“Homeland” vs. “24”: Obama’s America Against Bush Junior’s

Published in Le Nouvel Observateur
(France) on 29 May 2012
by Etienne de Haas (link to originallink to original)
Translated from by Cara Ceriani. Edited by Tom Proctor.
From George Bush to Barack Obama, the United States has changed its image. The fighting spirit of an America prepared to battle it out after Sept. 11 has sunk into depression. This phenomenon is reflected in TV series, as analyzed by amateur critic Etienne de Haas.

America is at war against terrorism, and has been since Sept. 11. This “war on terror” has had many twists and turns up until the recent death of Osama bin Laden. Though this is evident in cinemas, a slow but inexorable feeling has also been developing in TV series.

A Strong and Determined America

The hit series of the Bush years (2000-2008), which dealt with this subject, was “24,” a violent and rather Manichean detective series.

Those were the days when America was as strong and determined as an injured animal. The terrorist is here, easy and identifiable. He immediately appears on a video screen, and we know his life, his work and his goal, which is to destroy America. Nothing more, nothing less. The few "local" traitors are greedy or vengeful against Uncle Sam, but always for the wrong reasons.

This is Bush’s America: worried, but never doubting the identity of the enemy for a second. Money is always flowing, resulting in considerable technological resources for efficiently combating small phantom networks. Everyone is on file, but this does not matter, as it allows you to find the dangerous terrorists in time.

The stories are marked by the shadow of Sept. 11, but as a motivation for revenge. This in no way detracts from the value of a series whose first two seasons will remain a reference in terms of action and suspense.

But today this no longer seems possible. It has been years since Obama succeeded Bush, and this can be felt in television production. America has fallen from its pedestal; it has been hit hard by the economic crisis and is unable to wrap-up the two wars that it initiated abroad.

Total Depression

However, all is not so dark on the small screen. One just has to see the happy-go-lucky “Glee,” “How I Met Your Mother,” “The Big Bang Theory,” or “Modern Family.” And, of course, there are the cop shows that do not require too much thinking, which remain at the top audience ratings…

But outside of action and serious TV series, it is depression that is the most disastrous: the living dead in "The Walking Dead," the dying kingdoms that are collapsing in "Game of Thrones," and even a serial killer who becomes a preacher of the apocalypse in "Dexter." Even in "The Good Wife," the economy is going very badly, layoffs are increasing and social insecurity is everywhere … not to mention corruption.

This is no longer a triumphant or vengeful America. While this may be read as a subheading within cop shows, drama or science fiction, it is in the genre of espionage where the shift is strongest. While "24" would be the TV series of the Bush years, two striking examples of series from the years of his successor Obama would be "Homeland" and "Rubicon."

The shadow of Sept. 11 is still present in both series, but those from Abu Ghraib and the wars in Iraq and Afghanistan are at the front of the stage. The enemy is vague, rarely identified, often American, and even his motives seem unclear. After the time of unabashed patriotism comes that of doubt: had all this been for nothing?

In "Homeland," the enemy comes from within and takes the form of an American soldier. The poor guy almost seems less dangerous than the switched-on employees from the CIA. The secret service have all the powers; they set about listening, spying and lying … America questions the Patriot Act and the power given to those who are supposed to protect.

And by incarnating the spy played by Claire Danes, America wonders if it has not gone mad itself. In any case, everyone seems to understand that the impact of the two wars during the Bush administration is devastating to the national security and, indeed, to American soldiers.

And by awarding it two Golden Globes, the profession is applauded.

The Age of Analysis

In "Rubicon," say goodbye to multiple screens, facial recognition, and drones. Welcome to a world of analysis and cross-checking. As if to exorcise a war in Iraq built upon false information, the intelligence services are looking to verify all data with a thoroughness that at times is not far from madness.

To make matters worse, nobody seems to know whom they work for. With confusion, interrogation, seized power lobbies, and organizations in the shadows, "Rubicon" slides into a wonderful paranoia really in tune with the times (reminding us of “The Falsifiers," the excellent book by Antoine Bello).

Ironically, it's James Badge Dale, formerly of "24," who plays the hero. An indestructible spy in the style of Superman, in Season 2 of "24" he became a fearful and sensible analyst in "Rubicon." What a symbol.

But looking back into a similarly ugly mirror does not always pay off. Though the first season of "Homeland" was a great success, "Rubicon," with only an average audience [size], was canceled after one season. Is that enough to anticipate the triumphant return of America in the coming years?


