The Return of ‘King Donald’?

Published in La Presse
(Canada) on 6 November 2024
by Michel C. Auger (link to originallink to original)
Translated from by Shivani Balachandar. Edited by Laurence Bouvard.
Shortly after declaring their independence and winning a war against Great Britain to establish it, the Americans created a system of government based on a delicate balance: a system of checks and balances.

At the time, they were so afraid of returning to the rule of a king or an absolute power in one way or another that they made every effort not to leave the main powers of the state to a single person. The president would have to compromise with the legislative branch — Congress — which, in turn, would have no choice but to seek compromises with the president.

This difficult balance can be considered to have worked well for over two centuries, but it risks being broken by the election of Donald Trump.

This is not about a problem of democratic nature. Americans will have exactly the government they have knowingly chosen.

However, the result of Tuesday’s vote shows that the political parties did not know how to play their roles. Democrats failed to convince an aging President Joe Biden, whose capacity to handle a second term seemed doubtful, to step down. Replacing him with Vice President Kamala Harris less than four months before the election was, from the start, an impossible mission.

Republicans were not able to convince Trump — who has been accused of no less than 88 criminal infractions, including four for his role in what was an attempted coup on Jan. 6, 2021 — that he should not present himself to voters again out of simple decency. But the party of Abraham Lincoln has become the MAGA party, the movement of Trump loyalists.

Now, what would stop Trump from using his powers to do exactly what he stated in his presidential campaign?

This includes using military force against his political opponents, appointing compliant judges — like those on the Supreme Court who have practically granted him absolute immunity while being president — and using all the country’s means at all levels to exact revenge on those he considers domestic enemies.

At first glance, then, Trump appears to have free rein with no more checks and balances to limit his actions. But the reality is a bit different. Other, less formal checks and balances exist, and the president cannot ignore them.

Starting off with public opinion. Say what you want, but Trump has always had an innate sense for gauging whether a majority of the electorate would follow him or stop him from proceeding.

For example: Trump repeatedly said that the word “tariffs” was the most beautiful in the dictionary. But the vast majority of economists believe that imposing tariffs risks explosive inflation. Do you really think a president elected largely because his opponent allowed inflation to become a national crisis would take such measures?

The same goes for mass deportations of undocumented immigrants, which was promised in 2016 but never seriously considered — because you cannot expel so many employed people without causing major economic disruptions.

It’s as if his voters know by instinct that with Trump, there is a bit of give and take. His voter base is very loyal, but they don't necessarily take everything he says literally.

That being said, Trump has made many promises. He has pledged a golden age for America. He has promised to “fix what has been broken” in the United States. A vast agenda and obligation to deliver. And let’s not forget that his inability to deliver on his promises played a big role in his defeat in 2020.

Still, the impact of Trump’s return to the White House on Jan. 20 cannot be underestimated.

With probable control of both houses of Congress, he will have full liberty to appoint conservative judges, which will be all the easier given that the expected backlash over abortion didn’t materialize at the polls.

But the big takeaway from this election is that in American politics, Ronald Reagan’s 1980 question remains the best strategy: “Are you better off than you were four years ago?”

The price of a tank of gas, a dozen eggs, or a loaf of bread ultimately matters far more to the middle class than less everyday topics like the right to an abortion.

As a result: The new president of the United States will have more power than any of his immediate predecessors. But he must also remember that he owes this power to a post-pandemic recession for which he is, whether he likes it or not, at least partially responsible.


Peu après avoir déclaré leur indépendance et gagné une guerre contre l’Angleterre pour l’établir, les Américains ont mis sur pied un système de gouvernement fondé sur un équilibre délicat. Un système de contre-pouvoirs – ou « checks and balances », dans la version originale.

À l’époque, on avait tellement peur du retour, sous une forme ou sous une autre, d’un roi ou d’une puissance absolue qu’on a tout fait pour ne pas laisser à une seule personne les principaux pouvoirs de l’État. Le président devrait faire des compromis avec le pouvoir législatif – le Congrès – qui, lui, n’aurait d’autre choix que de chercher des compromis avec le président.

On pourrait croire que ce difficile équilibre a bien fonctionné pendant plus de deux siècles, mais il risque d’avoir été rompu par l’élection de Donald Trump.

