Resistance to Trump Is Getting Organized

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La résistance à Trump s’organise

Depuis un certain temps déjà, le Parti républicain est sous le contrôle de « loyalistes MAGA », ce qui diminue la résistance des républicains traditionnels et renforce la démarche de Trump. Quant aux démocrates, ils paraissent sans boussole depuis la défaite de novembre dernier.

Or, ces derniers jours, l’éclat de Trump semble s’estomper. Certains sondages défavorables, certaines divisions au sein du Parti républicain et davantage de critiques provenant de médias lui étant habituellement favorables attirent l’attention.

La récente controverse « Signalgate » au sujet d’échanges à propos d’une attaque militaire menés sur une application de messagerie commerciale et qui incluait notamment le vice-président J.D. Vance, auxquels a eu accès le rédacteur en chef de The Atlantic, Jeffrey Goldberg, fera l’objet d’une enquête du Sénat.

La mauvaise gestion de cet incident a été unanimement critiquée, y compris par le Wall Street Journal et Fox News, des médias conservateurs habituellement favorables à Trump. Fidèle à ses habitudes, le principal intéressé a répondu aux critiques en les qualifiant de « fausses nouvelles » et de « chasse aux sorcières ». Mais le mal est fait, et la question de la compétence des hauts gradés de l’administration est maintenant soulevée.

Présentement, beaucoup de nouveaux décrets présidentiels sont contestés devant les tribunaux. Trump a d’ailleurs perdu en première instance dans plus de 45 cas. Ses attaques subséquentes contre le pouvoir judiciaire, y compris en faveur de la destitution des juges dissidents, ont été accueillies par une réprimande du juge en chef de la Cour suprême des États-Unis, le conservateur John Roberts.

L’allié principal de Trump, Elon Musk, se retrouve lui aussi dans la controverse avec les coupes tous azimuts du DOGE, le nouveau « département de l’efficacité » qu’il dirige. À preuve, les réunions publiques dans les districts républicains du pays voient émerger la colère des électeurs, ce qui tranche vivement avec les premiers jours du mandat de Trump. Certaines rencontres ont même tout simplement été annulées. Qu’en sera-t-il lorsque les coupes du DOGE affecteront sérieusement la sécurité sociale, Medicaid et les services de santé et d’éducation ?

Bien que les sondages au sujet de la déportation de migrants irréguliers montrent que la population est favorable à ces mesures, ceux qui touchent l’augmentation du coût de la vie et la confiance dans l’économie sont moins reluisants. Les taux d’approbation sont inférieurs à 50 %.

Il faut aussi souligner la victoire de la démocrate Susan Crawford à l’élection de la Cour suprême du Wisconsin, le premier revers électoral pour Trump depuis son retour à la Maison-Blanche. Le président et ses proches avaient mis le paquet pour assurer une victoire républicaine dans cet État qui a voté pour lui en novembre dernier.

Lorsqu’on additionne tous ces éléments, il est clair que la lune de miel est en voie de se conclure.

De vives inquiétudes économiques

Ce qui ressort surtout des sondages est que l’économie reste au centre des préoccupations. Un récent sondage de Fox News indique que 71 % des Américains croient que le pays se dirige vers une récession. Trump a d’ailleurs lui-même mis la table pour une récession dans une récente déclaration, ce que tous ses prédécesseurs ont toujours soigneusement évité de faire.

La décision du président d’imposer des droits de douane contre des partenaires économiques fiables, en commençant par les voisins et alliés les plus proches des États-Unis, soit le Canada et le Mexique, suscite de sérieuses préoccupations. C’est le cas tant à Wall Street, qui a les yeux rivés sur la Bourse qui ne cesse de vaciller, qu’auprès de la population qui craint une hausse de l’inflation et du chômage.

Force est de constater que l’« Âge d’or de l’Amérique » promis par Trump pour le Jour 1 de son mandat tarde à se manifester.

Les initiatives tarifaires américaines provoquent également des ondes de choc dans le monde géopolitique. Récemment, le premier ministre du Canada, Mark Carney, a déclaré que le partenariat entre les deux pays tel que nous le connaissions « n’existe plus ». Le ton est similaire du côté du Mexique, de l’Union européenne et de l’Asie.

Si tous les partenaires des États-Unis marchent sur des œufs, plusieurs annoncent des tarifs de représailles. Surtout, il est clair que tous se préparent à mettre en œuvre une stratégie de diversification économique qui ne profitera pas aux Américains.

D’autres décisions et déclarations de Trump concernant des organisations comme l’OMC, l’OTAN et l’USAID ne font que renforcer la notion selon laquelle « America First » limite à la fois la fiabilité de l’Amérique et son engagement au-delà de ses propres intérêts. Particulièrement, le traitement réservé par Trump au président ukrainien Volodymir Zelensky en février a bien montré que le leadership mondial des États-Unis est en déclin.

Il y aura des élections de mi-mandat en novembre 2026 et le contrôle du Congrès sera en jeu. S’il est trop tôt pour faire des prédictions, il est clair que la résistance à Trump et à ses politiques s’organise tant au niveau national qu’international. On peut assurément s’attendre à ce que cette résistance prenne de l’ampleur au fil des prochains mois.

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