"Homeland" vs "24" : l'Amérique Obama contre l'Amérique Bush junior
LE PLUS. De George Bush à Barack Obama, les États-Unis ont changé de visage. L'Amérique combative prête à en découdre après le 11-Septembre a sombré dans la déprime. Un phénomène qui se ressent dans les séries télé, comme l'analyse Etienne de Haas, critique amateur.
L'Amérique est en guerre déclarée contre le terrorisme depuis le 11-Septembre. Cette "war on terror" a connu bien des rebondissements jusqu'à la mort récente d'Oussama Ben Laden. Si elle est perceptible du côté du cinéma, une évolution lente mais inexorable se sent jusque dans les séries télé.
Une Amérique forte et déterminée
Car la série phare des années Bush (2000-2008), qui traitait ce sujet, était une série policière violente et plutôt manichéenne : "24 heures chrono".
C'était l'époque où l'Amérique était aussi forte et déterminée qu'un animal blessé. Le terroriste est là, facile, identifiable. Il apparaît tout de suite sur un écran vidéo, on connait sa vie, son œuvre, et son objectif est de détruire l'Amérique. Ni plus, ni moins. Les quelques traîtres "locaux" sont avides ou revanchards contre l'oncle Sam, mais systématiquement pour de mauvaises raisons.
C'est l'Amérique de Bush : elle est inquiète mais ne doute pas une seconde de l'identité de son ennemi. L'argent coule toujours à flot, d'où des moyens technologiques considérables pour combattre avec une grande efficacité ces petits réseaux fantômes. Tout le monde est fiché, mais ce n'est pas grave, puisque cela permet de retrouver les dangereux terroristes dans les temps.
Des histoires marquées par l'ombre du 11-Septembre, mais comme une motivation de revanche. Ce qui n'enlève rien à la valeur d'une série dont les deux premières saisons resteront des références en terme d'action et de suspense.
Générique d'ouverture de "24 heures chrono".
Mais aujourd'hui, cela ne semble plus possible. Car les années Obama ont succédé aux années Bush, et cela se sent dans la production télévisuelle. L'Amérique est tombée de son piédestal, elle a été frappée de plein fouet par la crise économique et ne parvient pas à boucler les deux guerres qu'elle a initié à l'étranger.
Déprime totale
Alors tout n'est pas si sombre sur le petit écran, il n'y a qu'à voir la joyeuse insouciance de "Glee", "How I met your Mother", "The big bang theory" ou encore "Modern Familly". Et bien sûr les séries policières qui ne font pas trop réfléchir, qui restent en tête des courbes d'audience...
Mais du côté de l'action ou des séries sérieuses, c'est la déprime la plus totale : des morts-vivants dans "The walking dead", des royaumes à l'agonie qui s'effondrent dans "Game of Thrones" et même le serial killer qui devient un prêcheur de l'apocalypse dans "Dexter". Même dans "The good wife", c'est l'économie qui va très mal, les licenciements se multiplient et l'insécurité sociale est partout... sans parler de la corruption.
Ce n'est plus l'Amérique triomphante ou revancharde... Si cela peut se lire en sous-titre dans les séries policières, les drames ou la science-fiction, c'est dans le genre de l'espionnage que le virage est le plus fort. "24h chrono" serait la série des années Bush, ses successeurs celles des années Obama. Avec deux exemples frappants : "Homeland" et "Rubicon".
Dans les deux séries, l'ombre du 11-Septembre est encore omniprésente mais en toile de fond, alors que celles d'Abou Graib, de la guerre en Irak et Afghanistan sont sur le devant de la scène. L'ennemi est flou, rarement identifié, souvent américain et même ses motivations ne semblent pas très claires. Après le temps du patriotisme décomplexé vient celui du doute. Et si tout cela n'avait servi à rien ?
Dans "Homeland", l'ennemi est intérieur, il prend la forme d'un soldat américain, mais le pauvre bougre semble presque moins dangereux que les allumés de la CIA. Les services secrets ont tous les pouvoirs, ils mettent sur écoute, espionnent, mentent... L'Amérique s'interroge sur le Patriot Act, sur le pouvoir laissé à ceux qui sont censés la protéger.
Et en s'incarnant dans l'espionne timbrée jouée par Claire Danes, l'Amérique se demande si elle n'est pas elle même devenue folle. En tous cas, tout le monde semble avoir compris que l'impact des deux guerres menées sous l’administration Bush est dévastateur, pour la sécurité nationale, et bien sûr pour les soldats américains.
Et la profession applaudit, en décernant deux Golden Globes.
Le temps de l'analyse
Dans "Rubicon", fini les écrans multiples, les reconnaissances faciales et les drones. Bienvenue dans un monde d'analyse, de recoupement. Comme pour exorciser une guerre en Irak bâtie sur des informations erronés, les services de renseignement cherchent à vérifier chaque donnée avec une minutie qui n'est pas loin parfois de la folie.
Pour compliquer encore les choses, personne ne semble vraiment savoir pour qui il travaille. Confusion, interrogation, prise de pouvoir des lobbys et des organisations de l'ombre, "Rubicon" glisse dans une délicieuse paranoïa vraiment dans l'air du temps (on pense beaucoup aux "Falsificateurs", l'excellent bouquin d'Antoine Bello).

Comble de l'ironie, c'est James Badge Dale, un ancien de "24h chrono" qui incarne le héros. Espion indestructible en mode Superman dans la saison 2 de "24", il devient un analyste apeuré et sensible dans "Rubicon"... tout un symbole.
Mais renvoyer un miroir aussi laid ne paye pas toujours. Si la première saison d'"Homeland" a connu un joli succès, "Rubicon" a été arrêtée au bout d'une saison, avec des audiences acceptables mais pas exceptionnelles. De quoi anticiper le retour de l'Amérique triomphante dans les prochaines années ?

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