The Stolen Election

Published in Le Devoir
(Canada) on 29 October 2016
by Élisabeth Vallet (link to originallink to original)
Translated from by Elona Ritchie. Edited by Alexandra Mullin.
There are 10 days before the election, and Americans are feeling anxious and worried as Nov. 8 approaches. It is not only because of the potential election results, but because of the atmosphere around polling stations. Advanced polling is being held in two thirds of U.S. states and tension reigns, heightened by the issue of Hillary Clinton's emails, which refuses to go away, and by Donald Trump's constant claims that the election will be stolen from him. Nearly half of his supporters and a third of voters believe it, already undermining the legitimacy of the future president. But scientific studies tell a different story. What follows is an analysis of a democracy that works, but is flawed.

On Oct. 4, the Indiana State Police, armed with a search warrant, raided the offices of the Indiana Voter Registration Project, whose goal is to help African Americans register to vote. The group is accused of widespread electoral fraud, though the grounds for the accusations are not clear. Yesterday, two women were arrested in Miami-Dade County, Florida, for tampering with ballots and voter registration forms.

It is this atmosphere, encouraged by Trump, that explains why a radical organization like the Oath Keepers, whose members were deployed to Ferguson to "maintain order" (read: in place of the authorities), believe they must monitor lines at polling stations. Their "Operation Sabot 2016" is just one of the actions taken by groups of conspiracy theorists who believe that the election could be "stolen from the American people."

The words used by one of Trump's campaign managers, laying out a strategy to "reduce" the vote (sic) by targeting Democratic voting blocs, corroborates this. Even though it is simply negative campaigning, any coordination between the Trump campaign, the Republican Party and patrol operations around polling stations could put the GOP in a delicate position.

Since 1982, after New Jersey Republican agents used intimidation tactics, Republican activities near polling stations have been restricted. These restrictions, which will be removed next December, could be extended by five years if it is proven that the GOP has re-offended—which is what the Democratic Party is claiming.

According to two long-time law professors, Levitt and Hasen, the problem is mostly due to partisan electoral battles waged by the parties, like the culture wars. While Republican legislative majorities in adjacent states increased electoral surgeries (the notorious "gerrymandering," and North Carolina's 12th congressional district has been redrawn five times since 1993) and voter identification laws, their Democratic adversaries opposed them, citing civil rights legislation.

Levitt's research only found 31 cases of identity-related electoral fraud in one billion votes from 2000 to 2014. Moreover, every university study has shown that during the twentieth century, electoral irregularities have never caused results to be overturned. Even when Nixon was convinced that Kennedy had snatched the White House from him in 1960 and the margin of victory was thin, electoral anomalies did not tip the scales. But that does not mean that there are no inherent problems in the electoral system. According to the Brennan Center for Justice, 10 percent of potential voters do not have a piece of government-issued photo identification and run into difficulties when they go to the polling booth.

In 14 states, voters will be faced with new restrictions, such as shorter advanced polling hours or more complex identification procedures. In Texas, North Carolina and Wisconsin, the courts struck down these restrictions, but deputy returning-officers have not been informed otherwise.

And thus the American political system is a hybrid combining decentralization with indirect universal suffrage. Its strength can also be a major flaw. The disadvantage of decentralization is that the system lacks consistency and is sometimes disjointed.

It is also the reason for disparities in voting procedures, the obsolescence of certain voting machines and even the poor quality of ballots because of a lack of funding. But with 14,000 election administrators, it is practically impossible to sway the outcome of an election in favor of a candidate.


À 10 jours de l’élection, les Américains voient arriver le 8 novembre avec fébrilité et inquiétude, tant en raison de l’issue des élections que de l’atmosphère aux abords des bureaux de vote. En effet, alors que le vote par anticipation est en cours sur les deux tiers du territoire américain, le climat est tendu, entretenu tant par l’affaire des courriels d’Hillary Clinton, qui ne finit pas de rebondir, que par Donald Trump, qui ne cesse de clamer que l’élection lui sera volée : près de la moitié de ses supporteurs et le tiers des électeurs y croient, minant par avance la légitimité du (de la) futur(e) président(e). Pourtant, les études scientifiques nuancent ce portrait. État des lieux d’une démocratie américaine tout à la fois imparfaite et fonctionnelle.

