OPD 3 Apr 2025, edited by Helaine Schweitzer
La guerre commerciale selon Donald Trump ne fera que des perdants
ÉDITORIAL. Le président américain attaque frontalement le système multilatéral. Il n’y a rien de bon dans ce geste. Les appels au calme vont se multiplier, mais les dégâts sont inévitables
Ce 2 avril 2025 restera probablement dans l’Histoire comme le début d’une guerre commerciale d’envergure planétaire. Avec l’annonce de fortes hausses des tarifs douaniers, Donald Trump met un terme à des décennies de développement économique basé sur le commerce international. Il s’attaque aussi au système multilatéral patiemment construit depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. L’Organisation mondiale du commerce, élaborée par les Etats, ensemble, pour poser des règles et les respecter, est totalement ignorée. Les chiffres avancés par le président américain sur son grand tableau pour justifier les décisions de hausses tarifaires sont sans fondement, sortis du chapeau américain, hors de tout cadre.
Donald Trump s’attaque à toutes les régions du monde dans un geste qui replie violemment l’Amérique sur elle-même. Les entreprises d’ailleurs peuvent choisir entre investir en terres américaines ou payer beaucoup plus pour atteindre le consommateur étasunien. Il ne faut pas se méprendre sur l’ampleur de ces mesures protectionnistes: un pareil mouvement ne s’est pas produit depuis 1930. Toutes les régions du monde sont touchées, avec des tarifs qui visent plus fortement l’Asie et l’Europe.
Incertitude et lois de la jungle
C’est un jour noir pour de nombreuses raisons: les autres pays se sont préparés, et pour la plupart, seront incités à répondre avec des mesures du même ordre. Ne pas les engager les mettrait dans une position de faiblesse alors que Donald Trump place une fois de plus ses interlocuteurs sous pression pour obtenir des concessions.
Ainsi s’ouvre inévitablement une ère de protectionnisme qui fera du mal à tous. Les prix partiront à la hausse, les consommateurs le paieront. Si ces tarifs restent en place dans la durée, ils entraîneront certainement un fort ralentissement économique. Les bourses réagissent. L’incertitude est au maximum.
Petit pays exportateur, la Suisse est frappée de plein fouet, si l’on en croit cette toute première annonce d’une hausse de tarifs de 31% brandie par Donald Trump, et sans en connaître les détails. La Suisse devra s’appuyer sur ses partenaires ailleurs, en Europe et en Asie notamment. Elle dépendra de leur réaction. Le Conseil fédéral, par l’entremise de la présidente Karin Keller-Sutter, a cherché à calmer le jeu, dans un tout premier message faisant référence au droit international. Le droit international, un concept totalement absent du monde selon Donald Trump.
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