The United States, an Ungovernable Country

Published in Le Monde
(France) on 26 July 2011
by Michel Santi (link to originallink to original)
Translated from by Robert Shaza. Edited by Rica Asuncion-Reed  .
Since its founding, the American nation has consistently spent more than it has earned, going to the markets and before investors to finance the difference. In fact, as the deficit accumulated over the decades because of the spending fever of the Americans and their authorities, their Congress — albeit partly responsible for this binging — saw fit, in 1917, to limit the total mass of this debt even if the ceiling had to be raised regularly. This has happened year after year, whatever administration was in place, Republican or Democrat

It goes without saying that, despite the good hundred times that this limit has been raised since 1917, each time the opposition has systematically taken perverse pleasure in condemning the president and the party in control of the White House — as if the money spent and the deficit were not the result of mismanagement of former administrations and former Congresses. This little political game provided regular ammunition to the opposing (minority) party, which then delighted, as it should, in exposing the expensive trends of the majority. The majority, having emptied the coffers, then called for help to get legal authorization to fund the state’s lifestyle.

However, the verbal escalation between Republicans and Democrats about raising the country’s debt ceiling has now reached its climax, with a very real threat of leading to a dead end with devastating consequences. The legal incapacity of the U.S. government to borrow more to meet its obligations would immediately translate into a historic downgrade of its [credit] rating with, on top of everything, an automatic increase in interest rates that would penalize small businesses and consumers seeking financing.

The violent and predictable drop of the dollar would exert a strong upward pressure on energy prices and raw materials, knowing that stock exchanges around the world would drop with a violence even worse than the collapse of Lehman Brothers! Finally, the U.S. government with its lack of funds would have to reduce its expenditure by about 40 percent, perform mass layoffs and induce a recession far more tragic than the one of 2007 to 2009.

Unable to agree and compromise in the interest of the country and their fellow citizens, American politicians, who are supposed to lead the most powerful nation in the world, are becoming a laughingstock. The political system of this country seems unable to actually deal with a perilous financial situation, so much so that it becomes legitimate to ask today: Is the United States of America becoming an ungovernable country?

With their budget deficit amounting to 10 percent of GDP, the United States today can no longer be financed only due to the remnants of its reputation, which actually belongs to a past that wanted the solvency of the federal state to be as strong — if not stronger — than gold. Yet, no empire being eternal, successive authorities of this country — whose only concern seems to be to shirk their responsibility to make compromises to resolve this budget imbroglio — would do better to ponder the lessons of the sterling and the inexorable loss of influence of the British Empire.

This seeming failure certainly hides a strategy on the part of both parties — that it is important to raise the stakes before reaching a compromise. However, if these leaders wish to redress the country's finances, any agreement must necessarily be credible and comprehensive. The complexity of this case precludes any hasty agreement that would be severely punished by the markets.

However, it is likely that Republicans and Democrats will eventually meet in the coming days to raise the debt ceiling, even if odds are that this last-minute deal will simply plug the holes. As a result, we expect a deterioration of the United States’ credit rating in September because the $4 trillion in budget cuts recommended by the ratings agencies for the next 8 to 10 years are unlikely to be realized. In other words, even if there is a compromise on the U.S. debt ceiling (and there will be one!), the financial health of the United States is in no way about to improve, and new shocks, which will be violent for the global economy, should already be expected.


Depuis sa fondation, la nation américaine a systématiquement dépensé plus qu'elle ne gagnait, allant donc sur les marchés et au-devant des investisseurs pour financer ce différentiel… De fait, comme ces déficits se sont accumulés au fil des décennies eu égard à la fièvre dépensière des américains et de leurs autorités, leur Congrès – quoiqu'en partie responsable de cette boulimie – crut bon de limiter, dès 1917, la masse globale de cet endettement même si ce plafond devait être très régulièrement remonté et ce bon an mal an et quelle que soit l'administration en place, républicaine ou démocrate.