Le 4 octobre dernier, la police d’État de l’Indiana, munie d’un mandat de perquisition, investit le bureau de l’Indiana Voter Registration Project, dont l’objectif est de faciliter l’inscription sur les listes électorales des Afro-Américains : l’argument invoqué est une fraude électorale de grande ampleur dont les bases ne sont pourtant pas claires. Hier, deux femmes sont arrêtées dans le comté de Miami-Dade (Floride) pour avoir altéré des bulletins et des fiches d’inscription électorales.

C’est ce climat, entretenu par les déclarations de Trump, qui explique qu’une organisation radicale comme Oath Keepers, dont les membres se sont déployés à Ferguson pour « maintenir l’ordre » (entendre : en lieu et place des autorités) s’estime fondée à infiltrer les files d’attente aux bureaux de vote. Leur « Operation Sabot 2016 » n’est que l’une des initiatives prises par ces groupes conspirationnistes, persuadés que l’élection pourrait être « volée au peuple américain ».

Le phrasé même d’un des opérateurs de la campagne de Trump, établissant une stratégie pour « réduire » le vote (sic) en ciblant les blocs électoraux prodémocrates, abonde dans ce sens. Même s’il ne s’agit là que de méthodes de publicité négative, toute coordination entre la campagne de Trump, le Parti républicain et des opérations de patrouille autour des bureaux de vote pourrait placer le GOP dans une position délicate.

En effet, depuis 1982, à la suite de manoeuvres d’intimidation utilisées par des opérateurs républicains au New Jersey, les activités républicaines aux abords des bureaux de vote sont restreintes. Ces restrictions, qui doivent être levées en décembre prochain, pourraient être prorogées de cinq ans s’il était prouvé que le GOP a récidivé — ce que le Parti démocrate affirme.

Comme l’expliquent depuis longtemps deux professeurs de droit, Levitt et Hasen, le problème est plus le fait de guerres du vote partisanes, à l’instar des guerres culturelles, menées par les partis. Alors que les législateurs républicains majoritaires dans les États fédérés ont multiplié les charcutages électoraux (le fameux gerrymandering : le 12e district congressionnel de la Caroline du Nord a été redessiné cinq fois depuis 1993) et les lois précisant l’identification des électeurs, leurs adversaires démocrates invoquent les droits civiques.

Les recherches de Levitt ne recensent que 31 cas de fraude électorale liée à l’identité de l’électeur sur un milliard de votes entre 2000 et 2014. De surcroît, toutes les études universitaires montrent que les irrégularités électorales n’ont jamais, au XXe siècle, inversé l’issue du vote. Même en 1960, alors que Nixon était convaincu que Kennedy lui avait ravi la Maison-Blanche et tandis que la marge de victoire était mince, les anomalies électorales ne permettent pas de trancher. Cela ne veut pas dire qu’il n’existe pas des problèmes inhérents au système de votation. Selon le Brennan Center for Justice, 10 % des électeurs potentiels n’ont pas de pièce d’identité gouvernementale avec photo et rencontrent des difficultés lorsqu’ils se présentent pour voter.

Dans 14 États, les électeurs feront face à de nouvelles restrictions, qu’il s’agisse de la réduction des heures de vote par anticipation ou de processus d’identification plus complexes. Au Texas, en Caroline du Nord et au Wisconsin, les tribunaux ont invalidé ces restrictions, mais les scrutateurs n’en ont pas toujours été informés.

Ainsi, le système politique américain est un mécanisme hybride alliant décentralisation et suffrage universel indirect. Ce qui est un atout peut aussi être un grand défaut. L’inconvénient de la décentralisation est que le système reste inconstant et parfois incohérent.

C’est également ce qui explique la disparité des processus de votation, l’obsolescence de certaines machines de vote ou encore la piètre qualité des bulletins, faute de financement. Pour autant, avec 14 000 administrateurs électoraux, il est pratiquement impossible de s’assurer qu’une élection va basculer en faveur de l’un ou l’autre des candidats.
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