The ‘American’ Virus: Devourer of Humanity

Published in Le journal de Montrėal
(Canada) on 8 May 2021
by Réjean Bergeron (link to originallink to original)
Translated from by Emily Sedgwick. Edited by Helaine Schweitzer.
It was indeed a feeling of shame, a kind of retching that I felt when I saw on television thousands of people protesting in the streets of Montreal against sanitary measures.

Close to 11,000 people in Quebec have died from COVID-19 since the beginning of this pandemic. Nurses, doctors, client care attendants and other workers have been holding the health system afloat for months; some of them have subsequently fallen in combat because they were “too” involved with humankind.

The Pandemic, a Hoax

During this period, a mixed crowd is wandering the streets chanting enlightening and pathetic slogans in defense of their rights and one-sided freedoms. Some of them, signs in hand, say they are against confinement or question the use of wearing masks. Others declare that they do not trust vaccines, and that COVID-19 results in a small cold for those who are infected.

But the most terrifying thing is that there are many who believe — because it really is a matter of belief here — that the virus does not exist, and that all the stories of a pandemic are a big, concocted hoax. In spite of what is happening here in Quebec, but also in India, Brazil and everywhere in the world, all these people persist and highlight the cruelest of realities, the one that keeps us inside for months, isolating the heads of families and keeping young children from their grandparents.

How have human beings, even people like me, come to display such a high and strong view of a world that is as selfish as it is egocentric? This is the question that has been haunting me for several days.

The Other Virus

You couldn’t have laughed harder when Donald Trump, with a straight face, said there was no rain at his inauguration ceremony in 2017 and that the crowd there that day had been larger than the one assembled at the inauguration of Barack Obama in 2009, in spite of photos that proved differently. What a clown, you told yourself!

Four years later, people weren’t laughing as hard when, while affirming in his delirium that his reelection had been stolen from him, he set himself to inciting his supporters to invade the Capitol in a barely disguised hope of provoking a coup d’état.

And so, here we are. Alternative facts, fake news, post-truth politics and other similar concepts have been making inroads ever since. In the same way a virus propagates itself and infects its victims, millions of Americans end up adopting these ideas, ideas which transform Americans into inveterate Trumpists and become lodged in the minds of many of our fellow citizens. For those who still have any doubt, the Montreal protest on May 1 is a marvelous example.

But how do we recognize people who have been contaminated by this virus, what are the symptoms? Perniciously, this infectious agent begins right away, attacking the immune system of these victims by depriving them first of their own good sense, then of their judgment and finally, of that faculty that is so essential and consists of being able to see the difference between what is real and what is imaginary, between a simple idea and the world of facts.

Weakened in this way, these people then become more and more susceptible to receiving opinions, to prejudices and to following the most hare-brained conspiracy theories that circulate on the internet. Connected to reality by the most tenuous thread and confusing the world of belief with the world of science, they impulsively frequent virtual reality spaces that nourish and exploit their great gullibility while driving them deeper into an ever more extreme intellectual incompetence.

This virus is dangerous, not only for the hosts, but even more for the society in which it multiplies itself at full speed. Sooner or later it ends, like a flesh-eating bacteria, by attacking the social tissue, by devouring the lines of solidarity at the base of citizenship, by dividing up a convivial association into multiple groups of individuals who, isolated and huddled unto themselves, resort to instincts that push them to seek only their own interests, even if it means denying those of the whole group.

This virus is extremely dangerous, because when we give it free rein, it ends up devouring the portion of humanity that is embedded in each of our hearts.


