Drone Visit to Washington

Published in Libération
(France) on 18 May 2013
by Lorraine Millot (link to originallink to original)
Translated from by Charlotte Schwennsen. Edited by Gillian Palmer.
On the one hand the French want to know if they, too, will soon be the cowboys of the sky, following the Americans in drone killings. On the other hand, these same Americans hardly seem pressed to give up their beloved drones to the unpredictable French.

Between the two sides, one can understand why our Minister of Defense Jean-Yves Le Drian was not in a very good mood this Friday evening during his meeting with French and American journalists. “But I don’t want a press conference!” he grumbled, on discovering our friendly little assembly.

After two questions on Syria (which allowed us to reintroduce the French position in all its light: We restate the question of the European embargo on arms deliveries to Syria, but we are not ready to deliver weapons to opponents), the minister let us know that he did not want to speak about this country. Libération thus asked the question that has been upsetting the Internet for several days now: Did he benefit from this visit to Washington in order to seal the purchase of American drones — two surveillance Reapers, but these two Reapers can also carry missiles and thus kill from a distance — for what price, and to do what exactly? According to Air and Cosmos magazine, the first source to reveal this information, they have well and truly made a deal.

Well, not really, the minister responded: “We are having discussions with Americans, and they are continuing.” Judging by the succession of responses, they are continuing a little too much; simultaneously, France is also in discussions with Israel, Le Drian suddenly shot out. “We are talking with them because we need to.” Americans and Israelis are the only ones to produce this type of drone, known as “MALE,” medium-altitude long-endurance. Until now, Israelis have only used their Heron TP for surveillance, but they could soon demonstrate their striking capabilities in war against Iran.

From what we gather in the ranks of the delegation of France, negotiations with Americans come up against two points: First, Congress must endorse this type of sensitive material, even to an ally like France, which fully reintegrated into NATO and is again proving its case in Mali. Elsewhere, Americans themselves are in great need of their spy planes and do not have any extras to sell.

After recent services that France offered to the global war on terror, all this makes us gnash our teeth in France: “Even Italians have Reapers!” a tricolor source whispered. The British have been able to buy them for years already.

Supposing that it ends up obtaining them, what will France do with its Reapers? Will it really use them exclusively for strikes? “But I am only talking about observation drones! I have already told you three times! Do I have to repeat myself a fourth time?” There, we get the impression that we have annoyed the minister a little. Before leaving, he is the one who storms back in, proposing a “tenth” explanation. More cheerful, his advisers direct us to read the new White Paper on Defense, which foresees an immediate purchase of small tactical drones and MALE drones, but not just for observation. Only later, “on the 2035 horizon,” does the minister envision developing “combat drones” with the British that could indeed kill. The idea is that these future “new generation” drones will confront military adversaries, notably airplanes and not only the jihadists or civilians who find themselves there at the wrong time, as Americans currently do with their Reapers. In sum: France will perhaps one day kill with drones, but they will be Europeans and will respect the laws of war. Nothing to get worked up about.


D’un côté les Français se demandent s’ils vont bientôt devoir jouer eux-aussi les cow-boys du ciel, suivant les Américains dans les assassinats au drone. De l’autre, ces mêmes Américains ne semblent guère pressés de céder leurs chers drones à ces imprévisibles Français…

Entre ces deux feux, on peut comprendre que notre ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian n'était pas de très bonne humeur ce vendredi soir, lors de sa rencontre avec les journalistes français et américains. « Mais je ne voulais pas de conférence de presse ! » a-t-il grogné d'entrée, découvrant notre aimable petite assemblée.

Après deux questions sur la Syrie (qui ont permis de réexposer la position française dans toute sa clarté : on remet en question l’embargo européen sur les livraisons d'armes à la Syrie mais on n’est pas prêt à livrer des armes aux opposants), le ministre a fait savoir qu'il ne voulait plus parler de ce pays. Libération s’est donc dévoué pour poser la question qui agite l'internet depuis quelques jours déjà: a-t-il profité de cette visite à Washington pour sceller l’achat de drones américains (il est question de deux Reapers de surveillance, mais ces mêmes Reapers peuvent aussi porter des missiles et donc tuer à distance), à quel prix, et pour quoi faire exactement ? Selon le magazine Air et Cosmos, premier à avoir révélé l'information, l'accord aurait bel et bien été conclu.

Et bien pas vraiment, a répondu le ministre : « Nous avons des discussions avec les Américains et elles se poursuivent ». A en juger par la suite de ses réponses, elles se poursuivent même un peu trop: "parallèlement", les Français discutent aussi avec les Israéliens, a soudain lancé Le Drian. "On discute avec les deux parce qu'on en a besoin". Américains et Israéliens sont les seuls à produire ce type de drones dit « Male » (moyenne altitude longue endurance). Jusqu'à présent, les Israéliens n'utilisent leurs Heron TP que pour la surveillance mais ils pourraient bientôt faire la démonstration de leurs capacités de frappe, en cas de guerre contre l'Iran.

D’après ce qu’on a pu grappiller dans les rangs de la délégation française, la négociation avec les Américains achoppe sur deux points: d’abord le Congrès doit donner son aval à ce type d’exportation de matériel sensible, même à un allié comme la France, pleinement réintégré dans l’OTAN et qui vient encore de faire ses preuves au Mali. Par ailleurs les Américains ont eux-mêmes grand besoin de leurs mouchards et n’ont pas vraiment de rab à céder.

Après les récents services rendus par la France à la lutte internationale contre le terrorisme, tout cela fait grincer des dents côté français : « Même les Italiens ont eu des Reapers ! » glisse une source tricolore. Les Britanniques aussi ont pu en acheter 10, depuis des années déjà.

A supposer qu’elle finisse par les obtenir, que ferait donc la France de ses Reapers? Exclut-elle vraiment de s’en servir pour des frappes ? « Mais je ne parle que de drones d’observation ! Je vous l’ai déjà dit trois fois ! Est-ce que je dois le répéter une quatrième fois ? » Là, on a l’impression d’avoir un peu énervé le ministre. Avant de partir, c’est lui-même qui revient à l’assaut, proposant une « dixième" explication. Plus souriants, ses conseillers en profitent pour nous renvoyer à la lecture du tout nouveau Livre Blanc de la Défense, qui prévoit dans l’immédiat l’acquisition de petits drones tactiques et de ces « Male », mais seulement donc pour l’observation. Plus tard seulement, « à l’horizon 2035 », le ministère de la Défense français envisage le développement, avec les Britanniques, de « drones de combat » qui eux pourront bel et bien tuer. L’idée est que ces futurs drones de « nouvelle génération » affronteront des adversaires militaires, notamment des avions, et pas seulement des djihadistes ou des civils qui se trouvaient là au mauvais moment, comme le font actuellement les Américains avec leurs Reapers. En résumé : la France tuera peut-être un jour avec ses drones, mais ils seront européens et respecteront le droit de la guerre. Pas de quoi s'énerver.
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