While periodicals today are looking back at the last 20 years following 9/11, on the obsession with security, on the emergence of jihad as a world phenomenon, as a conquering ideology facing a decadent democracy that is secular and permissive, a look back at the Afghan escapade is instructive.
An escapade generally referred to as a “total failure,” ending in a “collapse,” coupled with a bottomless pit that guzzled unimaginable sums, which will be paid by generations and generations of Americans.
At a closer look, you can nevertheless see numerous paradoxes that are pushing to make the scope, or the complete nature of this failure, more relative … and this despite the humiliating military stampede in August.
The feeling of catastrophe that has enveloped many Afghans faced with the return of the turbaned leaders reflects, in a hidden way, an ideological victory (partial, but real) of the West, its ideology and its secular liberties. Particularly among young city dwellers.
Kabul, Mazar-i-Sharif and even Kandahar were transformed by the interaction with the Westerners, by the opening to the world. All of these desperate people at the Kabul airport, these children, girls, men and women of the city, saying in essence, “We like the American occupation much better! Don’t leave! Or bring us with you! Because for us, in comparison with what is waiting for us, we are losing our freedom today.…”
The freedom of infusion, though minimal, of secularism, in relation to religious totalitarianism. The liberty to receive others in your home, this window to the world that was also, for all these young people, a breath of fresh air — despite, yes, the military, colonial, and “assisted” context in Afghanistan during this period.
There are also comparative socio-economic indicators between 2001 and 2021 that are quite astonishing. An overwhelming comparison, with dizzying contrasts between today and 20 years ago. What do the statistics — if sometimes questionable — from the World Bank, the World Health Organization, UNICEF or UNESCO say about this country?
Access to drinking water: 25% in 2001, almost 50% in 2021. To electricity: 6.3% in 2001, 84% in 2021. Telephone: 2 million lines in 2001, 40 million in 2021. Schooling of women: 0% in 2001, 83% in 2021. Women in the workforce: 22% in 2021. Diphtheria, diarrhea, rubella, cholera: eradicated or in clear decline.
Where there was nothing but dirt roads, thousands of kilometers of paved roads have emerged in the last 20 years, including a circular highway connecting large cities (it’s true, ruined by the final sabotages and fighting).
Of course, never forget the fragile, partly artificial nature of this, because everything rests on massive transfers, in an economy on an [intravenous] drip and a country virtually under tutelage. Do not forget, in addition, that economically, this model was not viable, tainted by monumental corruption. A Washington Post investigation in 2019 indicated that at least 40% of the money sent never reached the planned target.
Be that as it may, today, the distress of the youths, the city dwellers and the women of Afghanistan is clear and irrevocable. Sociological, psychological, but just as much physical traces, left by the interactions with the Westerners, are not just those called corruption, military blunders, dependence. They were also those called hope, openness … and a better life.
A bottomless pit? Without a doubt....
The statistic of $80 billion (cited two weeks ago) strictly represents the sums “invested” in the army and forces under Afghan command.
But according to evaluations of the total cost, for the United States, of the entire Afghan escapade — with the aid to development (massive, but of uneven efficacy), the spending on infrastructure, the various subsidies; with adding spending on health for the hundreds of thousands of those in uniform who came to Kabul or Kandahar and are now disabled — this sum would be 15 times bigger, or $1.2 trillion.
With this increase: an expenditure of $1 billion a week ... for 20 years!
The Taliban need this money today, or at least a part of it. They want it. That is why their spokespeople, faced with the microphones and cameras of the world, are admirably handling doublespeak and have learned to pronounce words like “inclusive” and “openness.”
In a nutshell, what are they saying? You left with your soldiers, and that’s great. The Afghan army, which you tried to mold to your image and with your methods, collapsed: That’s perfect. America is humiliated? Fantastic! And it is well deserved!
But you know what? As far as money is concerned, you generously spent it for 20 years. … We’ll still take it!
A hope: that these anti-totalitarian and urban youths who tasted freedom resist. And that this resistance, combined with the economic dependence of the Taliban in power, forces them to put a bit of water in their wine … or rather, wine in their water!
Alors que les gazettes reviennent aujourd’hui sur les vingt ans qui ont suivi le 11 Septembre, sur l’obsession sécuritaire, sur l’émergence du djihad comme phénomène mondial, comme idéologie conquérante face à la décadente démocratie laïque et permissive, un retour sur l’équipée afghane est instructif.
Une équipée qualifiée généralement d’« échec total », se concluant par un « effondrement », doublée d’un puits sans fond qui a englouti des sommes inimaginables, pour lesquelles paieront des générations d’Américains et d’Américaines.
À l’examen, on aperçoit toutefois de nombreux paradoxes qui poussent à relativiser l’étendue, ou le caractère absolu de cet échec… et ce, malgré l’humiliante débandade militaire du mois d’août.
