont effectivement annulés, à quoi bon résister aux chants de sirènes des Chinois pour demeurer dans le champ d’influence des Américains?

De mal en pis

Sous Trump 2.0, la crédibilité internationale des États-Unis risque fort de piquer du nez, et pour longtemps, ce qui est de mauvais augure pour l’ensemble du monde.

Et ce n’est pas mieux en politique intérieure, où les purges entamées dans la fonction publique et l’appareil judiciaire risquent d’avoir des effets toxiques durables.

Trump a promis de restaurer la grandeur de l’Amérique, mais la force qu’il cherche à projeter n’est qu’une illusion. Quand l’écran de fumée sera dissipé, on constatera plutôt l’affaiblissement de ce pays longtemps considéré comme un pilier indispensable de l’ordre mondial.

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