The American vote will change everything, even if it made less noise than Obama’s election: On Nov. 6 California voters approved “Proposition 30,” which heavily increases public taxes. If citizens of the Golden State renounced their culture, it is because their state is trapped in financial difficulties, has run into debt and is unable to honor its maturity other than recognizing the debt. California is a metaphor for – and a caricature of – the developed world: The United States, Europe, Japan, all three affected by the economic crisis, the financial intemperance and the addiction to indebtedness.
This referendum is like the double inverse of another famous consultation organized in the same spot thirty years ago, which set off the liberal revolution in the United States. In 1978, Californians adopted “Proposition 13,” which conversely limited fiscal deductions and stimulated inalienable individual property. Milton Friedman, recipient of the Nobel Prize for Economic Sciences and laissez-faire theorist, came to campaign, explaining the virtues of tax decreases. Two years later, Ronald Reagan was elected president of the United States and applied the Californian principles at the country level, strongly lowering deductions and widening the deficit. Little by little, the quasi-totality of the countries of the world are following its lead. Even the French socialists in the mid ‘80s deregulated financial markets without lowering taxes, getting the state into debt. That is to say, the power of the liberal wave eventually reached the most resistant regions of the planet.
Liberalism without limit has therefore died in the same place where it was born thirty years before – with a vote from California. From one “proposition” to another, the world experienced this system, benefited from its advantages and suffered from its ravages, all of them very real. As usual, liberalism ended up being diverted by its stockholders – those of finance, in particular – who marred and distorted it. Like always, it opened up an excess of indebtedness that must now be curbed. And as usual, the crash in financial and moral values will lead to a new ideological cycle.
This cycle will lead us to the opposite point of liberalism, probably much further than we imagine today: more taxes, more rules, less liberty, less debt. Here is the program for years ahead. Undoubtedly, Barack Obama will heavily increase levies, in particular on the most well-off taxpayers, in order to avoid the “fiscal cliff” that threatens federal public finances. Like Reagan thirty years ago, he will follow the spirit of the time, but with a diametrically opposed ideology. The movement is likely to be planetary, at least shared by Western countries, as the “fiscal cliff” threatens them all to varying degrees. Taxpayers in all countries, get ready! From this angle at least, the France of François Hollande is at the forefront of modernity. And may even be in style.
Budget cuts and tax increases in the United States in order to avoid the “cliff” and formal plans in Europe are absurd, indeed almost excessive. It is the same process of “relearning limits” that the West is trying to do, after three decades of membership and financial innovations whose object was to push back credit limits. The crisis, for the United States as well as Europe, was never anything but common sense knocking on the window, long ignored, signaling the hour of accounts. After a period of denial, here we extend before the first equation that which we had frightened away in the debt thirty years ago: the development in our country is weaker than before the rupture of the environment of the '70s. The deficit did not resolve this problem – it only masked it temporarily. And it is from the top that we have to work from now on. This is the price of the revival of the West.
La "falaise budgétaire" mondiale
C'est le vote américain qui va tout changer, même s'il a fait moins de bruit que l'élection d'Obama : le 6 novembre, les électeurs californiens ont approuvé la "Proposition 30", qui augmente fortement les impôts pour les ménages aisés et riches. Une révolution, dans une Californie réfractaire à l'intervention publique. Si les citoyens du Golden State ont renié leur culture, c'est que leur État est pris dans les difficultés budgétaires, surendetté, incapable d'honorer ses échéances financières autrement que par des reconnaissances de dettes. La Californie est la métaphore - et la caricature - du monde développé - États-Unis, Europe, Japon, tous trois éprouvés par la crise économique, l'intempérance budgétaire et l'addiction à l'endettement.
Ce référendum est comme le double inversé d'une autre consultation fameuse, organisée au même endroit, il y a trente-quatre ans, qui avait déclenché la révolution libérale aux États-Unis. En 1978, les Californiens adoptaient la "Proposition 13", limitant au contraire les prélèvements fiscaux et exaltant la propriété individuelle inaliénable. Milton Friedman, Prix Nobel d'économie et théoricien du laisser-faire, était alors venu faire campagne en expliquant les vertus de la baisse des impôts... Deux ans plus tard, Ronald Reagan était élu à la présidence des États-Unis et appliquait les principes californiens à l'échelle du pays, baissant fortement les prélèvements et creusant le déficit. Peu à peu, la quasi-totalité des pays de la planète suivirent ses traces. Même les socialistes français du milieu des années 80, sans baisser les impôts, déréglementèrent les marchés financiers pour endetter plus facilement l'État. C'est dire la puissance de l'onde libérale, qui finit par atteindre les régions de la planète les plus réfractaires.
Le libéralisme sans limite est donc mort à l'endroit même où il est né il y a plus de trente ans - avec un vote de la Californie. D'une "proposition" à l'autre, le monde a expérimenté ce système, profité de ses bienfaits et souffert de ses ravages, les uns et les autres bien réels. Comme toujours, le libéralisme a fini par être détourné par ses rentiers - ceux de la finance, en particulier -, qui l'ont dénaturé et caricaturé. Comme toujours, il a débouché sur un excès d'endettement qu'il faut maintenant résorber. Et comme toujours, le krach des valeurs financières et morales va déboucher sur un nouveau cycle idéologique.
Ce cycle va nous emmener aux antipodes du libéralisme, probablement bien plus loin que nous ne l'imaginons aujourd'hui : plus d'impôt, plus de règles, moins de liberté, moins de dette. Voilà le programme pour les années qui viennent. Nul doute que Barack Obama n'augmente lourdement les prélèvements, en particulier sur les contribuables les plus aisés, pour éviter la "falaise budgétaire" qui menace les finances publiques fédérales. Comme Reagan il y a trente ans, il suivra l'esprit des temps, mais avec une idéologie diamétralement opposée. Le mouvement a toutes chances d'être planétaire, à tout le moins commun aux pays occidentaux, la "falaise budgétaire" les menaçant tous à des degrés divers. Contribuables de tous les pays, numérotez vos abattis ! Sous cet angle au moins, la France de François Hollande est à la pointe de la modernité. Et peut-être sera-t-elle même à la mode.
Coupes budgétaires et hausses d'impôts aux États-Unis pour éviter la "falaise", plans de rigueur en Europe, fussent-ils absurdes à force d'être excessifs, c'est le même réapprentissage des limites auquel s'essaie l'Occident, après trois décennies de licence et d'innovations financières qui n'avaient pour objet que de repousser les bornes du crédit. La crise, tant aux États-Unis qu'en Europe, n'était jamais qu'un coup frappé au carreau par le bon sens, longtemps ignoré, qui sonne l'heure des comptes. Après une période de déni, nous voici reconduits devant l'équation première, celle qui nous avait fait fuir dans la dette il y a trente ans : la croissance dans nos pays est moins forte qu'avant la rupture du milieu des années 70. Le déficit n'a pas résolu ce problème, il n'a fait que le masquer temporairement. Et c'est là-dessus qu'il nous faut travailler désormais. La renaissance de l'Occident est à ce prix.
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The economic liberalism that the world took for granted has given way to the White House’s attempt to gain sectarian control over institutions, as well as government intervention into private companies,