On ne parle pas ici d’un problème de nature démocratique. Les Américains auront exactement le gouvernement qu’ils ont choisi en toute connaissance de cause.

Mais le résultat du vote de mardi montre que les partis politiques n’ont pas su jouer leur rôle. Les démocrates n’ont pas su convaincre un président Joe Biden vieillissant et dont on pouvait douter des capacités à renoncer à un second mandat, qui aurait été au-dessus de ses forces. Le remplacer par la vice-présidente Kamala Harris moins de quatre mois avant l’élection relevait, dès le départ, d’une mission impossible.

Les républicains n’ont pas su convaincre Donald Trump, qui a été accusé de pas moins de 88 infractions criminelles – dont quatre pour son rôle dans ce qui fut une tentative de coup d’État ratée, le 6 janvier 2021 – que la simple décence lui demandait de ne pas se présenter à nouveau devant les électeurs. Mais le parti d’Abraham Lincoln est devenu le parti MAGA, le mouvement des partisans de Donald Trump.

Maintenant, qu’y aurait-il pour empêcher Donald Trump d’utiliser ses pouvoirs pour faire exactement ce qu’il a dit dans sa campagne électorale ?

Comme d’utiliser la force militaire contre ses opposants politiques, de nommer des juges complaisants – comme ceux de la Cour suprême qui lui ont pratiquement donné une immunité absolue tant qu’il est président – à tous les niveaux et d’utiliser tous les moyens de l’État pour se venger de ceux qu’il considère comme des « ennemis de l’intérieur » ?

À première vue, donc, Trump a les mains libres et n’a plus vraiment de contre-pouvoirs pour limiter son action. Mais la réalité est quelque peu différente. D’autres contre-pouvoirs moins formels existent, et le président ne pourra pas les ignorer.

À commencer par l’opinion publique. On dira ce que l’on voudra, mais Donald Trump a toujours eu un sens inné pour sentir si une majorité de l’électorat allait le suivre ou s’il l’empêcherait de procéder.

Un exemple : M. Trump a dit et redit que le mot « tarifs » était le plus beau du dictionnaire. Mais la grande majorité des économistes croient que l’imposition de tarifs risque vraiment de faire exploser l’inflation. Croyez-vous réellement qu’un président qui vient d’être élu en grande partie parce que son adversaire a laissé l’inflation devenir une véritable crise nationale prendra ce genre de mesures ?

Même chose pour les expulsions massives d’immigrants irréguliers, qui avaient été promises en 2016 et qu’il n’a jamais même envisagées sérieusement. Parce qu’on ne peut pas expulser autant de gens qui ont des emplois sans créer des perturbations économiques majeures.

Comme si ses électeurs savaient par instinct qu’avec Trump, on doit toujours en prendre et en laisser. Sa base électorale est très fidèle, mais elle ne prend pas nécessairement au pied de la lettre tout ce qu’il dit.

Cela dit, M. Trump a beaucoup promis. Ce sera l’âge d’or de l’Amérique. Il a promis de réparer « tout ce qui a été brisé » aux États-Unis. Vaste programme et obligation de résultat. Et n’oublions pas que c’est en grande partie son incapacité à livrer ses promesses qui a causé sa défaite en 2020.

Mais il ne faut pas pour autant minimiser l’effet qu’aura le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche le 20 janvier prochain.

Avec le contrôle probable des deux chambres du Congrès, il aura toute la latitude pour nommer des juges conservateurs, ce qui sera d’autant plus facile que le ressac attendu sur l’avortement ne s’est pas matérialisé aux urnes.

Mais la grande leçon de cette élection, c’est qu’en politique américaine, c’est encore la question de Ronald Reagan en 1980 qui est la meilleure stratégie : « Êtes-vous dans une meilleure situation qu’il y a quatre ans ? »

Le prix du plein d’essence, de la douzaine d’œufs ou du pain tranché a, finalement, beaucoup plus d’importance pour la classe moyenne que des sujets moins quotidiens comme le droit à l’avortement.

Résultat : le nouveau président des États-Unis aura plus de pouvoirs qu’aucun de ses prédécesseurs immédiats. Mais il devra aussi se souvenir qu’il doit ce pouvoir à une récession postpandémique dont il est, qu’il le veuille ou non, au moins en partie responsable.
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