Radicalization of the Tea Party

Published in Le Monde
(France) on 10 October 2013
by Pap Ndiaye (link to originallink to original)
Translated from by Kim Wang. Edited by Gillian Palmer.
The federal government shutdown is the latest episode in a very tough offensive begun in 2009, led by the tea party, an ultraconservative wing of the Republican Party. The tea party does not just consider the federal government to be simply a “problem,” like Ronald Reagan once said, but rather an enemy that needs to be weakened as much as possible. The tea party has not been born out of nowhere: It is a symbol of the conservative revival that began in the 1960s, when a mixture of discontented people began to form a group, denouncing the jumble of social assistance programs on the basis that they kept the poor in poverty and increased taxes, the management of federal lands in the West and the federal response in the civil rights battle for blacks, who offend a significant part of the Southern white population.

The novelty of the tea party is not so much in its ideology as in its diehard political strategy, which leads to violation of the normal functioning of the state. Through a guerrilla war in Congress, elected tea party representatives follow the old recipe of radical conservatism, with classic ingredients including the most rancid of them all: the issue of race. Of course, it is not possible for the heads of the tea party — except on a slip-up or when imprudence betrays them — to claim any white identity. These spokesmen only speak about balancing the federal budget, drying up “Obamacare” — the health insurance plan — financially and other topics that are devoid of racial issues.

If military spending is approved of in the eyes of most of the elected tea party representatives, it is the social programs that create their most violent diatribes: Federal spending to reduce social injustice is illegitimate and counterproductive, and the same applies to income tax.

Of course, the current law on health insurance exasperates them, since it seems to them to represent a “socialist” state. More generally, it is what remains of the welfare state and heir to the New Deal, with the creation of social security, jobs in the public sector, the reduction of wealth disparity and, since the 1960s, health insurance for the very poor and for the elderly, which is in their line of sight.

However, these issues are particularly interesting to minorities, who make up half of the 40 million uninsured people in the United States. One-third of black Americans and two-thirds of Hispanics are uninsured, which is the case for “only” one-fifth of white Americans. Blacks and Hispanics receive poorer quality medical care, dying much more frequently than the national average of diabetes, cancer and strokes, not to mention those who are — often poorly — insured.

Currently, 71 percent of white Americans are covered by insurance due to their jobs, which is not the case for one-third of Hispanics and half of African-Americans. In states where black and Hispanic populations are the highest, like Alabama or Texas, the effects of the new law will be the most evident, since access to care is the most deplorable there. Obamacare is good news for millions of Americans. It would reduce geographic and ethno-racial public health disparities in the United States.

Targeting Obamacare with such tenacity and with so many resources — the Koch brothers, right-wing billionaires, have spent millions of dollars to try to defeat it — tea party strategists draw a line between “their” America, which Sarah Palin calls “the real America” — white, Christian — and the “other” America — more colored, more poor — as the one that interests the federal government to increase income tax to fund social programs.

Finally, the fact that this law has Barack Obama as its leading architect puts the tea party voters into hysteria. Surveys have shown that they do not, for the most part, understand the details of the law, which is admittedly complex, or even its general principles. In fact, a number of these ultraconservative Americans have, for themselves and for their families, objective interest in the law, but at present they do not care: The presence of a black man in the White House destroys them, obsesses them. The health insurance law is in their eyes an additional symptom of an imaginary drift: That the federal government lavishly spends to benefit “others.”