Le sentiment de catastrophe qui a envahi de nombreux Afghans devant le retour des chefs enturbannés est le reflet caché d’une victoire idéologique (partielle, mais réelle) de l’Occident, de son idéologie, de ses libertés laïques. Particulièrement chez les jeunes des villes.
Kaboul, Mazar-i-Sharif et même Kandahar ont été métamorphosées par le passage des Occidentaux, par l’ouverture sur le monde. Tous ces gens désespérés à l’aéroport de Kaboul, ces jeunes, ces filles, ces hommes et femmes des villes, disaient en substance : « On aime bien mieux l’occupation américaine ! Ne partez pas ! Ou emmenez-nous ! Parce que pour nous, en comparaison avec ce qui nous attend de nouveau, c’est la liberté que nous perdons aujourd’hui… »
La liberté d’une infusion, même minime, de laïcité, par rapport au totalitarisme religieux. La liberté de recevoir les autres chez soi, cette fenêtre sur le monde qui était aussi, pour tous ces jeunes, une bouffée d’oxygène — malgré, oui, le contexte militaire, colonial et « assisté » de l’Afghanistan pendant cette période.
Il y a également les indicateurs socio-économiques comparés de 2001 et de 2021, assez stupéfiants. Une comparaison écrasante, des contrastes vertigineux entre aujourd’hui et il y a vingt ans. Que disent les chiffres — même parfois sujets à caution — de la Banque mondiale, de l’OMS, de l’UNICEF ou de l’UNESCO sur ce pays ?
Accès à l’eau potable : 25 % en 2001, presque 50 % en 2021. À l’électricité : 6,3 % en 2001, 84 % en 2021. Téléphone : 2 millions de lignes en 2001, 40 millions en 2021. Scolarisation des filles : 0 % en 2001, 83 % en 2021. Participation des femmes au marché du travail : 22 % en 2021. La diphtérie, la diarrhée, la rubéole, le choléra : éradiqués ou en net recul.
Là où il n’y avait que des routes de terre, des milliers de kilomètres de routes asphaltées ont surgi depuis vingt ans, dont une autoroute circulaire reliant les grandes villes (… il est vrai abîmée par les ultimes sabotages et affrontements guerriers).
Bien sûr, ne jamais oublier le caractère fragile, en partie artificiel de cela, puisque tout reposait sur des transferts massifs, dans une économie sous perfusion et un pays sous quasi-tutelle. Ne pas oublier non plus qu’économiquement, ce modèle n’était pas viable, entaché d’un degré de corruption monumental. Une enquête du Washington Posten 2019 parlait d’au moins 40 % de l’argent versé ne se rendant jamais à la cible prévue.
Il n’empêche : ce que disent aujourd’hui, dans leur détresse, les jeunes, les citadins, les filles d’Afghanistan est clair et sans appel. Les traces sociologiques, psychologiques, mais également physiques, matérielles du passage des Occidentaux, n’ont pas pour seuls noms : corruption, bavures militaires, dépendance. Elles s’appelaient aussi : espoir, ouverture… et vie meilleure.
Puits sans fond ? Sans doute…
Le chiffre de 80 milliards (cité ici il y a deux semaines) représente strictement les sommes « investies » dans l’armée et les forces de l’ordre afghanes.
Mais selon les évaluations sur le coût total, pour les États-Unis, de toute l’équipée afghane — avec l’aide au développement (massive, mais d’une efficacité inégale), les dépenses d’infrastructures, les subventions diverses ; en y ajoutant les dépenses de santé pour les centaines de milliers d’éclopés en uniforme qui se sont succédé à Kaboul ou Kandahar —, cette somme serait quinze fois supérieure, soit 1200 milliards de dollars américains.
En arrondissant : une dépense d’un milliard de dollars par semaine… pendant vingt ans !
Les talibans ont aujourd’hui besoin de cet argent, ou au moins d’une fraction. Ils sont demandeurs. C’est pourquoi leurs porte-parole, face aux micros et aux caméras du monde, manient admirablement le double langage, et ont appris à prononcer des mots comme « inclusif » et « ouverture ».
En gros, que disent-ils ? Vous êtes partis avec vos soldats, et c’est très bien. L’armée afghane, que vous avez tenté de former à votre image et avec vos méthodes, s’est effondrée : c’est parfait. L’Amérique humiliée ? Fantastique ! Elle le mérite…
Mais vous savez quoi ? Pour ce qui est de l’argent que vous avez déversé libéralement depuis vingt ans… nous sommes toujours preneurs !
Un espoir : que cette jeunesse antitotalitaire et urbaine qui a goûté à la liberté résiste. Et que cette résistance, conjuguée à la dépendance économique des talibans au pouvoir, les force à mettre un peu d’eau dans leur vin… ou plutôt de vin dans leur eau !
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The Department of War's aggressive name, while doing nothing to change the actual state of the U.S. military, is nothing more than “pretense of power” theatrics.
The attempted assassination of Hamas negotiators marks a turning point. ... Added to the genocide and ethnic cleansing in Gaza, international law has finally died.