By downgrading the U.S. public debt rating for the first time in 70 years, the agency Standard & Poor's has thrown global finance into turmoil. And with it, the economy and even politics.
Global finance is based upon a simple idea: U.S. debt is 100 percent secure. All financial products are defined by differences in interest rates and, therefore, by risk in relation to American federal obligations. Of course, this grading cannot be taken as gospel. It is just one of many opinions. However, it does state the obvious: the U.S. cannot continue on this path, with a maximum public deficit (more than 10 percent of gross domestic product this year, for the third time in a row) and minimal growth (an annual rate of less than 1 percent during the first half of 2011). For the first time in over two centuries, the United States risks not being able to repay its debts. In the wake of Standard & Poor's announcement, bankers, insurance companies and investors from around the world can no longer turn a blind eye to this disturbing fact. They are going to have to revise the whole of their capital allocation policy, a move that will wipe out thousands of billions of dollars in the coming weeks and months — the Chinese have already expressed their anger. The regulators themselves will also have to recalculate everything. Money will inevitably become more expensive. Even if, initially, many investors instinctively, albeit paradoxically, purchase American debt in order to protect themselves from market turbulence, something which could hold down interest rates at first and thus reassure those who are more short-sighted.
This has not just shaken up the world of finance. As it is a matter of public debt, politics is affected accordingly. The representative democracy in which we live was invented 300 years ago and is based upon a simple idea: In order to avoid a spiraling debt which leads to bankruptcy, public accounts must be audited by representatives of the people and not left to the king's pleasure. Today, this founding mission is no longer successful in the United States, even though she is long considered to be the model of representative democracy. And, in our old Europe, doubt about the ability of the United States to meet its financial obligations is also growing, as we saw last week with the markets. Political leaders are increasingly providing verbal reassurance, yet, as the public debt grows, they are losing their credibility. To restore confidence, action, more than words, is needed. This is not just about the health of financial markets, the future of democracy is also at stake.
En abaissant pour la première fois depuis soixante-dix ans la note de la dette publique des Etats-Unis, l'agence Standard & Poor's bouleverse la finance mondiale. Et, au-delà, l'économie et même la politique. La finance mondiale est bâtie sur une idée simple : la dette des Etats-Unis est sûre à 100 %. Tous les produits financiers se définissent par des écarts de taux d'intérêt et donc de risque par rapport aux obligations fédérales américaines. Bien sûr, la notation n'est pas une parole d'évangile. Ce n'est qu'un avis parmi d'autres. Mais elle proclame une évidence : l'Amérique ne peut pas continuer sur cette lancée, avec un déficit public maximal (plus de 10 % du PIB cette année pour la troisième fois de suite) et une croissance minimale (moins de 1 % en rythme annuel sur la première moitié de 2011). Pour la première fois depuis plus de deux siècles, elle risque de ne plus pouvoir rembourser sa dette. Avec l'annonce de Standard & Poor's, banquiers, assureurs et investisseurs du monde entier ne peuvent plus fermer les yeux sur cette réalité dérangeante. Ils vont devoir réviser toute leur politique d'allocation du capital, un mouvement qui va faire valser des milliers de milliards de dollars au cours des semaines et des mois à venir - les Chinois ont déjà exprimé leur fureur. Les régulateurs vont, eux aussi, devoir reprendre tous leurs calculs. L'argent va fatalement devenir plus cher. Même si, dans un premier temps, nombre d'investisseurs auront le réflexe paradoxal d'acheter de la dette publique américaine pour se protéger des turbulences du marché, ce qui pourrait contenir les taux d'intérêt américains dans un premier temps et donc rassurer les myopes.
Mais la finance n'est pas la seule à être secouée. Car c'est la dette publique qui est en cause et donc la politique. La démocratie représentative dans laquelle nous vivons est née il y a trois siècles autour d'une idée elle aussi simple : pour éviter une spirale de la dette qui mène à la faillite, les comptes publics doivent être contrôlés par des représentants du peuple et non laissés au bon plaisir du roi. Aujourd'hui, cette mission fondatrice n'est plus menée à bien aux Etats-Unis, qui furent pourtant longtemps considérés comme le modèle de cette démocratie représentative. Et, dans notre vieille Europe, le doute monte aussi sur la capacité des Etats à assumer leurs engagements financiers, comme on l'a vu la semaine dernière sur les marchés. Les dirigeants politiques multiplient les propos rassurants, mais ils perdent leur crédibilité au fur et à mesure que la dette publique grandit. Pour ramener la confiance, il faut des actes plus que des paroles. Il en va non seulement de la santé des marchés financiers, mais aussi de l'avenir de la démocratie.
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