La paralysie de l'administration fédérale est le dernier épisode d'une offensive très dure menée depuis 2009 par le Tea Party, l'aile ultradroitière du Parti républicain, pour qui l'Etat fédéral n'est pas qu'un "problème", comme le disait jadis Ronald Reagan, mais un ennemi à affaiblir autant que possible. Le Tea Party n'est pas né de nulle part : il est un avatar de la renaissance conservatrice entamée dans les années 1960, lorsqu'un ensemble hétéroclite de mécontents commença à se constituer, dénonçant pêle-mêle les programmes d'assistance sociale au motif qu'ils maintenaient les pauvres dans la pauvreté et augmentaient les impôts, la gestion des terres fédérales dans l'Ouest, et l'intervention fédérale pour les droits civiques des Noirs qui scandalisait une partie importante de la population blanche du Sud.
La nouveauté du Tea Party n'est donc pas tant son idéologie que sa stratégie politique jusqu'au-boutiste, menée au mépris du fonctionnement normal de l'Etat. Au moyen d'une guérilla parlementaire sans merci, les élus du Tea Party accommodent la bonne vieille recette du conservatisme radical, avec ses ingrédients classiques, y compris le fond de sauce le plus rance, celui que les observateurs évoquent rarement tant il semble renvoyer les Etats-Unis à leurs vieux démons: la question raciale. Bien entendu, il n'est pas possible pour les porte-parole du Tea Party – sauf quand un lapsus ou une imprudence les trahissent – de revendiquer une quelconque identité blanche. Ces élus ne parlent que de budget fédéral équilibré, d'assécher financièrement l'"Obamacare" (la loi sur l'assurance-santé), et autres thèmes apparemment dépourvus d'enjeu racial.

Si les dépenses militaires trouvent grâce aux yeux de la plupart des élus du Tea Party, ce sont les programmes sociaux qui suscitent leurs diatribes les plus violentes: les dépenses fédérales visant à réduire les injustices sociales sont illégitimes et contre-productives, et il en va de même pour la progressivité de l'impôt sur le revenu. Bien entendu, la loi sur l'assurance-santé qui se met en place en ce moment les exaspère, tant elle leur paraît représenter une forme d'Etat "socialiste". Plus généralement, c'est ce qui reste de l'Etat-providence héritier du New Deal, avec la création de la sécurité sociale, les emplois publics, la réduction des écarts de richesse, et, depuis les années 1960, l'assurance-maladie pour les très pauvres et certaines personnes âgées, qui est dans leur ligne de mire.

Or, ces questions sont d'un intérêt particulier pour les minorités, qui composent la moitié des 40 millions de non-assurés aux Etats-Unis. Un tiers des Américains noirs et les deux tiers des Hispaniques n'ont pas de couverture santé, ce qui n'est le cas "que" pour un cinquième des Américains blancs. Les Noirs et les Hispaniques reçoivent des soins médicaux moins bons, meurent bien plus que la moyenne nationale de diabète, de cancer et d'infarctus, y compris ceux qui sont (souvent mal) assurés.

HYSTÉRIE DE "LA VRAIE AMÉRIQUE"

Actuellement, 71 % des Américains blancs sont couverts par une assurance liée à leur emploi, ce qui n'est le cas que pour un tiers des Hispaniques et la moitié des Afro-Américains. Dans les Etats dont les populations noire ou hispanique sont les plus fortes, comme l'Alabama ou le Texas, la nouvelle loi aura les effets les plus nets, tant l'accès aux soins y est déplorable. La loi Obamacare est donc une très bonne nouvelle pour des millions d'Américains. Elle devrait réduire les disparités géographiques et ethno-raciales de santé publique aux Etats-Unis.

En ciblant l'Obamacare avec une telle pugnacité, et avec tant de ressources (les frères Koch, des milliardaires d'extrême droite, ont dépensé des centaines de millions de dollars pour faire échec à la loi), les stratèges du Tea Party tracent implicitement une frontière entre "leur" Amérique, celle que Sarah Palin appelle "la vraie Amérique" ("real America"), blanche, chrétienne, et l'"autre" Amérique, plus urbaine, plus colorée, plus pauvre aussi, celle qui a intérêt à l'intervention de l'Etat fédéral et à une hausse de l'impôt sur le revenu pour financer des programmes sociaux.

Enfin, le fait que cette loi ait Barack Obama pour principal architecte hystérise les électeurs du Tea Party. Des enquêtes ont montré qu'ils n'essaient pas, pour la plupart, de comprendre les détails de la loi (qui est, il est vrai, d'une grande complexité) ni même ses principes généraux. De fait, un certain nombre de ces Américains ultraconservateurs ont, pour eux-mêmes et leur famille, objectivement intérêt à la loi, mais pour le moment ils n'en ont cure: la présence d'un homme noir à la Maison Blanche les ulcère, les obsède. La loi d'assurance-santé est à leurs yeux un symptôme supplémentaire d'une dérive imaginaire: l'Etat fédéral dépense sans compter au profit des "autres".
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