Le virus «américain» dévoreur d’humanité

C’est bien un sentiment de honte, une sorte de haut-le-cœur que j’ai ressenti lorsque j’ai vu à la télévision ces milliers de personnes qui manifestaient contre les mesures sanitaires dans les rues de Montréal.
Près de 11 000 personnes sont mortes de la COVID-19 au Québec depuis le début de cette pandémie. Des infirmières, médecins, préposés aux bénéficiaires et autres travailleurs tiennent le système de santé et des services sociaux à bout de bras depuis des mois; certains d’entre eux sont d’ailleurs tombés au combat pour avoir été « trop » solidaires du genre humain.
La pandémie, un canular...
Et pendant ce temps une foule bigarrée déambule dans les rues en scandant des slogans édifiants et pathétiques pour la défense de leurs droits et libertés à sens unique. Certains, pancartes à la main, affirment qu’ils sont contre le confinement ou remettent en question l’utilité du port du masque. D’autres déclarent qu’ils n’ont pas confiance aux vaccins et que le virus de la COVID-19 cause tout au plus un petit rhume chez ceux qui en sont atteints.
Mais le plus terrifiant, c’est qu’ils sont plusieurs à croire – car il s’agit bien ici d’une croyance – que ce virus n’existe pas et que toute cette histoire de pandémie est un immense canular monté de toutes pièces. Malgré ce qui se passe ici au Québec, mais aussi en Inde, au Brésil et partout dans le monde, tout ce beau monde persiste et signe pour nier la plus cruelle des réalités, celle qui nous rentre dedans depuis des mois, décapite des familles et prive de jeunes enfants de leurs grands-parents.
Comment des êtres humains, pourtant mes semblables, en sont-ils venus à se rassembler dans le but d’afficher haut et fort une vision du monde autant égoïste qu’égocentrique ? Voilà la question qui me hante depuis quelques jours.
L’autre virus...
Qu’est-ce qu’on pouvait rigoler à l’époque lorsque Donald Trump affirmait, sans même cligner des yeux, qu’il n’y avait pas eu de pluie lors de sa cérémonie d’investiture en 2017 et que, malgré les photos qui prouvaient le contraire, la foule présente ce jour-là avait été beaucoup plus grande que celle qui s’était rassemblée lors de l’investiture de Barack Obama en 2009. Quel clown, se disait-on !
Quatre ans plus tard, disons qu’on a commencé à rire un peu moins quand, tout en affirmant dans son délire que sa réélection lui avait été volée, il s’est mis à inciter ses partisans à envahir le Capitole dans l’espoir à peine voilé de provoquer un coup d’État.
Eh bien, on y est ! Les concepts de faits alternatifs, de fake news, de post-vérité et autres du même genre, ont fait du chemin depuis. À la manière de virus qui parviennent à contaminer leurs victimes, ces concepts ont fini par être adoptés par des millions d’Américains, qui se sont graduellement métamorphosés en trumpistes invétérés, et par traverser la frontière pour se loger dans l’esprit de plusieurs de nos concitoyens. Pour ceux qui en douteraient encore, la manifestation du 1er mai dans les rues de Montréal en est un merveilleux exemple.
Mais comment reconnaître les personnes qui ont été contaminées par ce virus, quels en sont les symptômes ? D’une manière pernicieuse, cet agent infectieux commence tout d’abord par s’attaquer au système immunitaire de ses victimes en les privant premièrement de leur gros bon sens, ensuite de leur jugement et finalement de cette faculté pourtant essentielle qui consiste à pouvoir faire la différence entre le réel et l’imaginaire, entre une simple idée et le monde des faits.
Ainsi affaiblis, ces personnes deviennent alors de plus en plus perméables aux opinions reçues, aux préjugés et par la suite aux théories du complot les plus farfelues qui circulent sur le Web. Reliées à la réalité par un fil des plus ténus et confondant le monde de la croyance avec celui de la science, ils fréquentent d’une manière compulsive des espaces virtuels qui nourrissent et exploitent leur grande crédulité tout en les enfonçant encore davantage dans une impéritie intellectuelle toujours plus extrême.
Ce virus est dangereux non seulement pour ses hôtes mais aussi et surtout pour la société dans laquelle il se multiplie à la vitesse grand V. Car tôt ou tard il finit, à la manière de la bactérie mangeuse de chair, par s’attaquer au tissu social, par dévorer les liens de solidarité à la base de toute citoyenneté, par morceler une association conviviale en de multiples agrégations d’individus qui, isolés et recroquevillés sur eux-mêmes, s’en remettent alors à cet instinct qui les poussent à ne rechercher que leurs intérêts particuliers quitte à nier ceux de l’ensemble de la collectivité.
Ce virus est en effet très dangereux puisque lorsqu’on lui laisse la voie libre, il finit par dévorer la part d’humanité logé dans le cœur de chacun.


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