Il va de soi que, en dépit de la bonne centaine de fois où ce plafond dut être relevé depuis 1917, l'opposition alors en place prit systématiquement un malin plaisir à condamner le président et le parti qui contrôlaient la Maison Blanche, comme si ces sommes dépensées et ces déficits n'étaient pas également la résultante de la mauvaise gestion des anciennes administrations et des anciens Congrès… Ce petit jeu politique fournissait ainsi à intervalle régulier des munitions au parti opposant qui se complaisait donc comme il se doit de dénoncer les tendances dispendieuses d'une majorité qui, ayant vidé les caisses, appelait dès lors au-secours afin d'être légalement autorisée à financer le train de vie de l'Etat.

Pour autant, l'escalade verbale entre républicains et démocrates à l'occasion du relèvement du plafond de la dette de leur pays a aujourd'hui atteint son paroxysme tout en menaçant très concrètement de déboucher sur une impasse aux conséquences dévastatrices. Cette incapacité légale du gouvernement américain d'emprunter davantage pour remplir ses obligations se traduirait immédiatement bien sûr en une baisse (historique) de sa notation avec, à la clé, une augmentation automatique des taux d'intérêts qui pénaliserait PME et consommateurs demandeurs de financements.
Le violent et prévisible décrochage du billet vert exercerait une forte pression ascendante sur l'ensemble des tarifs énergétiques et des matières premières sachant que les bourses du monde entier dévisseraient avec une violence pire encore que lors de la déconfiture de Lehman Brothers ! Enfin, le gouvernement américain en manque de fonds devrait réduire sur le champ ses dépenses de l'ordre de 40 %, licencier en masse et induire ainsi une récession bien plus dramatique que celle des années 2007 à 2009.

Incapables de s'entendre et de faire des compromis dans l'intérêt du pays et de leurs concitoyens, les politiques américains censés diriger la nation la plus puissante du monde en deviennent également la risée. Le système politique de ce pays semble en réalité incapable de faire face à une situation financière pour le moins périlleuse tant et si bien qu'il devient légitime de s'interroger aujourd'hui : les Etats-Unis d'Amérique seraient-ils devenus un pays ingouvernable ?
Du haut de leur déficit budgétaire qui se monte à 10 % de leur PIB, les Etats-Unis ne peuvent de nos jours plus se financer que grâce au reliquat de cette réputation appartenant bel et bien au passé qui voulait que la solvabilité de leur Etat fédéral soit aussi solide – sinon plus – que l'or. Pourtant, nul Empire n'étant éternel, les autorités successives de ce pays – dont le seul souci semble de se dérober à leur responsabilité de passer des compromis visant à résoudre cet imbroglio budgétaire – feraient mieux de méditer les leçons de la livre sterling et de l'inexorable perte d'influence de l'empire britannique.

Ce dysfonctionnement apparent cache certes une stratégie de la part des deux partis en présence selon laquelle il est important de faire monter les enchères avant de parvenir à un compromis. Pour autant, si la volonté de ces responsables est bien de redresser les finances du pays, tout accord devra impérativement être crédible et global. La complexité de ce dossier exclut donc tout accord à la hâte qui sera durement sanctionné par les marchés…

Il est néanmoins plus que probable que républicains et démocrates finiront bien par relever ces prochains jours le plafond de leur endettement même s'il y a fort à parier que ce deal de dernière minute se borne à colmater les brèches. En conséquence, attendons-nous à une dégradation de la notation des Etats-Unis dès septembre car les 4 000 milliards de dollars de réductions budgétaires sur les 8 à 10 ans à venir recommandés par les agences de notation ne seront certainement pas réalisées. Autrement dit, même si compromis sur le plafond de la dette américaine il y a – et il y en aura un ! –, la santé financière des Etats-Unis n'est en rien sur le point de s'améliorer et de nouveaux chocs, violents pour l'économie mondiale, sont d'ores et déjà à programmer.

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